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Prendre conscience de soi, est-ce un mouvement sans fin ?

Publié le 23/02/2005

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conscience
En d'autres termes, que se passe-t-il lorsque la conscience cherche à se saisir elle-même ? Se trouve-t-elle une fois pour toute dans une réflexion immédiate (un retour sur soi instantané) ou bien est-elle sans cesse renvoyée hors d'elle-même et cela à l'infini ?     I - Descartes et la substance pensante  Dans les Méditations Métaphysiques, Descartes inaugure un certain type de prise de conscience de soi qu'illustre le Cogito. En effet, Descartes soumet ses connaissances à un doute radical, dans le but d'aboutir à une première vérité. Or, de cette pratique du doute ressort l'idée que l'acte même par lequel on doute n'est pas en soi douteux. Si je doute de tout, je ne peux résolument douter que je doute. Le philosophe en conclut qu'il doute forcément, c'est-à-dire qu'il pense (Cogito = Je pense). Comme son corps reste soumis au doute, la conclusion s'impose au philosophe de se considérer comme une substance pensante, susceptible de douter. Ainsi, la prise de conscience de soi renvoie à deux aspects de la conscience : 1° le soi est une entité déterminable et repérable, en l'occurrence la pensée elle-même ; 2° la prise de conscience consiste en un acte simple, celui du retour sur soi par la réflexion ou introspection. Cependant, la conscience de soi peut-elle se laisser cerner aussi aisément ?
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« Ainsi, c'est de ma confrontation avec toutes les autres consciences que surgit une certaine image de moi.

En effet, si je commets un actehonteux, dit Jean-Paul Sartre ( L'Être et le Néant ), je ne suis honteux que sous le regard (physique ou mental) d'autrui.

Si je mange du chocolat àoutrance, je ne me blâme ni me juge en le faisant ; toutefois, j'en conçois desremords sitôt que je songe à autrui. Pour prendre conscience de moi, je dois donc passer par autrui.

Celui- ci n'est pas celui qui me connaît le mieux, mais celui qui me renvoieperpétuellement à moi-même, puisque je suis ce que je suis uniquement sousson regard.

Je ne trouve pas en autrui une image toute faite de moi, mais ellese construit indéfiniment dans son regard. Sartre pose que la présence d'autrui est essentielle à la prise de conscience de soi.

Il en fait la démonstration par l'analyse de la honte.

J'aihonte de moi tel que j'apparais à autrui, par exemple si je suis surpris à faireun geste maladroit ou vulgaire.

La honte dans sa structure première est hontedevant quelqu'un.

Elle est immédiate, non réflexive.

La honte est un frissonimmédiat qui me parcourt de la tête aux pieds sans préparation discursive.L'apparition d'autrui déclenche aussitôt en moi un jugement sur moi-mêmecomme objet, car c'est comme objet que j'apparais à autrui.

La honte est, parnature, reconnaissance.

Je reconnais que je suis comme autrui me voit.

Lahonte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont inséparables.

Ainsi j'ai besoin d'autrui pour saisir àplein toutes les structures de mon être.

Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi et que je ne suispas.

La présence d'autrui explicite le «Je suis je» et le médiateur , c'est-à-dire l'intermédiaire actif, l'autre conscience qui s'oppose à ma conscience, c'est l'autre.

Le fait premier est la pluralité des consciences, qui seréalise sous la forme d'une double et réciproque relation d'exclusion : je ne suis pas autrui et autrui n'est pas moi.C'est par le fait même d'être moi que j'exclus l'autre comme l'autre est ce qui m'exclut en étant soi.Avec la honte nous sommes en présence d'un de ces exemples-types, qui, comme nous l'avons dit', font preuve.

Lamême analyse pourrait être faite, comme Sartre lui-même le suggère, sur la fierté ou l'orgueil, et ce serait un bon exercice pour le lecteur de la tenter.

Sur cette médiation entre moi et moi par l'autre, Sartre se reconnaît tributaire de Hegel, qui a montré, dans la Phénoménologie de l'Esprit, que la lutte pour la reconnaissance doit avoir pouraboutissement cette certitude : je suis un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

L'intérêt de la formulede Sartre , c'est qu'elle pose le problème d'autrui en deçà, en quelque sorte, de la question de la connaissance de soi et qu'elle en apparaît comme le fondement.

Conclusion : Ainsi, la conscience de soi ne peut être réduite à un acte simple et unique – la réflexion – qui se porterait sur une entité stable et déterminée.

Bien plutôt, la conscience doit se chercher indéfiniment puisque sa plus grandepartie nous échappe.

Qui plus est, la conscience se construit toujours en relation avec ce qui la constitue : lesautres consciences.

Le regard d'autrui est donc ce qui permet une prise de conscience par essence toujoursrenouvelée ; le soi se construit dans le jeu des consciences, c'est-à-dire l'intersubjectivité.

Il ne m'est pas donnéune fois pour toutes, mais se doit d'être construit et retrouvé sans cesse.

Dès lors, si prendre conscience de soi estun mouvement sans fin, c'est qu'il y a là un gage de liberté.. »

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