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Pouvons-nous vraiment dire n'importe quoi, n'importe comment?

Publié le 30/06/2015

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·      Dans l'écriture automatique des surréalistes — et alors même qu'il s'agit d'y fixer la « dictée de l'inconscient« — on constate un respect de la forme grammaticale minimale (ce qui pose d'ailleurs de graves problèmes d'interpré­tation de cet automatisme). La pulsion brute paraît hors-langage (un peu à la façon dont l'acte authentiquement violent supprime momentanément la formulation linguistique).

   Toute image poétique paraît d'abord surprenante — particulièrement dans la poésie contemporaine. Cf. sa définition par Reverdy ou Breton : il s'agit de juxtaposer des « réalités « habituellement distinctes, et plus le rapprochement paraît d'abord arbitraire, plus l'image est forte (cf. les «beau comme« de Lautréamont). Mais cet apparent et temporaire « n'importe quoi « constitue en fait une exploration nouvelle de l'existence et finit par transformer notre conception du « réel « (lorsque les images se banalisent par un usage de plus en plus commun : que la passion soit « brûlante « ou « dévorante « ne surprend plus grand monde...).

 

   Parallèlement, lorsque des mots font défaut (dans un domaine scientifique par exemple), on a toujours la possibilité d'en constituer de nouveaux, pour désigner des aspects inédits du monde (c'est ce qui justifie aussi l'existence d'un vocabulaire technique de la philosophie : un terme nouveau suppose un concept également nouveau, dont la nécessité se fait sentir pour évoquer une démarche ou une analyse singulière. Ex.: la différance de Derrida).

« • Dans l'écriture automatique des surréalistes- et alors même qu'il s'agit d'y fixer la «dictée de l'inconscient'' -on constate un respect de la forme grammaticale minimale (ce qui pose d'ailleurs de graves problèmes d'interpré­ tation de cet automatisme).

La pulsion brute paraît hors-langage (un peu à la façon dont l'acte authentiquement violent supprime momentanément la formulation linguistique).

- Toute image poétique paraît d'abord surprenante- particulièrement dans la poésie contemporaine.

Cf.

sa définition par Reverdy ou Breton: il s'agit de juxtaposer des «réalités'' habituellement distinctes, et plus le rapprochement paraît d'abord arbitraire, plus l'image est forte (cf.

les «beau comme'' de Lautréamont).

Mais cet apparent et temporaire« n'importe quoi» constitue en fait une exploration nouvelle de l'existence et finit par transformer notre conception du« réel" (lorsque les images se banalisent par un usage de plus en plus commun: que la passion soit «brûlante» ou «dévorante" ne surprend plus grand monde ...

).

-Parallèlement, lorsque des mots font défaut (dans un domaine scientifique par exemple), on a toujours la possibilité d'en constituer de nouveaux, pour désigner des aspects inédits du monde (c'est ce qui justifie aussi l'existence d'un vocabulaire technique de la philosophie: un terme nouveau suppose un concept également nouveau, dont la nécessité se fait sentir pour évoquer une démarche ou une analyse singulière.

Ex.: la différance de Derrida).

III.

L'IMPOSSIBILITÉ DE «DIRE» - Qu'il soit usuel, poétique ou technique, le langage nous offre ainsi des possibilités de dire ce que l'on prétend énoncer.

Mais ce dire suppose toujours un rapport au sens: • soit déjà constitué (langage utilitaire, et majoritaire); • soit ouvert, à découvrir (langage poétique); • soit radicalement nouveau (langages techniques); et donc l'intention de mettre en circulation du sens et sa possibilité.

La circulation du sens implique la présence d'un interlocuteur (au moins potentiel).

- Lorsque cet interlocuteur est «nié••, le «n'importe quoi» ou le «n'importe comment» restent possibles (c'est même alors qu'ils prennent l'aspect le plus brutal du n'importe quoi ou n'importe comment authentiques, c'est-à-dire de l'incompréhensible), mais ils n'établissent plus aucune communication: • cas du délire pathologique, entièrement régi par des lois singulières, et qui reste hermétique pour autrui.

- Ne pas confondre une telle rupture du sens et de la communication avec des ruptures voulues et calculées (monologue de Lucky dans En attendant Godot, poèmes dadaïstes), qui correspondent à une intention de communiquer l'absence ou la suspension du sens par la construction (rigoureuse chez Beckett, aléatoire -du moins en principe- chez les dadaïstes) d'un n'importe comment apparent.

- Si ce qui est dit travaille dialectiquement avec ce qui est conçu (avant ou après le dire), l'irruption d'un n'importe quoi réel correspondrait à un langage privé de toute relation avec des concepts.

Cas déjà évoqués de la violence ou de la folie.

À l'inverse, l'incapacité de conception mène à ne rien pouvoir dire: en ce sens, la mort reste «indicible» et apparaît comme l'ultime obstacle au désir de dire n'importe quoi.

44. »

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