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Peut-on dire que la connaissances scientifique consiste à substituer à la sensibilité de l'homme celle d'un instrument de mesure ?

Publié le 27/03/2009

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Peut-on dire que la connaissances scientifique consiste à substituer à la sensibilité de l'homme celle d'un instrument de mesure ?

      La sensibilité peut s’entendre en trois sens qui seront tout aussi déterminant pour la lecture et le traitement du sujet. En effet, la sensibilité est tout d’abord ce qui est de l’ordre de l’affection, c’est-à-dire pour nous de la sensation, autrement dit de l’expérience. La sensibilité est la réceptivité d’un élément donné extérieur. Dans son second sens, cette affectivité peut se comprendre comme réceptivité au monde, ou expression de l’humanité ou de l’esprit d’une personne. Enfin, la sensibilité se comprend aussi dans le domaine de quantitatif, c’est-à-dire du mesurable. La sensibilité est alors un degré de précision dans une mesure. Or si le sujet semble devoir nous conduire à nous focaliser sur ce dernier sens, il n’en n’est rien. Ces trois sens sont contiguës. Dès lors c’est par comparaison ou rivalité qu’il pourrait y avoir un besoin de substituer la sensibilité humaine à la précision sans cesse croissante d’un instrument de mesure. Mais c’est alors que les différents sens entrent en scène.

            En effet, si la sensibilité humaine est moindre en précision, en fiabilité et en objectivité que celle d’un instrument de mesure (1ère partie), il n’en reste pas moins que la connaissance scientifique ne peut faire abstraction de toute sensibilité humaine (2nd partie) ; bien plus, sans elle, en tant qu’elle est créatrice, il n’y aurait aucune innovation possible (3ème partie).

I – Nécessité des instruments

 

II – L’impossible réduction

 

III – La sensibilité comme moteur

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« connaissance scientifique à l'usage d'un instrument de mesure ? II – L'impossible réduction a) En effet c'est bien cette dualité nécessaire entre la théorie, la mesure et l'expérience donc comme usage de lasensibilité que met en exergue Bachelard dans Le nouvel esprit scientifique ; c'est-à-dire ce rapport entre théorie et expérience.

La science exige une rupture d'avec l'expérience première, notre sensbilité.

L'objet ne saurait êtredésigné comme « objectif » immédiat ; autrement dit, une marche vers l'objet n'est pas initialement objective.

Ilfaut donc accepter une véritable rupture entre la connaissance que procure l'expérience et la connaissancescientifique : « Quel que soit le point de départ de l'activité scientifique, cette activité ne peut pleinementconvaincre qu'en quittant le domaine de base : si elle expérimente, il faut raisonner ; si elle raisonne, il fautexpérimenter.

Toute application est transcendance.

Dans la plus simple des démarches scientifiques, nousmontrerons qu'on peut saisir une dualité.

»b) Or s'il existe cette dualité c'est parce que comme le réaffirme Duhem dans La théorie scientifique, son objet et sa structure, I, §1 : « L'accord avec l'expérience est, pour une théorie physique, l'unique critérium de vérité.

» Cela signifie que l'expérience ne fournit pas en elle-même la connaissance, mais qu'elle est la condition de possibilité etd'existence de la connaissance.

Bien plus, réduire le connaissable au mesurable par l'instrument c'est déjà oublierque la vérité ne peut se faire sans rendre hommage et faire appel en premier lieu à l'expérience, c'est-à-dire àl'expérience humaine.

La vérité n'est pas uniquement construire par la pensée et l'objet d'une mesure, donc suivantla démonstration mais aussi avec l'expérience : il s'agit d'une interaction.

En effet, ces deux points sontcomplémentaires, comme le remarque Kant dans la Critique de la raison pure : « Toute notre connaissance commence avec l'expérience, cela ne soulève aucun doute […] Mais si toute notre connaissance débute avecl'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive de l'expérience ».

En effet, pour Kant dans la Critique de la raison pure , la vérité ou la connaissance est une construction de l'esprit car l'expérience a besoin des cadres de l'esprit, plus exactement des catégories pour avoir un sens.

Néanmoins, sans l'expérience, c'est-à-dire un retour au diversde l'expérience, ou en terme kantien l'intuition, les catégories sont vides et ne peuvent pas nous apprendre quelquechose sur le réel.

Elles n'auraient donc aucune valeur de connaissance, donc aucun rapport à la vérité.

Laconnaissance scientifique doit donc se saisir comme intermédiaire entre les deux.

En ce sens la vérité dépendra durapport entre ce qu'un composé de ce que nos observations nous font connaître, et de ce que notre propre pouvoirde connaître produit de lui-même.

L'expérience en elle-même, non guidée par les concepts et par l'esprit, seraitparfaitement stérile.

La sensibilité comme intuition est nécessaire.c) Bien plus, si la sensibilité humaine ne peut en aucun cas être mise hors de la connaissance scientifique au profitde la simple mesure instrumentale c'est bien comme on peut le voir dans La Mesure de Jean Perdijon que la mesure elle-même est limitée.

Elle n'est qu'une donnée brute qui par elle-même ne signifie rien.

Toute mesure est alors àinterpréter.

Dès lors, c'est le raisonnement du scientifique et sa sensibilité qui entrent en jeu.

En effet, il n'y a passéparation entre les deux.

Tout raisonnement est une représentation du monde qui est le fruit de la sensibilitéparticulière de chaque scientifique.

L'objectivité se gagne alors dans la limitation raisonnable de cette sensibilité quel'on retrouve particulièrement à l'œuvre dans les utilisations d'analogies et de métaphores explicatives.

Transition : Ainsi la connaissance scientifique ne peut pas se réduire à la substitution de la sensibilité de l'homme à celle d'uninstrument de mesure.

La connaissance scientifique se trouve à la jonction de ces deux domaines, de ces deuxsphères de compréhension et d'appréhension du monde.

L'un ne peut aller sans l'autre.

III – La sensibilité comme moteur a) En effet, comme le note Alain : « à mesure qu'un instrument est plus puissant il faut penser davantage pour en tirer quelque chose.

Le microscope étourdit l'ignorant, il ne l'instruit point ».

L'instrument en lui-même n'est pas vecteur de connaissance.

Il n'y a que l'œil aguerri et connaisseur du scientifique qui peut trouver une réelle valeurdans l'usage de l'instrument de mesure.

Cependant, méconnaître la valeur de la sensibilité humaine se serait faire dela connaissance scientifique un idéal qu'elle n'est pas, c'est-à-dire faire une science sans sujet, sans passions,c'est-à-dire automatique et robotisé.

Or c'est bien encore dans le cas des erreurs mais aussi des innovations que semarquent la présence de la sensibilité humaine, comme ouverture et imagination.b) Or c'est bien ce que met en exergue G.

Holton dans l' Imagination scientifique .

Tout son problème est de comprendre comment se fait-il que des scientifiques ayant une formation, des connaissances identiques arriventfréquemment à défendre des modèles d'interprétation radicalement différents.

Et pourquoi certains savantss'acharnent-ils à défendre des principes qu'ils jugent « intouchables » alors même que les expériences les infirment ?Il s'agit de comprendre ce qui relève quasiment de l'inconscient scientifique et de son importance, de la formationchez les scientifiques d'une « image du monde ».

Par exemple, la controverse sur l'expérience célèbre de lagouttelette d'huile de Millikan [1] aurait pu être résolue rapidement en principe en s'accordant sur la nature, et sur les conditions, les observations etc.

Cependant, s'il n'avait s'agit que de cela, la longue discussion quant àl'existence d'un « sous-électron » n'aurait jamais eu lieu.

En fait, de l'analyse de leur débat, on peut remarquer qu'ilsavaient des positions totalement décalés au point de vue de leur vision de l'univers ce qui laisse apparaître dans cecas, comme dans d'autres, l'importance du rôle d'un engagement précoce, et inébranlable, des adversaires allant àdes thêmata différents ; même si leurs origines restent assez floues.

C'est donc bien la sensibilité de l'homme qui leconduit à prendre position et à développer des théories scientifiques.

Les connaissances scientifiques sont alorsempreintes de cette sensibilité que l'on tend pourtant à réduire le plus possible en tant qu'elle relèverait de. »

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