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Peut-on parler de la mort des idéologies ?

Publié le 22/02/2012

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« L'idéologie, qui fut longtemps la voie vers l'action, est aujourd'hui arrivée à une impasse ». Tels sont les mots de Daniel Bell, théoricien de la « fin des idéologies » au début des années 1960 alors que les deux grands régimes idéologiques que sont le stalinisme et le nazisme viennent de s'effondrer. En effet, les évènements traumatisants du siècle des extrêmes ont poussé à associer dans la seconde moitié du siècle les idéologies à un système globalisant et intimement lié au fait totalitaire. Une définition purement négative de ce terme a donc été communément acceptée, la réduisant bien souvent à un élément de distorsion de l'esprit, prime déformant de la réalité. Empruntée au sens que lui avait donné Marx et Engels dans L'idéologie Allemande à la fin du dix-neuvième siècle, cette définition assimile les idéologies à « un système de représentation parfaitement cohérent et clos qui se ferme à toute objection de la réalité, reçoit l'adhésion totale d'un individu ou d'un groupe, donnant lieu à des conduites aberrantes » . Elle est, selon Marx, un « système de croyances » qui anime un groupe social et touche à l'organisation de la société, laquelle se trouve de cette façon moralement et politiquement légitimée. L'idéologie, en tant que discours abstrait, orienté, total et englobant, se réalise dans le champ politique, d'où l'assimilation facile mais peut-être trop rapide aux « idéologies totalitaires » de notre siècle.

« pleinement un système totalitaire et totalisant. De plus, l'idéologie est, selon Marx, un prisme déformant de la perception de la réalité, c'est une réalité simplifiée etfaussée : Abstraite, elle n'est qu'une illusion qui peut alors justifier des « idées douteuses » selon les mots deRaymond Boudon et de ce fait, légitimer des pratiques irrationnelles telles que celles dont le 20e siècle a étévictime.

En outre, l'idéologie, puisqu'elle est collective et vise la majorité, dépasse l'entendement et renie l'individuqui perd toute faculté de discernement. 2.

L'idéologie: « logique d'une idée » qui peut alors justifier le fait totalitaire Puisque l'idéologie en tant que système renie l'individu et la morale, elle est alors facilement condamnable et a étéprise pour responsable des évènements tragiques du 20e siècle.

Les idéologies ont en effet été pointées du doigtcomme étant la cause du totalitarisme car elles ont servi les régimes totalitaires comme le nazisme ou le stalinisme.En effet, elles ont permis à des régimes politiques de mettre en action des idées et de les appliquer à tous leséléments de la vie publique et privée. Constatant le niveau d'extrême que certains régimes politiques ont pu atteindre en se servant de l'idéologie, HannahArendt a démontré le lien fort qui existait entre le fait idéologique et le fait totalitaire en définissant l'idéologiecomme « la logique d'une idée ».

De ce fait, la capacité des régimes politiques comme le stalinisme ou le nazisme às'approprier l'idéologie fut impressionnante et particulièrement dangereuse, et ce pour plusieurs raisons : D'abord letotalitarisme utilise l'idéologie pour légitimer ses actions selon une dialectique historique (stalinisme) ou naturelle(nazisme).

De plus, l'idéologie, puisqu'elle n'est pas du domaine de la science et qu'elle s'émancipe de la réalité, peuts'octroyer un pouvoir d'explication sans limites et n'est jamais réfutable.

Enfin, elle est dangereuse car elle utilise lamajorité pour légitimer une dictature de la minorité. Cette assimilation des idéologies à des systèmes politiques rappelle la distinction faite par le philosophe KarlMannheim entre les « idéologies totales » et les idéologies « particulières ».

Assimilées au fait totalitaire, il estcertain que l'effondrement des systèmes totalitaires a conduit a parler de ce qu'on appelle « la mort des idéologies». B.

Ce qui conduit à donner un sens restreint à « l'idéologie » et annoncer sa mort : thèse de la « fin des idéologies » 1.

Des vérités devenues exsangues La fin du nazisme et du stalinisme ont été à l'origine de la naissance de la fameuse thèse de Daniel Bell.

Il dit, dansLa fin de l'idéologie que: «L'idéologie qui par nature, est une affaire de tout ou de rien, et qui correspond à ce queveut l'intellectuel par tempérament, est intellectuellement exsangue et peu de problèmes peuvent encore êtreformulés en termes idéologiques ». Dans les années 1950, on a en effet commencé à parler d'un épuisement de cette forme d'idées politiques : c'esttout d'abord l'idée qu'un système politique appliqué à toutes les franges de la vie publique/privée est désormaisdépassé et n'est plus adapté à l'évolution du monde occidental.

Camus, en 1946, avait d'ailleurs analysé lescommunistes français comme ne prenant du marxisme plus que sa vision critique et non sa vision « absolue ». C'est aussi l'idée que l'occident connaît des évolutions sociales (état providence), économiques (économie demarché) et politiques (acceptation du pluralisme) incompatibles avec les idéologies comme elles ont été théoriséespar Marx au 19e et appliqués par les systèmes totalitaires au 20eme.

En effet, les « vieilles vérités auraient perduleur pouvoir de persuasion » selon Daniel Bell.

De cette idée naît finalement un consensus que la politiqueidéologique a vocation à être remplacée par la politique civile.Enfin, l'on n'accepte plus l'idée d'un individu oublié auprofit du collectif et de la conformité qui sont pourtant les grandes fonctions de l'idéologie. 2.

Ont poussé à annoncer la mort des idéologies : la désillusion sur l'idéologie en tant que moteur du progrès Les idéologies portées comme responsable des totalitarismes et arrivées à une impasse après l'effondrement deceux-ci, ont été alors annoncées comme irréversiblement défuntes.

Il y a en effet eu une véritable désillusion quantà leur capacité à être un moteur de progrès, dès lors qu'elles pouvaient être à l'origine intellectuelle de tellesatrocités et d'un si important effacement de l'individualité. Le fait totalitaire a donc engendré, dans les années 1960, un mouvement intellectuel qui a prôné une nécessitéd'enterrer ces idéologies à tout jamais.

1984 de George Orwell est par exemple l'illustration d'un Etat totalitaire menépar l'idéologie et rongeant tout le système, qui est en fait un stalinisme déguisé.

De même, Raymond Aron expliquedans L'Opium des intellectuels que l'on est arrivé à un point on les hommes n'admettent plus que la terreur puisseêtre expliquée par la nécessité historique.

En effet, l'idéologie comme légitimation d'une dialectique historique et d'unsens de l'histoire est dépassée. Transition Réduire l'idéologie à des formes identifiables, des « ismes » pourrait nous inciter à constater effectivement la fin desidéologies : le stalinisme et le nazisme, de même que les autres systèmes apparentés où l'idée unique guide l'action. »

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