Peut-on dire d'un désir qu'il est anormal ?
Publié le 19/01/2013
Extrait du document
«
devraient ou ne devraient pas être un objet d'amour pour d'autres hommes.
C'est parce qu'un
homme en désire de fait un autre qu'il juge bon cet amour qu'il a pour lui, et par suite qu'il se
juge autorisé ( de droit ) à l'aimer.
Le désir est donc ici toujours à lui-même son propre critère
de validation, et par conséquent ne peut jamais être jugé anormal par ou en lui-même.
[Question] L'évidence qu'il existe des désirs anormaux se heurtent donc à la difficulté de
trouver un critère objectif ou légitime de la normalité et nous conduit donc à poser la
question : est-il légitime de dire qu'un désir est anormal ? [I] N'est-ce pas toujours par rapport
à ses conséquences, à des conventions ou à des croyances extérieures au désir lui-même que
nous le jugeons anormal ? [II] Un désir peut-il être anormal en lui-même ? [III] Peut-on
mettre en évidence l'existence d'invariants anthropologiques qui offriraient une base objective
à l'évaluation de nos désirs ?
I L'acceptation des désirs.
1.
L'anormalité selon la loi : illégal.
Il semble tout d'abord étrange de classer les désirs selon leur conformité ou non à une
norme afin d'autoriser les premiers et de condamner les autres.
Un désir en lui-même n'est en
effet ni bon ni mauvais, mais seulement l'entreprise de le satisfaire.
Aucun désir, par exemple,
n'est condamné par la loi.
Le droit est une norme conventionnelle destinée à régler les
relations entre les individus appartenant à une même communauté politique.
Il fixe les limites
du comportement humain, pas celles de notre vie intérieure.
La pédophilie, par exemple, est
condamnée non pas en tant que désir, mais en tant qu'atteinte à l'intégrité physique et morale
du mineur : « Le fait, par un majeur, d'exercer sans violence, contrainte, menace ni surprise
une atteinte sexuelle sur la personne d'un mineur de quinze ans est puni de cinq ans
d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende.
» 2
Chacun est autorisé à nourrir dans son for
intérieur tous les désirs dont son imagination est capable, la contrainte et la sanction de la loi
n'intervenant qu'au moment où il passe à l'acte pour satisfaire ceux d'entre eux qui portent
atteinte à la liberté d'autrui.
C'est sur cette limite entre le désir, intérieur, et la satisfaction,
extérieure que joue Gainsbourg en 1984 lorsqu'il présente sa chanson Lemon incest 3
: il y
revendique la possibilité d'exprimer avec simplicité le désir qu'il a pour sa fille Charlotte, et
que tout parent peut avoir pour son enfant, mais sans perversion, puisqu'il ne s'agit à aucun
moment de réclamer le droit de le satisfaire.
L'anormalité, ici, serait donc que la loi surveille
non seulement nos actes, mais encore nos pensées, comme dans le roman 1984 de Georges
2 Code pénal , Article 227-25, modifié par Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000 - art.
3 (V) JORF 22
septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002
3 Cf.
Annexe.
2.
»
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