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PASCAL (Pensées, éd. Brunschwicg, n° 321) - TEXTE COMMENTÉ

Publié le 04/05/2011

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pascal

D'où vient que cet homme, qui a perdu depuis peu de mois son fils unique et qui accablé de procès et de querelles était ce matin si troublé, n'y pense plus maintenant? Ne vous en étonnez pas, il est tout occupé à voir par où passera ce sanglier que les chiens poursuivent avec tant d'ardeur depuis six heures. Il n'en faut pas davantage. L'homme, quelque plein de tristesse qu'il soit, si on peut gagner sur lui de le faire entrer en quelque divertissement, le voilà heureux pendant ce temps-là. Et l'homme, quelque heureux qu'il soit, s'il n'et diverti et occupé par quelque passion ou quelque amusement qui empêche l'ennui de se répandre, sera bientôt chagrin et malheureux. Sans divertissement il n'y a point de joie. Avec le divertissement il n'y a point de tristesse. Et c'est aussi ce qui forme le bonheur des personnes de grande condition qu'ils ont un nombre de personnes qui les divertissent, et qu'ils ont le pouvoir de se maintenir dans cet état. (Pensées, éd. Brunschwicg, n° 321)

Né à Clermont-Ferrand le 19 juin 1623, Blaise Pascal annonça dès son enfance un effrayant génie pour les mathématiques. Devenu janséniste, il abandonna les sciences, pour se consacrer entièrement à la défense du christianisme. Contre les persécuteurs de Port-Royal, et contre les casuistes, il écrivit les Provinciales (1656-57); puis il prépara une Apologie de la religion chrétienne, que la maladie interrompit sans cesse et que la mort (19 août 1662) l'empêcha d'achever : des fragments de ce grand ouvrage furent publiés par Port-Royal en 1670, sous le titre de Pensées.

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