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Peut-on se mentir à soi-même ?

Publié le 14/02/2011

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mentir

L'expression « tu te mens à toi-même, « est fréquemment utilisée dans le langage de tous les jours. Cependant, d'après Saint Augustin, dans Du Mensonge, celui qui ment « a une chose dans l'esprit, et en énonce une autre, au moyen de mots ou de n'importe quel autres type de signes « Aussi, Saint Augustin affirme que le menteur a une pensée double, c'est-à-dire l'une, de ce qu'il sait ou pense être vrai, et qu'il ne dit pas ; l'autre, de ce qu'il dit à la place, tout en sachant ou en pensant que c'est faux. Alors se mentir à soi-même voudrait dire que ce que je pense être vrai, je me le cache, et ce que je pense être faux, je me persuade qu'il est vrai. Or, nous pouvons nous demander comment est-il possible de se cacher à soi-même ce que l'on pense être vrai et en même temps croire ce que l'on pense être faux ? L'expression « se mentir à soi-même « qui est si souvent utilisée, a-t-elle un sens ?

mentir

« Sartre appelle le comportement dans lequel on se ment à soi-même, souvent pour se sortir de situations qui nousgênent ou qui sont trop difficiles à supporter, comme la mort du proche, la \"mauvaise foi\".

Cette expressiondésigne généralement une attitude d'esprit par laquelle on n'est pas fidèle à sa propre volonté de vérité.

ChezSartre, dans L'être et le Néant, l'expression désigne plus spécialement l'attitude par laquelle la conscience d'un sujetcherche à se tromper d'elle –même, afin de se déresponsabiliser de ses actes, de ses pensées.

Nous pouvonsprendre ici l'exemple de Sartre de la femme à son premier rendez-vous.

La jeune femme « sait fort bien les intentionsque l\'homme qui lui parle nourrit à son égard.

Elle sait aussi qu\'il lui faudra prendre tôt ou tard une décision.

Maiselle n\'en veut pas sentir l\'urgence » Alors elle parle, elle s\'abandonne au charme de la situation, « elle refuse desaisir le désir pour ce qu\'il est, elle ne lui donne même pas de nom, elle ne le reconnaît que dans la mesure où il setranscende vers l\'admiration, l\'estime et le respect» Mais voici que l\'homme s\'enhardit et lui prend la main, aurisque de rompre la délicieuse ambiguïté du moment.

Alors comme par hasard la jeune femme, se fait tout esprit, «elle entraîne son interlocuteur jusqu\'aux régions les plus élevées de la spéculation sentimentale» au point qu\'ellene semble pas s\'apercevoir de ce qui vient de se passer, elle est ailleurs, sa main dans la main de l\'hommen\'existe pas, elle n\'est plus qu\'une chose sans importance, comme n\'importe quel objet.

Cette femme est demauvaise foi, elle n\'ignore pas le désir de son partenaire, mais elle le tient à l'oublier, le rend banal et insignifiant, leréduire à n\'être qu\'un fait parmi d\'autres.En invoquant des causes inconscientes pour expliquer, voire même justifier nos actes et nos pensées, nous nousmentons à nous même, ou plutôt nous nous persuadons que ce n'est pas nous qui décidons, mais que nous sommesgouvernés par des pulsions ou des tendances contre lesquelles nous ne pouvons rien, comme une sorte de « forceobscure ».

L'idée freudienne d'un psychisme inconscient fait donc problème dans la mesure où elle donne à penserque nous serions manipulés par cette force obscure qui nous échapperait et que nous pourrions ne pas êtreresponsables de nos choix, actions, et même de nous même, de notre corps , comme par exemple, dans le cas dudéni de grossesse.

Aussi Sartre récuse-t-il l'inconscient freudien comme étant qu'un mensonge à soi.

Donc en mementant à moi-même consisterait plutôt à se débarrasser du fardeau de ma responsabilité, de mes actes.Selon Sartre, la mauvaise foi est l'attitude de celui qui nie le hasard des évènements et la liberté des actes humains.L'homme est libre de ses choix et de ses actes : il est responsable de lui-même.

Et donc, refuser de voir cetteliberté, consisterait à se mentir à soi-même.« L\'homme, étant condamné à être libre, porte le poids du monde tout entier sur ses épaules : il est responsable dumonde et de lui-même en tant que manière d\'être».

Sartre. Peut-on se mentir à soi-même ? A première vue non, car notre conscience est totalement claire, mais si nous allonsplus loin que notre simple pensée, nous nous apercevons rapidement qu'il est finalement possible de se mentir à soi-même, et que cela peut nous arriver à tous.

Car notre inconscient nous laisse étranger à nous-mêmes.

Mais, aufinal, se mentir à soi-même c'est être de mauvaise foi, car nous nous persuadons de notre irresponsabilité de nosactes, l'inconscience ne serait qu'un prétexte pour nous « donner bonne conscience ».

Mais jusqu'à quelle limitenous pouvons nous déresponsabilisé, nous mentir à nous - mêmes ? N'est-ce pas un acte lâche ? Se mentir à soi-même serait-il moins immoral que de mentir à autrui, puisque nous n'impliquons personne d'autre que nous-mêmes ? \Sujet désiré en échange : Peut-on s\'ignorer soi-même?. »

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