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Peut-on faire l'éloge de la passion ?

Publié le 17/12/2005

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- Peut-on : est-il possible, est-il légitime. - faire l'eloge: • L'éloge désigne originellement un discours pour célébrer quelqu'un ou quelque chose. Ex.: «l'éloge de l'Amour», dans Le Banquet de Platon ; les différents orateurs font, à leur manière, un discours glorifiant et exaltant l'Amour. • Faire l'éloge de : louer, dire du bien de (langage courant) ; exprimer un jugement favorable au sujet de quelque chose. - passion: affection durable de la conscience, si puissante qu'elle s'installe à demeure et se fait le centre de tout, se subordonnant les autres inclinations.

« catégorie de passivité qui lui était liée, l'ancienne idée d'une passion entièrement subie? Ne faut-il pas, dès lors,renverser toutes les notions en connexion avec elle, la passivité, l'inauthenticité et aller, plus complètement, aubout de ce renversement? C.

L'éloge historique de la passion Énergie conduisant aux limites humaines, comme le veut le romantisme (mais aussi bien des tentatives littéraires, del'Érotique des troubadours jusqu'à Werther ou aux créations littéraires d'André Breton), la passion ne peut-elle setransmuter en énergie historique à réhabiliter totalement? Chemin vers la mystique, la passion n'est-elle pas aussi lavoie majeure de l'histoire, dont on doit faire l'éloge sans ambiguïté? Oui, la passion, en raison même de ses excès,nous est chère et il nous faut la célébrer: n'est-elle pas au service des grandes causes?Ainsi la passion, énergie spirituelle, devient, avec Hegel, la matrice de l'histoire.

Elle désigne alors l'énergie du vouloirrassemblant l'activité de l'homme vers un but.

Par la passion, le grand homme - César, Napoléon et bien d'autres -concentre toute son énergie sur un seul objet.

Dès lors, la passion devient enthousiasme historique et elle permetd'accomplir de grandes oeuvres: la voici devenue l'architecte de l'histoire et il nous faut nécessairement la célébrer :cet éloge est non seulement possible, mais légitime puisque la passion, loin d'être opposée à la sagesse, créel'oeuvre historique et permet d'accéder à l'autonomie. "Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion..." HEGEL La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moinsmauvaise.

Le romantisme allemand et, en particulier, Hegel restituent à lapassion toute sa grandeur.

Dans une Introduction fameuse (« La Raison dansl'histoire ») à ses « Leçons sur la philosophie de l'histoire » - publiées après samort à partir de manuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -,on peut lire (trad.

Kostas Papaioannou, coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé.Cet intérêt nous l'appelons passion lorsque, écartant tous les autres intérêtsou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes lesfibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tousses besoins.

En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accomplidans le monde sans passion.

» L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué à ladisparition, rien ne demeure : « Qui a contemplé les ruines de Carthage, dePalmyre, Persépolis, Rome, sans réfléchir sur la caducité des empires et deshommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Cen'est pas comme devant la tombe des êtres qui nous furent chers, un deuilqui s'attarde aux pertes personnelles et à la caducité des fins particulières: c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée.

»L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations «les plus grandes et lesplus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », «l'autel sur lequel ont été sacrifiés le bonheur despeuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus ».

Elle nous montre les hommes livrés à la frénésie despassions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leurs intérêts personnelsque par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voirl'oeuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements se dévoile au philosophe une finalitérationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

LaRaison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir.

Telle est: « latragédie que l'absolu joue éternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre souscette figure qui est la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté».Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu.

Etats, peuples, héros ou grandshommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts, figurent la réalité del'Esprit et constituent la vie même de l'absolu .« L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.

Mais sontravail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avait trouvé sajouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Ce qu'était son oeuvredevient ainsi matériau que son travail doit transformer en une oeuvre nouvelle.

» Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dresse chaquefois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée, pour s'élever à uneforme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps, soumis au jugement, mourantdans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel, mais vivant et présent dans le monde »,de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pour se réaliser dans sa vérité et dans sa certitude. Dès lors, ce n'est pas en vain que les individus et les peuples sont sacrifiés.

On comprend aussi que les passionssont, sans le savoir, au service de ce qui les dépasse, de la fin dernière de l'histoire: la réalisation de l'Esprit ou deDieu.

Chaque homme, dans la vie, cherche à atteindre ses propres buts, cache sous des grands mots des actionségoïstes et tâche de tirer son épingle du jeu.

Et la passion, ce n'est jamais que l'activité humaine commandée par. »

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