Devoir de Philosophie

Pensez par vous-mêmes ?

Publié le 11/03/2004

Extrait du document

INTRODUCTIONDescartes remarque, dans la deuxième partie du Discours de la Méthode, que la plupart de nos erreurs consistent en des jugements que nous n'avons pas formés nous-mêmes, mais que nous avons reçus de nos précepteurs : « il est presque impossible, dit-il, que nos jugements soient si purs ni si solides qu'ils auraient été, si nous avions eu l'usage entier de notre raison dès le point de notre naissance, et que nous n'eussions jamais été conduits que par elle ». Aussi conseille-t-on souvent aux hommes de se délivrer de tous préjugés et de penser par eux-mêmes. Mais ce conseil peut-il être suivi facilement et sans inconvénients ? C'est ce que nous allons d'abord nous demander afin de mieux comprendre sa signification et sa valeur.I. EN QUEL SENS IL EST DIFFICILE ET DANGEREUX DE PENSER PAR SOI-MÊME - A - Difficultés. En fait, il est plus facile de modeler sa pensée sur celle des autres. La réflexion personnelle exige un effort et par nature nous répugnons à l'effort ; d'ailleurs on ne peut se faire une opinion à soi sur chaque sujet ; force nous est bien dans la plupart des cas de nous contenter des opinions d'autrui. Il faut noter enfin que la prétention de penser par soi-même est ordinairement considérée comme une sorte d'impolitesse : la société se méfie de ceux qui refusent de penser comme les autres (Cf. la condamnation de Socrate).

« II.

EN QUEL SENS ON PEUT ET ON DOIT PENSER PAR SOI-MÊME — A — Action et pensée.

Bien comprendre la position de Descartes: les nécessités de l'action sont impérieuses et ilfaut souvent prendre partie sans raison suffisante : « Les actions de la vie ne souffrant souvent aucun délai, c'estune vérité très certaine que, lorsqu'il n'est pas en notre pouvoir de discerner les plus vraies opinions, nous devonssuivre les plus probables ».

L'idéal reste pourtant d'agir selon les vérités que nous découvrons par un usageconvenable de notre raison et en commençant par nous défaire de tous préjugés.

Même s'il devait toujours resterquelque chose d'irrationnel dans l'action, nous n'en devrions pas moins nous efforcer de penser par nous-mêmes :l'ordre spéculatif doit être soigneusement distingué de l'ordre pratique, le jugement de l'action (Cf.

Pascal: « j'auraiaussi mes idées de derrière la tête »).

L'essentiel est de garder son jugement libre, en se méfiant des passionsqu'entraîne toute action, surtout collective. — B — Penser et repenser.

Cette liberté de jugement ne peut d'ailleurs s'acquérir qu'à l'école des Maîtres.

Il fautcommencer par penser par autrui si l'on veut parvenir à penser par soi-même ; mais il convient de ne jamais oublierque, comme le disait Kant: « les élèves doivent aller à l'école, non pour y apprendre des pensées, mais pour y apprendre à penser et à se conduire ».

Or il est remarquable que c'est ens'efforçant de penser par lui-même (comme ont fait tous les grands penseurs)que l'individu rejoint le mieux l'humanité.

S'il est vrai que tout point de vue estfaux, il est vrai aussi que, selon une idée de Hegel, tout système est vrai enun certain sens, qu'il s'agit précisément de découvrir.

En lisant les bonsauteurs, on découvre ce qu'un écrivain contemporain a appelé « lacommunauté des grands esprits », c'est-à-dire qu'on s'aperçoit que la véritéest universelle et que chacun peut y parvenir par ses propres moyens. — C —, La pensée libre.

Mieux, chacun doit y parvenir par ses propresmoyens.

« Pensez par vous-mêmes n'est pas seulement un conseil théorique.C'est une obligation morale.

Nous avons le devoir de nous servir de notreraison et de résister à la paresse naturelle qui nous pousse à laisser les autrespenser à notre place.

Sans doute il est difficile de penser par soi-même, maisc'est à cette condition seulement que l'on est homme ».

« Toute notredignité, disait Pascal, consiste en la pensée [...].

Travaillons donc à bienpenser : voilà le principe de la morale ».

Et bien penser, penser vraiment,c'est se fier à la raison, juger selon sa conscience et non selon la coutume ouselon l'humeur.

L'homme libre ne doit pas s'abandonner l'automatisme ni selaisser guider par les caprices de son imagination ; il ne doit pas non pluscéder aux pressions de l'opinion, du milieu, mais se soucier seulement deformer des pensées justes : « l'individu qui pense contre la société qui dort, voilà l'histoire éternelle, et le printemps a toujours le même hiver à vaincre » (Alain). CONCLUSION Ainsi, quelles que soient les difficultés, nous devons nous efforcer de penser par nous-mêmes, c'est-à-dire den'écouter en nous, comme disait Socrate, que la voix de la raison.

Cette attitude n'est pas inconciliable avec lesnécessités de l'action, mais conduit plutôt à une action sans fanatisme ; elle n'aboutit pas non plus à isoler l'individudans une stérile originalité : au contraire elle seule permet de former des pensées vraiment humaines en formant despensées justes.

« La plus haute valeur humaine, dit Alain, c'est l'esprit libre ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles