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Peut-on connaître l'inconscient ?

Publié le 07/04/2005

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Ces faits psychiques refoulés sont en effet soumis à une censure qui évacue hors de la conscience (qui « refoule «) les désirs jugés incompatibles avec les exigences morales du sujet. « L'inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité. « Freud, L'Interprétation des rêves, 1899. « Longtemps on a considéré la pensée consciente comme la pensée par excellence : maintenant seulement nous commençons à entrevoir la vérité, c'est-à-dire que la plus grande partie de notre activité intellectuelle s'effectue d'une façon inconsciente. « Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883. « Il faut éviter [...] de croire que l'inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je; cette remarque est d'ordre moral. « Alain, Éléments de philosophie, 1941. « L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps.
Tout le monde a effectué des actes sans en avoir conscience. Ces actes sont effectués sous l’effet de l’inconscient. Est-on capable d’avoir une notion plus ou moins précise de l’inconscient qui nous fait produire ces actes sans que nous n’en n’ayons conscience? Est-il possible de percevoir la nature, la constitution et les manifestations de l’inconscient de manière précise ? Après avoir vu la structure de l’inconscient nous verrons comment ces mystères sont le propre de l’inconscient. 

« L'inconscient est le siège des pulsions affectives qui sont refoulées par la censure morale qui, elle, est régie par leprincipe de réalité ou principe de convenance. Freud cite l'exemple d'un jeune homme qui ouvre une séance à la chambre desdéputés et commence en déclarant la séance close.

Il y a là substitution d'unmot qui répond au principe de plaisir/déplaisir (désir de clore cette séancevécue comme angoissante) à un mot qui répond au principe de réalité(nécessité d'ouvrir cette séance).C'est sur la base de cette expression que la psychanalyse va élaborer saméthode d'investigation de l'inconscient.De l'hypnose à la libre association des idées, le psychanalyste met en placeune méthode qui abolit la censure de la conscience en provoquant unesituation telle que les forces refoulées puissent s'exprimer librement et êtreinterprétées.Freud considère les rêves comme la « voie royale » pour accéder aumécanisme de l'inconscient car ils sont constitués comme un langage, unsystème de signes signifiants dont le sens symbolique doit être analysé etinterprété.Cette méthode analytique permet alors de connaître la vie affective complexede l'individu, faite de désirs et d'angoisses.

En faisant de l'inconscient le lieudes vérités affectives, la psychanalyse montre que la vérité n'est pas leprivilège de la conscience et que les vérités de l'inconscient peuvent êtreaccessibles au psychanalyste.La psychanalyse nous livre donc un savoir de l'affectivité fondé sur le langagede l'inconscient.

Or, tout langage est objet d'interprétation et toute interprétation subjective.

Quelle est donc la valeur théorique de cette connaissance ? Analysons un exemple de comportement obsessionnel : une jeune fille doit enlever toutes les pendules de sachambre avant de se coucher, parce que le tic-tac représente les battements de son artère clitoridienne pendantl'excitation sexuelle (Introduction à la psychanalyse).Cette affirmation ne relève pas d'une connaissance logique et démonstrative, mais d'une pensée symbolique etanalogique, qui établit non pas un rapport explicatif de cause à effet, mais un lien de correspondance entre un acteconscient et un mobile inconscient.

Les phénomènes inconscients se présentent comme des signes que lepsychanalyste interprète et non comme des effets que l'on explique.

Pour Alain, le concept d'inconscient est uneinvention injustifiée, résultant d'une interprétation et d'une symbolisation excessives des comportements.

Cettethéorie est diabolique car elle fait de l'inconscient « un autre moi qui me connaît et que je connais mal » (Élémentsde philosophie).

L'inconscient n'est qu'une invention qui permet de rapporter des comportements irrationnels.

Maiscette possibilité de sens n'est pas encore une possibilité de connaissance.

Que manque-t-il au sens pour qu'ildevienne connaissance ?L'interprétation psychanalytique est irréfutable.

Or, selon Popper, le critère de réfutabilité constitue la scientificitéd'une théorie.

Une théorie n'est scientifique que si elle peut énoncer les conditions qui la réfuteraient ; si unethéorie peut un jour être fausse, alors elle peut être aujourd'hui retenue comme valide (Conjectures et réfutations).Le sens que l'inconscient apporte clans l'étude des faits psychiques prétend pouvoir tout expliquer, y compris lesconduites de résistance du sujet qui auraient pu le démentir.

Ce sens généralisé et absolu ne peut être que suspectcar le sens d'une connaissance scientifique est toujours relatif, variable, et provisoire.

La théorie de l'inconscient nerelève donc pas d'une connaissance scientifique mais d'une pensée herméneutique. L'inconscient n'est pas un objet de connaissance, mais une idée de la pensée qui tente de donner un sens auxphénomènes encore inexpliqués par la connaissance scientifique.

Néanmoins, l'idée d'inconscient répond auxexigences de la conscience, exigences de sens et de cohérence, puisqu'elle a permis de reconnaître le rêve et lamaladie mentale comme objets dignes d'étude que la science neurologique s'attache aujourd'hui à connaître et àmaîtriser. SUPPLEMENT: « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté parl'expérience.

» POPPER L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succès scientifique ouvreplus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le. »

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