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Peut-on perdre son temps ?

Publié le 30/01/2004

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Il faudrait déjà connaître le futur pour dire si l'on perd ce temps ou pas. Ne faut-il pas apprendre à perdre son temps ?

Introduction

* Un paradoxe surgit du contraste entre trois points de vue possibles « perdre son temps « est inévitable puisque le temps se perd en tant que présent devenant passé irréversible ; il est « perdu « du point de vue ontologique ; mais du point de vue psychologique, c'est à une qualité de mémoire que revient la perte ou non du temps : il peut être retrouvé et conservé (Proust). Enfin du point de vue éthique, le temps perdu est le temps vide stérile, et improductif quand aux valeurs existentielles directrices.

* Perdre son temps, n'est-ce pas tomber dans une frivolité stérile, sans conséquences sur le futur ni sur l'enrichissement spirituel du moi ? N'est-il pas un présent fugitif et disparaissant sans effets sur l'avenir et sans créativité réelle ? La question ne renvoit-elle pas à une évaluation existentielle, au souverain bien des stoïciens ou au devoir kantien, bref aux valeurs fondamentales d'une éthique ?

* Perdre son temps, n'est-ce pas méditer le contraste entre la disparition ontologique du présent, son anéantissement, et le sentiment de propriété attaché à la temporalité ? Ne faut-il pas corriger la catégorie de l'avoir (perdre et gagner) par la catégorie de l'être : être digne de son temps ou non, sans nourrir l'illusion que le sujet est propriétaire de sa temporalité ? I - Le point de vue ontologique : le temps perdu.

Il faudra pour le traitement de ce sujet bien distinguer:

* la possibilité de perdre son temps.

* la légitimité (morale) de la perte du temps.

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« a) Le temps perdu se définit comme désubstantialisation et dévalorisation de la durée.

Le sujet n'adhère plus auréel, ni par ses intérêts, ni par son amour ou sa passion.

C'est un temps rempli par une nécessité mécanique séparéedes valeurs authentiques : l'être a été neutralisé à l'intérieur de la temporalité elle-même. b) Le temps perdu est un instantané sans liaison avec un passé et un avenir.

Atome temporel réduit à lui-même, ilsombre dans le passé sans signification véritable par opposition au temps cohérent et lié d'une vie s'enrichissant deses moments passés et fructifiant pour l'avenir. c) Perdre son temps est ainsi lié à l'échec et à l'illusion des attentes dans l'action.

Mauvaise représentation du réel,l'action s'illusionne sur sa valeur réelle et ne recouvre que l'inutile.

La conscience réflexive subit alors l'idéalisation deses propres actes (Cervantes) ou de ses propres buts.

A l'horizon se profile donc l'absurde, symbolisé par le cercleou la répétition des travaux de Sisyphe ou des Danaïdes.

Le temps perdu est alors perte du sens authentique de ladurée. d) Les temps inauthentiques:• Les temporalités remplies par des activités stériles : temps du travail, temps de la nécessité biologique, temps del'urgence matérielle n'ayant pas de lien direct avec la perfectibilité spirituelle.

Exemple, la déconsidération du travailchez les grecs.• Le temps passionnel qui déconstruit la limpidité des perceptions. III - Synthèse : posséder son temps Entre la réalité ontologique et la réalité éthique, la conscience est tenue d'agir et d'être vigilante.

Posséder sontemps peut être entendu en trois sens positifsa) Maîtriser son temps sans être voué à la passivité de l'observateur mené comme un vaisseau sans gouvernail(Sénèque). b) Disposer d'un juste usage de sa mémoire, donc ni stérilisant, ni idéalisant, ni dramatisant du passé (Épicure). c) Approfondir sa qualité d'attention au présent pour la rendre accessible au vrai, au bien et au beau (Simone Weil). Conclusion L'irréversibilité ontologique n'est que relative car le souvenir se réactualise sans cesse dans l'existence (Bergson :Matière et Mémoire) et s'intègre à une totalité signifiante : totalité existentielle ou historique selon une idéedirectrice (Kant : Opuscules sur l'Histoire).

Perdre son temps, c'est consentir à l'inutile et à l'immédiateté, voire à ladistraction la plus désabusée sur les possibilités de l'avenir, c'est donc avant tout une responsabilité.

Cela étant,gardons nous d'évaluer la perte de temps aux critères conventionnels et contingents du succès social ouéconomique.

Interrogeons plutôt sans relâche l'authenticité de nos valeurs apparentes pour parfaire notre durée.. »

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