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Peut-on prouver que l'homme est libre?

Publié le 25/01/2005

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     b. L'homme a une conscience morale, or la morale n'a de sens que s'il y a la liberté. Selon Sartre, parce qu'on est des consciences (des « cogito »), on est toujours responsables. En effet, l'homme juge généralement qu'il est responsable que lorsqu'il agit consciemment et librement. C'est pourquoi on tend à penser qu'un homme aveuglé par ses passions ne serait pas responsable, alors que pour Sartre il l'est : « nous sommes seuls, sans excuses » (L'existentialisme est un humanisme). L'homme, une fois jeté dans le monde, est responsable de tout ce qu'il fait, ainsi, « l'homme est condamné à être libre ». L'homme est responsable de ses passions, de ce qui l'affecte.      c. L'affirmation de la liberté humaine apparaît en contradiction avec le déterminisme général de l'univers, du mécanisme universel que postulait la physique classique. Ainsi Kant distingue, dans la Critique de la raison pure, le monde phénoménal et le monde nouménal.

La liberté est une notion « qui a fait tout les métiers «, selon l’expression de P. Valéry, et qui caractérise toujours chez l’homme qui l’évoque une forte charge affective. La pensée de la liberté vient le plus souvent du manque de liberté. C’est souvent sous la contrainte, dans la servitude, dans la privation, que vient à la conscience cette idée. Ainsi l’homme libre se trouve être autant l’individu en tant qu’il pense, que l’individu en tant qu’il agit en rapport avec autrui. On doit ainsi tenter d’éclairer cette notion à la lumière des domaines qui tiennent compte d’elle, et particulièrement les domaines social et individuel. C’est ce cri du cœur, ce désir de liberté, qu’il y a à déceler au travers de ces domaines, et la manière dont l’homme l’exprime. Peut-on ainsi parler de la liberté comme d’une norme unique et absolue, ou simplement la considérer comme relative par rapport aux diverses figures qu’elle offre ?

 

« Sartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme (philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considéré comme le fondateur,même si la lecture de la « Phénoménologie » de Husserl et de « L'Etre et le Temps » de Heidegger l'a profondément influencé.

Deux formules pourraient résumer sa conception de la liberté.

La première, que l'on trouve dans« Saint Genet » (1952): « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous .

» La seconde, qui figure dans un opuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme » (Nagel) où Sartre répond à diverses objections formulées notamment, par les catholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme: «L'homme est condamné à libre .

» Qu'est-ce que l'existentialisme ? C'est l'affirmation que, chez l'homme,l'existence précède l'essence.

Autrement dit, rien n'est donné d'avance àl'homme.

N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouve condamné àchoisir librement son essence : « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, etqu'il se définit d'abord.

L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'estpas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite, et ilsera tel qu'il se sera fait. » L'homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C'est précisément parce que l'hommen'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut qu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre ne peut jamais être quel'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

Tout objet matériel est.

L'hommen'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidé d'avance.

L'homme est ce qu'il sefait: « Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement, nonseulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veutaprès cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. » Et si l'homme n'est d'abord rien et doit librement choisir son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité,projet : « C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité.

et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais que dire parlà, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? Car nous voulons dire que l'hommeexiste d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de seprojeter dans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse, unepourriture ou un chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre , un absolu qui ne se choisit pas.

L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, il ne peut que l'être.

Il l'est tout entier et toujours.

Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.

Ce que Sartre exprime sous cette formule : « L'homme est condamné à être libre .

» Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même, maisne peut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ».

C'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et ses pensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa «manière d'être ».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprend de se « personnalise r ».

D'où la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est la raisonpour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par Aragon et Paulhan ): « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande. » Qu'est-ce à dire, sinon qu'à ce moment-là, puisque nous étions traqués, « chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La liberté est donc le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soit l'obstacle ou la situation, à se faire être.. »

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