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NIETZSCHE: Quand nous ne comprenons pas la langue

Publié le 27/02/2008

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nietzsche
Quand nous ne comprenons pas la langue que l'on parle autour de nous, nous entendons peu et mal. De même s'il s'agit d'une musique peu familière, de la musique chinoise par exemple. Bien entendre consiste donc à deviner sans cesse et à compléter les quelques impressions réellement perçues. Comprendre consiste à imaginer et à conclure avec une rapidité et une complaisance surprenantes. Deux mots suffisent pour que nous devinions une phrase (en lisant), une voyelle et deux consonnes pour que nous devinions le mot entendu, il y a même beaucoup de mots que nous n'entendons pas, que nous croyons entendre. Il est difficile de dire d'après le témoignage de nos yeux ce qui est véritablement arrivé, car nous n'avons cessé pendant ce temps d'imaginer et de déduire. Dans la conversation, il m'arrive de voir l'expression des interlocuteurs avec une précision dont mes yeux sont incapables ; c'est une fiction que j'ajoute à leurs paroles, une traduction des mots dans les mouvements du visage. Je suppose que nous ne voyons que ce que nous connaissons ; notre oeil s'exerce sans cesse à manier des formes innombrables ; l'image, dans sa majeure partie n'est pas une impression des sens, mais un produit de l'imagination. Les sens ne fournissent que de menus motifs que nous développons ensuite (...). Notre monde extérieur est un produit de l'imagination qui utilise pour ses constructions d'anciennes créations devenues des activités habituelles et apprises. Les couleurs, les sons sont des fantaisies qui, loin de correspondre exactement au phénomène mécanique réel, ne correspondent qu'à notre état individuel.NIETZSCHE

Ce texte de Nietzsche s'interroge sur ce qu'est en propre la perception. Que se passe-t-il lorsque l'on perçoit quelque chose? Est-ce que nous prenons note d'un objet purement extérieur dont nous nous contenterions de faire un calque dans notre esprit? Ce serait alors une perception purement objectif qui recueillerait la réalité telle qu'elle se présente en elle-même. Ou alors ce que nous voyons est autant l'objet que ce que nous projetons sur cet objet. Il y aurait une part de subjectivité dans l'activité perceptive. Nietzsche va opter pour cette conception de la perception, en faisant de l'imagination une faculté projective.

 

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