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Peut-on nier la mort ?

Publié le 04/01/2010

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- Une des manières les plus répandues de donner un sens à la mort et, partant, à l'existence consiste à nier le pouvoir de la mort en tant que tel, en postulant l'existence d'une vie éternelle ou d'une dimension métaphysique de la réalité humaine. La pensée de la mort sous l'espèce de la croyance transforme l'aveuglement angoissé de l'homme face à sa finitude en espérance éclairée d'un au-delà qui libérerait l'homme du néant. Cette croyance en un au-delà est au fondement de toutes les religions. 

« ces deux entités. - La thèse matérialiste : la vie mentale n'est que la face subjective d'une réalité qui est matérielle (neurones…). L'esprit est l'effet d'une complexification de certains systèmes matériels.

Si le cerveau s'arrête, si l'organisme sedésagrège, toute vie psychique cesse.

Position d'Epicure, par exemple. - La position spiritualiste (Bergson, Hegel) : la destruction du cerveau ne signifie pas celle de l'esprit; l'esprit est irréductible à un phénomène matériel, c'est une réalité sui generis ; la matière, la réalité sont une objectivation, une extériorisation de l'esprit. 2.

Le problème du sujet et de l'objet - Peut-on concevoir un monde objectif en soi indépendamment de toute conscience ? Ou le monde objectif n'est-ilpas toujours le corrélat d'une expérience ou d'une représentation subjective (Berkeley, Kant, Husserl). - La première thèse (on peut concevoir un monde objectif en soi indépendamment de toute conscience) postule que le réel est ce à quoi nous appartenons et dont nous dépendons.

Du coup, la mort est une expérience de vérité,qui dégonfle notre égocentrisme. - La seconde thèse (le monde est le corrélat d'une expérience subjective) pose, au contraire, qu'il n'y a pas de réalité indépendante de ma pensée; ma mort existe bien dans mon expérience (l'angoisse, la souffrance qu'elleengendre sont réelles), mais elle n'a pas de réalité absolue : quand mon existence cessera, c'est le monde - ouplutôt mon monde - qui cessera avec elle. - Idée, en tout cas, d'une irréductibilité de l'expérience subjective : le moi renvoie à l'expérience que je fais de moi-même (être différent des autres, être l'auteur de ses actions..) et n'a pas de sens au niveau biologique.

Desorte que la croyance à ma survie ne peut être réfutée par la biologie. - Mais l'irréductibilité de l'expérience subjective ne joue pas forcément en faveur de l'idée de survie : il est loind'être évident qu'on puisse substantifier cette expérience de soi en affirmant qu'il existe en chacun un moi unifié etstable permanent, une âme qui pourrait survivre à l'anéantissement.

Nous avons vu, dans le cours sur la conscience,que l'existence de l'âme comme chose pensante a été contestée par Hume, le bouddhisme, etc. 3.

L'ambiguïté de la foi religieuse - Quelle est finalement la signification globale de cette croyance religieuse en l'immortalité, en la survie qui se fondeà la fois sur un refus de la mort et sur l'affirmation de sa présence irréductible? - Les croyances religieuses visent à proposer, de façon symbolique, une vision de la vocation profonde de l'êtrehumain, de ses devoirs, de la signification de son existence.

A la base du message des grandes religions, on trouveplusieurs intuitions fondamentales : la finitude irrémédiable de l'homme, la valeur de la vie dont la source est ailleursque dans le monde naturel, existence d'un bien moral objectif, etc. - Pour riche de signification qu'il soit, le discours religieux reste cependant empreint d'une indépassable ambiguïté . - Première ambiguïté : le discours religieux objective le sens qu'il s'efforce d'évoquer et risque par là même de la trahir.

Parler de Dieu, c'est, d'une certaine façon, le substantifier, l'objectiver, en le transformant en un être parmiles autres, alors qu'il est par essence tout autre.

D'où l'agnosticisme qui entend rédécouvrir le sens authentique dela religion : si Dieu est, il est au-delà de tout ce qu'on peut dire de lui, conviction que tout discours positif sur Dieuest condamné à manquer ce qu'il veut viser.

Ainsi, selon Wittgenstein, la seule attitude correcte face à ce quidonne sens à notre vie, c'est de renoncer à en parler. - La foi en l'immortalité tend à dévaloriser une existence terrestre qui paraît finalement, dans sa brièveté et sa fragilité, plus intéressante à vivre et à comprendre que l'immortalité immobile que les religions veulent lui opposer. - Par ailleurs, l'angoisse de l'absurde semble disparaître peu ou prou lorsque nous parvenons à nous réabsorber dans des activités dont la finalité redevient évidente.

De sorte que le sens se montre précisémentquand nous cessons de nous interroger sur lui, il se montre davantage qu'il ne se dit ou se représente.

Onpeut penser que la problématique religieuse qui entend donner du sens au sens pèche paradoxalement par excès de rationalisme .

La sagesse ne consiste-t-elle pas, au contraire, à désintellectualiser notre rapport à l'existence, à apprendre à nous taire là où nous pensions qu'il faut parler, afin de rendre à l'instant présentsa densité ? (cf.

Comte-Sponville, in La sagesse des modernes).. »

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