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Pour un esprit tolérant y a-t-il de l'intolérable ?

Publié le 28/12/2005

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Mais en venir, par principe, à tout tolérer, n'est-ce pas renoncer à distinguer le mal du bien, et donc adopter une posture amorale La tolérance sans limite ne serait-elle pas synonyme d'indifférence passive ?[I. Les fondements de la tolérance]- La tolérance n'est sans doute pas spontanée. Les impulsions premières poussent plutôt à se méfier de ce qui est autre, et, si l'on admet l'existence d'une agressivité fondamentale (cf. Freud), la réaction première de l'être humain serait de défense (d'un territoire, d'une opinion) ou de lutte contre ce qui, dans l'autre, apparaît comme menaçant l'intégrité.- On confirmera par des exemples historiques d'intolérance (religieuse, politique, artistique). La philosophie elle-même, dans l'Antiquité (cf. le traitement réservé au « barbare »), n'est pas un modèle d'ouverture aux pensées et aux individus autres.- L'idée de tolérance est donc tardive. L'égalité de tous les hommes affirmée par le christianisme est très longtemps demeurée strictement théorique (ou « abstraite »).
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« Etape décisive dans la maturation de la pensée de Marx, cet ensemble d'aphorismes, en dépit de son apparentelimpidité, ne peut être compris indépendamment de ce qui précède et de ce qui suit le moment de sa rédaction.

Nultexte, en ce sens, ne se prête davantage au commentaire, alors même, paradoxalement, que cette onzième thèsesemble dénier toute légitimité à l'activité d'interpréter.Formé à l'école de la philosophie allemande, lecteur de Hegel avant de devenir émule de Feuerbach (qui est un «matérialiste » au sens des Lumières), Marx construit sa propre compréhension du monde en « réglant ses comptesavec sa conception philosophique antérieure ».Le terme de « philosophie » désigne ici la représentation théorique dominante à son époque, qui fait de latransformation des idées la condition nécessaire et suffisante de la transformation du monde.

(Ce qui constitue unevision « idéaliste » de l'histoire et des rapports de la théorie à la pratique.)Brocardant ceux qui possèdent « la croyance en la domination des idées », Marx leur oppose l'affirmation que « lesreprésentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes apparaissent [...] comme l'émanation directe deleur comportement matériel ».Là gît le fond du désaccord avec Feuerbach : si celui-ci affirme bien la nécessité de faire commencer la philosophieavec et dans la « non-philosophie », dans la vie réelle, il réduit celle-ci à l'existence individuelle d'un homme penséde manière abstraite, coupé des rapports sociaux (et par suite restreint à sa dimension sensible).L'opération critique effectuée ici par Marx consiste à redéfinir la réalité humaine.

Il s'agit de rejeter la thèse del'existence d'une nature humaine et de lui substituer l'analyse d'une réalité sociale complexe et structurée, où leshommes édifient historiquement leur individualité en « produisant leurs conditions d'existence ».Il s'agit donc de récuser une vue abstraite et éloignée du réel pour s'attacher à ce que sont les hommes concrets etleur évolution historique.La sixième thèse énonce que « L'essence humaine n'est pas une abstraction inhérente à l'individu pris à part, danssa réalité, c'est l'ensemble des rapports sociaux.

» Il ne s'agit aucunement, contrairement à ce que maintes lectureshâtives ou prévenues affirment, de réduire l'individu aux rapports sociaux, mais d'affirmer que l'essence humaine n'apas la forme du sujet pensé par la psychologie.Autrement dit, que la clé de la compréhension de la personnalité concrète ne se trouve pas dans la conscienceindividuelle.

Mais, à l'inverse, celle-ci ne se détermine singulièrement que dans le cadre de rapports sociaux qui luipréexistent et qui constituent de ce fait ses « présuppositions réelles », base de sa formation effective et point dedépart de son intelligence véritable.On ne peut donc pas comprendre l'individu en l'isolant de la société dans laquelle il s'insère, travaille, etc.

Il faut aucontraire, pour saisir l'individu dans sa singularité, ne pas prendre pour base les illusions qu'il peut se faire sur lui-même, en ce sens qu'il est victime des préjugés de son temps et que « les idées dominantes sont les idées de laclasse dominante ».Par suite, l'activité individuelle est essentiellement, constitutivement, sociale et ne peut en aucun cas être réduite àl'ensemble des perceptions sensibles de l'individu isolé et des représentations qui en dérivent : « La véritablerichesse des individus réside dans la richesse de leurs rapports réels.

»Par suite encore, les formes de conscience, que Marx désigne du terme d'idéologie, n'ont pas d'autonomie mais bienune spécificité.

Car, si « ce n'est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience », ilreste à expliquer historiquement l'apparente séparation et opposition entre la réalité matérielle et les représentationsque l'on s'en fait.Le problème n'est donc pas tant de récuser une philosophie qui s'invente un monde séparé et dédaigne les hommesréels, que de mettre au jour les conditions de possibilité d'une telle méprise, que de dégager les prémissesmatérielles d'une telle conclusion.

La réponse proposée dans « L'idéologie allemande » est la notion de division dutravail, plus précisément la division entre travail intellectuel et travail manuel.

Celle-ci permet aux « penseurs »d'oublier ou de méconnaître les conditions réelles de leur propre activité.

Il s tendent à justifier ce qui est, et àentraver le processus d'une véritable transformation du monde, tout en croyant à l'autonomie de leur pensée.L'idéologie, monde à l'envers, « camera obscura », est donc le résultat d'un processus historique.Il s'agit donc de partir, véritablement cette fois, du « monde réel », et de fonder la science de l'histoire : « Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu'ilssont dans les paroles, la pensée, l'imagination et la représentation d'autrui, pour aboutir ensuite aux hommes enchair & en os ; non, on part des hommes dans leurs activités réelles, c'est à partir de leur processus de vie réel quel'on représente aussi le développement des reflets ou des échos idéologiques de ce processus vital.

» C'est de cette nouvelle position du rapport de la théorie à la pratique que découle la question du statut de laphilosophie.

Celle-ci a-t-elle une pérennité par-delà la figure historiquement désuète de son autonomie proclamée ?Survit-elle à la mise à jour de ses fondements véritables ? Et si c'est le cas, peut-on lui accorder une indépendancerelative, une efficace propre, ou faut-il, au contraire, l'assujettir aux besoins d'une pratique qui lui imposerait sesexigences et la convoquerait selon son bon plaisir ?. »

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