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Peut-on concevoir une science objective du vivant ?

Publié le 20/07/2005

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On peut seulement dire que, bien que les bêtes ne fassent aucune action qui nous assure qu'elles pensent, toutefois, à cause que les organes de leurs corps ne sont pas fort différents des nôtres, on peut conjecturer qu'il y a quelque pensée jointe à ces organes, ainsi que nous expérimentons en nous, bien que la leur soit beaucoup moins parfaite. quoi je n'ai rien à répondre, sinon que, si elles pensaient ainsi que nous, elles auraient une âme immortelle aussi bien que nous ; ce qui n'est pas vraisemblable, à cause qu'il n'y a point de raison pour le croire de quelques animaux, sans le croire de tous, et qu'il y en a plusieurs trop imparfaits pour pouvoir croire cela d'eux, comme sont les huîtres, les éponges, etc.»    2. La définition de la vie et son rapport intrinsèque à la création Texte : Claude BERNARD, Introduction à l'étude de la Médecine expérimentale.   "S'il fallait définir la vie d'un seul mot, qui, en exprimant bien ma pensée, mît en relief le seul caractère qui, suivant moi, distingue nettement la science biologique, je dirais : la vie, c'est la création. En effet, l'organisme créé est une machine qui fonctionne nécessairement en vertu des propriétés physico-chimiques de ses éléments constituants. Nous distinguons aujourd'hui trois ordres de propriétés manifestées dans les phénomènes des êtres vivants: propriétés physiques, propriétés chimiques et propriétés vitales. Cette dernière dénomination de propriété vitale n'est, ellemême, que provisoire; car nous appelons vitales les propriétés organiques que nous n'avons encore pu réduire à des considérations physico-chimiques; mais il n'est pas douteux qu'on y arrivera un jour. De sorte que ce qui caractérise la machine vivante, ce n'est pas la nature de ses propriétés physico-chimiques, si complexes qu'elles soient, mais bien la création d'une machine qui se développe sous nos yeux dans les conditions qui lui sont propres et d'après une idée définie qui exprime la nature de l'être vivant et l'essence même de la vie."    3.

Lorsque nous parlons de science du vivant, nous pensons communément aux sciences de la vie et de la terre, à la biologie, à la médecine aussi qui ont pour "objet" d'étude le vivant. Le vivant  peut être défini comme ce qui a son propre principe de vie en lui-même, le vivant s'oppose à l'inerte et au mécanique. Un science du vivant serait alors une science qui correspondrait  aux critères de la science, et à l'un des critères essentiels qui serait l'objectivité. Aussi sommes nous en droit de nous demander si une science du vivant peut être objective? Ce qui reviendrairt aussi à se demander si l'on peut faire du vivant un objet de science comme un autre reconduisant le vivant à un objet figé. Quelle est la particularité du vivant qui le place au-dessus des autres objets de la science?

« Nous distinguons aujourd'hui trois ordres de propriétés manifestées dans les phénomènes des êtres vivants:propriétés physiques, propriétés chimiques et propriétés vitales.

Cette dernière dénomination de propriété vitalen'est, ellemême, que provisoire; car nous appelons vitales les propriétés organiques que nous n'avons encore puréduire à des considérations physico-chimiques; mais il n'est pas douteux qu'on y arrivera un jour.

De sorte que cequi caractérise la machine vivante, ce n'est pas la nature de ses propriétés physico-chimiques, si complexes qu'ellessoient, mais bien la création d'une machine qui se développe sous nos yeux dans les conditions qui lui sont propreset d'après une idée définie qui exprime la nature de l'être vivant et l'essence même de la vie." 3.

TRANSITION Une science du vivant serait un ensemble de savoirs constitués fondés sur la théorie, l'expérimentation, l'objectivité.Or tout peut-il être soumis à l'expérimentation? Le vivant est-il un objet de science comme un autre? Qu'est-ce qui fait la spécificité du vivant? III.

le vivant et la bioéthique 1.

De la distinction entre comprendre et expliquer Texte : Dilthey Idées descriptives Chap 1 Expliquer et comprendre « Les sciences de l'esprit (Geisteswissenschaften) ont le droit de déterminer elles-mêmes leur méthode en fonctionde leur objet.

Les sciences doivent partir des concepts les plus universels de la méthodologie, essayer de lesappliquer à leurs objets particuliers et arriver ainsi à se constituer dans leur domaine propre des méthodes et desprincipes plus précis, tout comme ce fut le cas pour les sciences de la nature.

Ce n'est pas en transportant dansnotre domaine les méthodes trouvées par les grands savants que nous nous montrons leurs vrais disciples, mais enadaptant notre recherche à la nature de ses objets et en nous comportant ainsi envers notre science comme euxenvers la leur.(...) Les sciences de l'esprit se distinguent tout d'abord des sciences de la nature en ce que celles-ciont pour objet des faits qui se présentent à la conscience comme des phénomènes donnés isolément de l'extérieur,tandis qu'ils se présentent à nous-mêmes de l'intérieur comme une réalité et un ensemble vivant originairement.

Il enrésulte qu'il n'existe d'ensemble cohérent de la nature dans les sciences physiques et naturelles que grâce à desraisonnements qui complètent les données de l'expérience au moyen d'une combinaison d'hypothèses ; dans lessciences de l'esprit, par contre, l'ensemble de la vie psychique constitue partout une donnée primitive etfondamentale.

Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique.

Car les opérations d'acquisition, lesdifférentes façons dont les fonctions, ces éléments particuliers de la vie mentale, se combinent en un tout, noussont données aussi par l'expérience interne.

L'ensemble vécu est ici la chose primitive, la distinction des parties quile composent ne vient qu'en second lieu.

Il s'ensuit que les méthodes au moyen desquelles nous étudions la viementale, l'histoire et la société sont très différentes de celles qui ont conduit à la connaissance de la nature.

» 2.

La double spécificité des systèmes vivants Le vivant n'est pas considéré comme un ensemble mécanique soumis à une force vitale ou encore moinscomme un système obéissant à une logique propre. Texte : François Jacob, La logique du Vivant (1970) Gallimard "On interroge plus la vie aujourd'hui dans les laboratoires.

On ne cherche plus à en cerner les contours.

On s'efforceseulement d'analyser des systèmes vivants, leur structure, leur fonction, leur histoire.

Mais en même temps,reconnaître la finalité des systèmes vivants, c'est dire qu'on ne peut plus faire de biologie sans se référerconstamment au "projet" des organismes, au "sens" que donne leur existence même à leurs structures et leursfonctions.

On voit combien cette attitude diffère du réductionnisme qui a longtemps prévalu." CONCLUSION Concevoir une science objective du vivant signifie reconduire le vivant et la vie elle même à un simple objet,à une chose sans vie, ce qui constitue tout les paradoxes d'une science du vivant, voire son impossibilité. La vie contient en elle une dimension irréductible à l'objectivité scientifique parce que le vivant peut noussurprendre, nous étonner et ne pas s'enfermer dans des lois descriptives, informatives, cognitives. Aussi est-il plus que nécessaire de poser et d'appliquer une éthique du vivant qui pose comme loi première deslimités sur l'expérimentation du vivant : la bioéthique instaure le respect moral dans le règne du vivant.. »

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