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Reconnaître qu'il y a de l'intolérable, est-ce cesser d'être tolérant?

Publié le 01/02/2005

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N y a-t-il pas des cas où la raison ordonne de refuser certaines choses ? -          « Il n'y a pas de mal plus grand, et des suites plus funestes, que la tolérance d'une tyrannie qui la perpétue dans l'avenir » écrit Montesquieu dans ses Pensées -          Montesquieu entend signaler par là que certaines tyrannies ne subsistent qu'en raison du fait qu'on les tolère. Ainsi, si on les considérait comme étant intolérables, il serait permis d'espérer qu'elles disparaissent. Faute de cela, elles subsistent. -          Par conséquent, peut-être est-il souhaitable d'admettre parfois qu'il existe de l'intolérable. Car certains maux sont absolus et ne peuvent être passés sous silence. -          En effet, lorsqu'on tolère tout et n'importe quoi, la tolérance devient un vice et se transforme en indifférence. -          L'indifférence nous prive de notre qualité d'être humain en ne nous permettant plus de compatir aux maux d'autrui. -          Elle est le fait de l'égoïste qui cherchera à tout laisser faire pour accroître son pouvoir personnel et en cela elle ne peut être louée. -          L'indifférence devient alors une façon parmi d'autres de se montrer intolérant en laissant ceux qui sont intolérants guider le monde à leur convenance.

Si l’on répond par l’affirmative à la question posée par le sujet, il devient difficile de prétendre que la tolérance soit une qualité en soi, une qualité à laquelle on pourrait toujours prétendre. Par ailleurs, répondre par la négative exigerait de redéfinir ce que veut dire « être tolérant «, car on comprend mal comment cela serait possible. En réalité, on peut considérer que le problème réside dans la confusion souvent faite entre la tolérance et le laisser-faire, ce qui nous amène à poser ce problème : être tolérant, est-ce tout accepter ?

« en indifférence. - L'indifférence nous prive de notre qualité d'être humain en ne nous permettant plus de compatir aux maux d'autrui. - Elle est le fait de l'égoïste qui cherchera à tout laisser faire pour accroître son pouvoir personnel et en cela elle ne peut être louée. - L'indifférence devient alors une façon parmi d'autres de se montrer intolérant en laissant ceux qui sont intolérants guider le monde à leur convenance. - « Si l'on est d'une tolérance absolue, même envers les intolérants, et qu'on ne défende pas la société tolérante contre leurs assauts, les tolérants seront anéantis, et avec eux la tolérance »souligne Popper dans La société ouverte et ses ennemis ). - Il faut donc, au nom de la tolérance, défendre également cette dernière pour qu'elle ne périsse pas. - Il semble donc que l'on doive admettre parfois qu'il y a de l'intolérable afin de conserver ses qualités humaines et permettre à la tolérance de continuer à exister. La tolérance inclut l'idée que la liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres, elle est lemoteur du respect. 3. - En réalité, le problème de fond ne serait-il donc pas celui du statut de la tolérance ? - « La tolérance ne devrait être qu'un état transitoire.

Elle doit mener au respect.

» (Goethe, Maximes et réflexions ) - Dans les faits, la tolérance ne doit pas être absolue, elle doit incarner un moment de réflexion nécessaire avant le jugement. - Ce moment de réflexion doit permettre l'avènement du respect, le respect qui s'incarne dans le fait que l'on traite « l'humanité aussi bien dans sa personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» (Kant, Fondements de la Métaphysique des Mœurs , deuxième section) Le devoir est une loi de la raison. «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dansta personne que dans la personne de tout autre toujours enmême temps comme une fin et jamais simplement comme unmoyen.» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs(1785). • L'impératif catégorique de Kant est distinct ducommandement christique quant à son fondement.

En effetle commandement d'amour du Christ vient de l'extérieur etest fondé sur un commandement antérieur qui prescritl'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantienvient, lui, de la raison.

C'est en nous-mêmes que nous letrouvons, comme une structure de notre propre esprit, quifonde notre moralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyonscontraints à nous y plier, mais il est en nous comme unerègle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actionssont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter lesautres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les«aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit«seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux ladignité humaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand onn'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel. - Ce respect, pour être complet, doit concilier ses exigences avec celles de la liberté, mais une liberté qui ne soit pas la liberté débauchée de celui qui ne suit que son désir, mais une libertéresponsable qui traite autrui comme une personne à part entière. - Cette liberté devrait donc respecter l'article IV de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autresmembres de la société la jouissance de ces mêmes droits.

» - Cette liberté ainsi que le respect sont les buts qui sont poursuivis à travers la tolérance. - Cela nous permet de concevoir de quelle manière l'on peut donc rester tolérant même si l'on admet parfois qu'il y a de l'intolérable.

Car être tolérant, c'est avant tout faire en sorte que lerespect et la liberté soient possibles. - En conséquence, si certains actes contreviennent à ces objectifs, alors il devient loisible de. »

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