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Peut-on considérer que l'histoire est rationnelle ?

Publié le 11/12/2005

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histoire
Cependant, celle-ci peut définir la dialectique de Hegel ; la vérité n'est pas seulement un moment, quelque chose d'immédiat, le but d'une recherche. La vérité est à la fois le but et le chemin qui y conduit, et isoler le résultat, c'est se priver de la «plénitude du détail », de l'intelligibilité du processus dans lequel cette vérité se délivre.Hegel commence abruptement sa préface par la dénonciation de la façon dont on comprend habituellement le rapport des doctrines philosophiques. On cherche seulement en quoi l'une s'oppose à l'autre, et l'on croit que si l'une est vraie l'autre est fausse. C'est contre cette conception du vrai et du faux, comme s'excluant réciproquement, de façon statique, que s'élève toute l'oeuvre de Hegel, attitude que résume notre formule « Le vrai est le tout. »La façon traditionnelle de comprendre l'histoire de la philosophie « ne conçoit pas la diversité des systèmes comme le développement progressif de la vérité: elle voit plutôt seulement la contradiction dans cette diversité. » Or, remarque Hegel, on pourrait tout aussi bien dire, avec la même conception que la fleur réfute le bouton, et le fruit la fleur.En effet, la fleur chasse le bouton et en manifeste la fausseté : « Ces formes ne sont pas seulement distinctes, mais encore chacune refoule l'autre, parce qu'elles sont mutuellement incompatibles. »Il est clair qu'un tel point de vue est erroné, en ce qu'il isole de façon brutale et absurde chaque moment (bouton, fleur, fruit), alors que l'un amène l'autre, que leur enchaînement est nécessaire, et que chaque étape ne se comprend que comme maillon d'un processus unitaire. « Cette égale nécessité constitue seule la vie du tout.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir.

Le terme « raison « provient du latin ratio, « calcul «, « faculté de calculer «, ce qui fait d’elle un mode de penser propre à l’homme. La raison s’oppose à l’intuition, en ceci qu’elle est la faculté de combiner des jugements, de déduire des conséquences. Mais elle s’oppose également à la passion ou à la folie, puisqu’elle permet de bien juger et de distinguer efficacement le bien du mal, le vrai du faux. Enfin, par raison, nous pouvons entendre une faculté qui s’oppose par définition à la foi, dans la mesure où elle incarne ce bon sens naturellement présent dans tout homme alors que la foi est une espèce de « lumière naturelle « distincte du bon sens. Ainsi, dire de quelque chose qu’elle est rationnelle signifie qu’elle est conforme à la raison.

Le verbe « considérer « désigne l’activité du jugement sur une chose, c'est-à-dire l’opinion formulée par quelqu’un sur quelque chose. Ainsi, en disant « Je considère que Jean a bien raison «, j’émets un jugement sur la conduite de Jean, je statue sur celui-ci en faisant part, en l’occurrence, de mon adhésion vis-à-vis de son comportement.  

En posant la question « Peut-on considérer que l’histoire est rationnelle ? « nous cherchons en vérité à savoir si l’histoire obéit aux règles de la raison, si son cours n’est pas insensé, mais au contraire ordonné, orienté, vers des fins précises et identifiables. Or, une telle thèse parait se heurter immédiatement à notre rapport instinctif à l’histoire, qui n’est pas pour nous rationnelle, mais plutôt insensée, obéissant à un développement hasardeux et chaotique.

Nous nous demanderons donc si l’histoire obéit à des règles rationnelles ou si, au contraire, l’histoire est entièrement chaotique et soumise à la contingence.

 

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« Cependant, nous pouvons peut-être reconnaître dans l'Histoire une rationalité, dans la mesure où l'Histoire peutégalement être conçue comme un développement linéaire, organisé, qui ne se produit pas au hasard et selon lacontingence des circonstances, mais, au contraire, qui obéit à un plan que l'entreprise philosophique a pour tâchede comprendre, de saisir, d'identifier.

Telle est la thèse fameuse défendue par Hegel dans « La raison dansl'Histoire » (1822) : « Dieu gouverne le monde, le contenu de son gouvernement, l'accomplissement de son plan, est l'histoireuniverselle.

Saisir ce plan, voilà la tâche de la philosophie de l'histoire, et celle-ci présuppose que l'Idéal se réalise,que seul ce qui est conforme à l'idée est réel.

A la pure lumière de cette Idée divine, laquelle n'est pas un simpleidéal, s'évanouit l'apparence que le monde est un devenir insensé.

La philosophie veut connaître le contenu, laréalité de l'idée divine, et justifier la réalité méprisée ». De ceci, nous pouvons conclure que, comme le dit Hegel, « L'Histoire universelle est le progrès dans la consciencede la liberté ».

Il suffit pour l'établir de repérer les principales étapes du processus de reconnaissance de la liberté :démocratie grecque, Réforme, Révolution… b.

… mais la rationalité historique n'est pas une progression linéaire Cependant, Hegel montre bien que la rationalité historique n'implique pas la linéarité de son développement.

En effet,le devenir historique ne se fait que par l'effort des hommes, au hasard des conditions matérielles, plus ou moinsfavorables.

S'il y a bien une nécessité historique du développement de la liberté, ce progrès n'est pas comme uneévolution naturelle assurée et irrésistible.

Il peut fort bien stagner, même régresser, selon le degré de conscienceque les hommes acquièrent et conservent de leur liberté.

D'autre part, le développement historique dépend aussi dudiscernement des hommes qui le font, ainsi que de leur détermination à agir.

On dira donc que s'il existe bien unerationalité historique, celle-ci dépend des hommes de sorte que cette rationalité ne se confond pas avec uneprogression linéaire et continue. III. L'Histoire n'est rationnelle que dans le discours a posteriori chargé de la reconstituer a.

L'Histoire, écrite par l'action des hommes Cependant, contre ce que nous venons de dire, nous finirons en montrant que l'histoire n'est pas rationnelle, quenous ne pouvons le considérer à juste titre.

Tout d'abord, considérons ce que signifie l'histoire, comment elle estfaite.

Dans « Condition de l'homme moderne », Hannah Arendt distingue entre le travail, l'œuvre et l'action.

HannahArendt montre bien dans « Condition de l'homme moderne » que l'on ne fait pas l'histoire comme l'on fait un objet :dans son chapitre « Action » elle montre que l'histoire est le résultat d'une interaction incontrôlable, imprévisible,entre les hommes.

Un homme seul ne peut faire l'histoire car son influence est doublement partielle : ce n'est jamaislui seul qui la change, il lui faut nécessairement le concours ou a minima l'aveu de ses contemporains (Napoléon n'apas envahi la Russie tout seul !) ; et ce n'est jamais l'histoire elle-même qu'il change, mais une partie limitée decelle-ci.

En tant que continuité temporelle totale, l'homme ne change pas l'histoire : il change le présent et en partiel'avenir, jamais le passé et tout l'avenir. b.

La rationalité historique n'est qu'une illusion rétrospective A la lumière de cette théorie, nous dirons donc que l'histoire n'est pas rationnelle.

En effet, si l'histoire dépend touteentière de l'action humaine, et si cette action modifie sciemment le présent, avec des conséquences imprévisiblescausalement concaténées jusque dans l'avenir, alors l'Histoire dépend d'un agir humain qui ne veut pas réaliserrationnellement quelque chose, mais qui entraîne involontairement toute une série de conséquences multiples.

Nousdirons donc qu'il y a une analogie entre le devenir d'un individu et le devenir de l'histoire.

De même que notre vie estpour une part immense déterminée par des causes qui nous dépassent infiniment, le devenir historique est impulsépar des causes qui ne désirent nullement l'avènement de telle ou telle fin particulière, mais qui produisent des effetsen chaîne.

Dans la vie individuelle, nous construisons a posteriori une continuité rassurante qui nous conduit de ceque nous étions à ce que nous sommes devenus, mais nous ne le pouvons que parce que nous connaissons le termede cette progression (à savoir : ce que nous sommes devenus à présent).

Il en va de même pour le devenirhistorique : c'est parce que l'historien connaît les conséquences d'un évènement qu'il peut reconstituer la chaînecausal qui mène jusqu'à lui.

Par exemple, nous pouvons aujourd'hui dire de la guerre de 40 qu'elle a pourconséquence, entre autres, le traité de Versailles et l'humiliation du peuple allemand.

Ainsi, nous construisons une. »

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