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Peut-on se mentir à soi-même ?

Publié le 17/01/2022

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Mentir aux autres est évidemment possible, car il y a dualité du trompeur et du trompé, mais le mensonge à soi-même supprime cette différence. Ce serait donc un acte impossible car contradictoire.Cependant, l'expérience courante montre que cette attitude existe. Faut-il y voir la preuve de l'aveuglement de l'homme, de sa faiblesse et de sa vanité ? Il y a peut-être un sens plus profond lié aux difficultés de la connaissance de soi.

A - "SE MENTIR A SOI-MEME" : UNE ATTITUDE APPAREMMENT INTENABLE

On commencera, dans un premier temps, par définir rigoureusement la notion de mensonge, en établissant un certain nombre de distinctions.En effet, le mensonge n'est pas une erreur , due à un manque d'attention au sens cartésien du terme, l'acte d'un jugement insuffisamment éclairé. Il n'est pas dû non plus à la fatigue ou à la distraction.Le mensonge n'est pas une illusion au sens où celle-ci inclut l'individu. On peut sincèrement s'illusionner par manque d'analyse de ses désirs comme l'ont montré Freud dans L'avenir d'une illusion ou Spinoza dans la troisième partie de l' Ethique .

« A - "SE MENTIR A SOI-MEME" : UNE ATTITUDE APPAREMMENT INTENABLE On commencera, dans un premier temps, par définir rigoureusement la notion de mensonge, en établissant uncertain nombre de distinctions.En effet, le mensonge n'est pas une erreur , due à un manque d'attention au sens cartésien du terme, l'acte d'unjugement insuffisamment éclairé.

Il n'est pas dû non plus à la fatigue ou à la distraction. Le mensonge n'est pas une illusion au sens où celle-ci inclut l'individu.

On peut sincèrement s'illusionner par manqued'analyse de ses désirs comme l'ont montré Freud dans L'avenir d'une illusion ou Spinoza dans la troisième partie de l'Ethique . Le mensonge implique la conscience de soi.

Se mentir à soi-même, c'est donc affirmer ou nier à mon propos quelquechose que je sais être inexact.

C'est vouloir me masquer la vérité en toute connaissance de cause puisque laconscience implique un savoir. On peut dégager là un sens moral : je refuse de m'avouer la vérité, de la reconnaître.

Je suis de mauvaise foi .Attitude répréhensible et ineffective car je ne peux ignorer mon manque de sincérité.Pourquoi alors tomber dans cette contradiction ? A quoi bon se mentir à soi-même ? B - LES RAISONS DE CE MENSONGE Il faut se demander ce qui peut obscurcir le rapport entre ce que l'on est et ce que l'on pense être.Les analyses de La Rochefoucauld, comme celles de Pascal, soulignent la puissance de l'amour-propre.C'est un registre moral.

La vanité, l'orgueil du moi le poussent à se donner de lui-même une image déformée,embellie.Se mentir à soi-même est donc possible, mais moralement condamnable. Cependant, la possibilité même de cette contradiction nous alerte sur la complexité de l'homme.

Se connaître est-ilsi évident ? C - MAUVAISE FOI ET CONNAISSANCE DE SOI La psychanalyse freudienne a insisté sur la faiblesse des informations obtenues par la conscience immédiate.

Lestopiques de l'appareil psychique soulignent l'existence de conflits sur lesquels le sujet a d'abord peu de prise mêmes'ils ne sauraient lui être étrangers .L'analyse du refoulement et des symptômes est ici centrale. Sartre a critiqué Freud en lui reprochant son déterminisme, mais a reconnuque la mauvaise foi est inhérente à l'homme.

Puisqu'il est conscient de soi, lasincérité est un idéal impossible.

Je suis forcément en décalage par rapport àmoi-même.Selon Sartre la conscience est toujours totalement transparente à elle-même,tant du point de vue du savoir que de l'affectivité.

La conscience est enoutre capable de négation, cette négation étant son acte essentiel, celui quifonde sa liberté.

La conscience peut diriger sa négation vers le dehors, maisaussi vers elle-même : c'est l'attitude de la mauvaise foi, qui est un «mensonge à soi ».

Dans la mauvaise foi la conscience se masque à elle-mêmela vérité, « elle s'affecte elle-même de mauvaise foi ».

Ainsi « la mauvaise foiimplique par essence l'unité d'une conscience » et la conscience estnécessairement consciente de ce qu'elle se dissimule : pour censurer, lacensure de la conscience doit connaître ce qu'elle censure.

L'erreur de Freuda été de briser cette unité et cette transparence fondamentale de laconscience.

En posant l'existence d'un inconscient qui rompt l'unité dupsychisme, la psychanalyse « hypostasie et chosifie » la mauvaise foi, c'est-à-dire fait une chose de ce qui est un acte. IV - CONCLUSION La contradiction repérée initialement est donc féconde dans la mesure où elle nous alerte sur les difficultés de la connaissance de soi et sur la complexité de l'homme, cet être qui peut sedédoubler car il est conscient d'être. V - REFERENCES UTILES FREUD, L'avenir d'une illusion (pour la différence entre l'erreur et l'illusion) Essais de psychanalyse. »

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