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PEUT-ON FORCER QUELQU'UN À ÊTRE LIBRE ?

Publié le 15/03/2004

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Mais la liberté au premier sens est une condition de possibilité de la liberté entendue au second sens, car quelqu'un qui est forcé de faire quelque chose ne saurait se déterminer librement à le faire. On comprend donc que l'expression « forcer quelqu'un à être libre » semble être un oxymore, c'est-à-dire être contradictoire dans les termes. Pourtant si l'on ne peut forcer quelqu'un à être libre, on peut l'aider à devenir libre, en exerçant sur lui une contrainte momentanée durant laquelle l'individu ne sera pas libre, mais au terme de laquelle il deviendra libre. C'est d'ailleurs ce que vise toute éducation digne de ce nom. En effet on peut considérer qu'un enfant n'est pas libre au sens plein du terme, au sens où il n'a ni les moyens de subvenir à ses besoins, ni une idée claire de ce à quoi il aspire profondément. L'éducation vise à permettre à l'individu de savoir à quelle genre de vie il aspire, en lui donnant les moyens intellectuels qui lui permettront de penser sa vie, et fournit également les moyens d'être financièrement autonome. Mais si forcer quelqu'un à devenir libre suppose d'exercer sur lui une contrainte momentanée, cette contrainte ne peut pas être totale, et doit toujours en appeler à la liberté du sujet à venir. En ce sens la contrainte doit toujours s'effacer à terme en faveur d'un accompagnement, d'un guidage, qui en appelle à la responsabilité du sujet. I. La société permet à l'homme de se construire comme sujet libre, mais elle exerce pour ce faire une contrainte temporaire sur lui, donc elle le force à devenir libre.

« forcé de faire quelque chose ne saurait se déterminer librement à le faire.

On comprend donc que l'expression« forcer quelqu'un à être libre » semble être un oxymore, c'est-à-dire être contradictoire dans les termes.

Pourtantsi l'on ne peut forcer quelqu'un à être libre, on peut l'aider à devenir libre, en exerçant sur lui une contrainte momentanée durant laquelle l'individu ne sera pas libre, mais au terme de laquelle il deviendra libre.

C'est d'ailleurs ceque vise toute éducation digne de ce nom.

En effet on peut considérer qu'un enfant n'est pas libre au sens plein duterme, au sens où il n'a ni les moyens de subvenir à ses besoins, ni une idée claire de ce à quoi il aspireprofondément.

L'éducation vise à permettre à l'individu de savoir à quelle genre de vie il aspire, en lui donnant lesmoyens intellectuels qui lui permettront de penser sa vie, et fournit également les moyens d'être financièrementautonome.

Mais si forcer quelqu'un à devenir libre suppose d'exercer sur lui une contrainte momentanée, cettecontrainte ne peut pas être totale, et doit toujours en appeler à la liberté du sujet à venir.

En ce sens la contraintedoit toujours s'effacer à terme en faveur d'un accompagnement, d'un guidage, qui en appelle à la responsabilité dusujet. I.

La société permet à l'homme de se construire comme sujet libre,mais elle exerce pour ce faire une contrainte temporaire sur lui, doncelle le force à devenir libre. Ce qui fait que l'homme est un être libre, c'est que contrairement àl'animal, il est capable de guider sa conduite selon certains principes,notamment moraux.

Or on peut se demander d'où lui vient cette capacité.Dans La généalogie de la morale, II , Nietzsche considère que la société opère sur l'homme un travail d'éducation, à travers la pratique des échanges.

Eneffet en rentrant dans le jeu des échanges sociaux, l'homme découvre qu'ildoit tenir sa parole, car s'il ne la tient pas il est puni pour cela.

Nietzscheprend l'exemple de la dette.

Un homme qui contracte une dette mais quirefuse de la payer ensuite, sera soumis à des sanctions très dures dans lestoutes sociétés archaïques, qui peuvent aller jusqu'à des châtimentscorporels sévères.

Il s'agit donc dans un premier temps d'un véritable travailde dressage, identique à celui qu'on effectuerait sur une bête.

Mais vient untemps où l'homme a intégré le fait qu'il doit tenir sa parole, et où il estcapable de le faire.

Or si cette capacité sert les autres, qui savent quel'homme est devenu fiable, elle élève aussi l'homme lui-même au rang de sujetde sa vie, car cet homme pourra se promettre des choses à lui-même, et lestenir.

Dans cette perspective l'homme tire sa liberté de la contraintequ'exerce d'abord sur lui la société, puisque être libre ce n'est pas faire n'importe quoi, mais faire ce que l'on a décidé de faire.

On comprend donc que si l'on ne peut pas forcer quelqu'un àêtre libre au sens où lorsque l'on exerce une contrainte sur un être il n'est pas libre, on peut néanmoins forcer unêtre à devenir libre.

Toute entreprise d'éducation consiste à viser la liberté du sujet comme une fin à atteindre, maisutilise pour ce faire à titre de moyen une contrainte exercée sur l'enfant en devenir.

II.

On peut forcer quelqu'un à être libre lorsqu'il ne comprend pas lui-même le sens de sa propre liberté,mais cela comporte toujours le danger d'un abus d'autorité.

Avec Nietzsche nous avons vu que l'on peut en un sens forcer quelqu'un à devenir libre.

Mais lorsque l'on a affaire à un sujet constitué, peut-on le forcer à être libre.

La possibilité doit être ici interrogée en un sens moral, c'est-à-dire qu'il s'agit de répondre à la question de savoir s'il est légitime de le faire.

Or il semble qu'il soit légitime de le faire lorsque l'on a affaire à un sujet qui ne comprend pas le sens de sa propre liberté.

Dans Le contrat social , Rousseau considère que la véritable liberté n'est pas la liberté naturelle, mais celle à laquelle on s'élève en entrantdans l'état civil.

Cette entrée se fait à la faveur d'un contrat par lequel pour assurer leur sécurité, les hommes sedémettent de leur liberté naturelle au profit de tous , c'est-à-dire au profit de la volonté générale .

Or c'est la volonté générale qui ensuite fait les lois, et chaque citoyen participe de cette volonté générale.

On voit donc que sil'individu perd sa liberté naturelle de faire tout ce qui lui plaît, il gagne la liberté civile, qui consiste dans le fait den'obéir qu'à la loi (et non à tel ou tel individu).

Or puisqu'il a lui-même contribué à l'établissement de la loi en tantqu'il est membre de la volonté générale, l'individu n'obéit ainsi qu'à lui-même et il est véritablement libre.

Rousseaupense que celui qui refuse d'obéir méconnaît sa liberté, et qu'on a donc le droit de « le forcer à être libre », c'est-à-dire à respecter les lois.

Cette position comporte néanmoins le danger d'un Etat tyrannique, qui sous prétexte derendre les gens libres malgré eux, les asservit. III.

Un être ne peut jamais être véritablement libre malgré soi.

On ne peut donc pas le forcer à être libre,. »

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