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N'y a-t-il pas quelque étroitesse d'esprit à vouloir imposer à toutes les sciences les méthodes et les hypothèses qui semblent avoir réussi dans l'une d'entre elles ?

Publié le 27/02/2008

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esprit
Dans ce domaine on est parvenu à un savoir véritable, c'est-à-dire à des connaissances certaines et même présentant la généralité qui caractérise les lois. En se fondant essentiellement sur la méthode introspective, psychologues et moralistes ont déterminé les grandes lois des principaux faits psychiques comme l'attention, la mémoire ou l'habitude. Les sociologues, partant des données de l'observation extérieure, de l'histoire et' de la statistique, qu'ils interprètent par une sorte d'expérience interne, ont établi nombre de celles qui régissent les faits sociaux, en particulier les faits économiques. L'historien, sans doute, ne peut pas se flatter d'aboutir à des lois; aussi bien n'est-ce pas son rôle qui se borne à faire connaître et à faire comprendre le passé; du moins ce rôle, quoi qu'en disent certains sceptiques, il l'a assez bien rempli : s'il est des discussions s ni1 l'interprétation vraie de certains faits historiques, leur réalité est aussi certaine que celle de certains faits physiques; ensuite, si certaines reconstructions du passé restent sujettes à caution, du moins ont-elles l'avantage de le faire comprendre. De ce dernier point de vue, les sciences morales reprennent l'avantage sur les sciences physiques. Dans le domaine matériel on ne peut que constater comment les choses se passent; il est impossible de savoir pourquoi elles se passent ainsi, pourquoi, par exemple, des charges électriques de sens contraire s'attirent. C'est le privilège des sciences morales de pouvoir faire comprendre les faits qu'elles étudient et elles les font comprendre grâce à la méthode qui leur est propre, la méthode introspective. On ne peut qu'approuver les psychologues, et tous ceux qui ont à étudier des faits psychiques lui restent fidèles. Ajoutons enfin que, malgré la complexité de leur objet et les exceptions auxquelles sont exposées leurs lois, ou plutôt à causé de cette complexité et de ces exceptions, les sciences morales assurent une formation d'esprit irremplaçable, développent le sens des nuances, la finesse de diagnostic. Si les autres sciences procurent le savoir, il leur est réservé de transmettre la culture.
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« qu'en disent certains sceptiques, il l'a assez bien rempli : s'il est des discussions s ni1 l'interprétation vraie decertains faits historiques, leur réalité est aussi certaine que celle de certains faits physiques; ensuite, si certainesreconstructions du passé restent sujettes à caution, du moins ont-elles l'avantage de le faire comprendre.De ce dernier point de vue, les sciences morales reprennent l'avantage sur les sciences physiques.

Dans le domainematériel on ne peut que constater comment les choses se passent; il est impossible de savoir pourquoi elles sepassent ainsi, pourquoi, par exemple, des charges électriques de sens contraire s'attirent.

C'est le privilège dessciences morales de pouvoir faire comprendre les faits qu'elles étudient et elles les font comprendre grâce à laméthode qui leur est propre, la méthode introspective.

On ne peut qu'approuver les psychologues, et tous ceux quiont à étudier des faits psychiques lui restent fidèles.Ajoutons enfin que, malgré la complexité de leur objet et les exceptions auxquelles sont exposées leurs lois, ouplutôt à causé de cette complexité et de ces exceptions, les sciences morales assurent une formation d'espritirremplaçable, développent le sens des nuances, la finesse de diagnostic.Si les autres sciences procurent le savoir, il leur est réservé de transmettre la culture.Nous pouvons donc conclure que seul un esprit étroit peut ne.

voir qu'échec dans les résultats des rechercheseffectuées par les sciences morales d'après leurs méthodes et leurs hypothèses propres. b) D'autre part, il suffit de réfléchir sur les récents progrès de la science physique elle-même pour se rendre comptequ'elle a dû renoncer à son programme de précision rigoureuse et au dogme du déterminisme absolu : la méthode etl'hypothèse qu'on voudrait imposer aux sciences morales semblent avoir réussi plus qu'elles n'ont effectivementréussi dans le domaine des sciences physiques elles-mêmes.Ainsi, la théorie de la relativité a apporté d'importantes restrictions à la valeur absolue des lois physiques.

Laphysique quantique a fait introduire dans l'étude de la matière la méthode statistique qui, naguère, ne semblait utile,en attendant la mise au point de procédés plus rigoureux empruntés au physicien, que dans l'étude des faitshumains.Bien plus, la relation d'incertitude formulée par HEISENBERG a induit des physiciens de première valeur à unehypothèse contraire à celle qui avait été mise hors de discussion par leurs devanciers : à l'échelle atomiquerégnerait un certain indéterminisme.Ce n'est donc pas après l'expérience des deux derniers lustres que les physiciens peuvent raisonnablementprétendre imposer aux psychologues leur méthode et leurs principes. B.

D'ailleurs, la méthode et les principes de la physique n'auraient-ils enregistré que des succès, il ne s'ensuit pasqu'ils réussiraient infailliblement dans le domaine des sciences morales.L'affirmation est facile à justifier a priori.

La méthode doit être adaptée à son objet.

Par suite, celle qui réussit dansl'explication des faits matériels peut échouer si on l'applique aux faits de la vie psychique.

La prétention d'unifier laméthode d'étude du réel suppose que le réel est identique, et ce présupposé dogmatique dénote une inconscienteétroitesse de vue.A posteriori, on ne voit pas que les laboratoires de psychologie dans lesquels, en se cantonnant dans les recherchesde psychophysiologie, on suit d'aussi près que possible les procédés des physiciens, aient fait sensiblementprogresser la psychologie véritable : sans doute, les psycho-physiciens ont accumulé des mesures d'excitants etprécisé le seuil des diverses sensations; les psycho-physiologistes ont déterminé les conditions organiques desopérations mentales.

Mais pour étudier ces opérations elles-mêmes, les analyser et les comprendre, ce qui est lepropre des sciences morales, il a fallu, jusque dans les laboratoires de psychologie, recourir à des procédéscomplètement étrangers au physicien, à l'introspection, à l'expérience introspective. CONCLUSION.

— La psychologie et les disciplines qui dépendent d'elle doivent aux physiciens un schéma de la méthode expérimentale dont il était difficile de se faire une idée aussi nette dans le domaine de la vie intérieure oùle sujet ne se distingue pas de l'objet.

Mais la similitude du schéma n'empêche pas la différence fondamentale desopérations schématisées.

La méthode des, sciences morales conserve sa spécificité et on ne peut pas lui substituercelle qui semble avoir réussi dans un autre domaine.. »

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