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Prendre conscience de soi, est-ce un mouvement sans fin ?

Publié le 23/02/2005

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Examinons successivement ces deux points.     II - Freud et l'inconscient   Pour Descartes, la conscience peut se saisir en elle-même et cela de manière transparente. Au sein de mon esprit, rien ne m'échappe, encore moins le fait d'être (« je pense donc je suis ») et d'être telle ou telle chose (« je suis une substance pensante »). Je peux alors me reporter sur le contenu de mes pensées, de mes désirs ou de mes volitions afin de prendre conscience de moi-même de façon claire et distincte. Si je désire manger du chocolat, je prends conscience de ma gourmandise, etc. Cependant, toutes les pensées et tous les désirs sont-ils susceptibles d'être repris dans l'introspection ? À l'inverse de Descartes, Freud montre comment une partie de la conscience échappe de fait à son éclairage. L'inconscient, partie de la conscience où se trouve refoulée partie des désirs et des pulsions, échappe à ma saisie consciente. Mieux, la conscience n'est qu'une infime partie de mon esprit en majeure partie inconscient. Selon une des topiques freudiennes, le « moi » côtoie le « surmoi » et le « ça » ; or, si je prends conscience de « moi », c'est désormais en ce que je laisse dans l'ombre l'essentiel de ce que je suis.

Le fait de prendre conscience de soi implique d’abord de s’entendre sur les termes en présence. En effet, si l’acte de prise de conscience est un acte simple devant se porter sur une réalité elle-même simple (le « soi «), alors il y a fort à parier qu’il ne renvoie en rien un mouvement sans fin.     Cependant, qu’est-ce que cela implique pour la conscience ? Un mouvement sans fin de la part de la conscience est-il en soi souhaitable ? C’est donc la notion de « soi « ainsi que la structure de la conscience qu’il s’agit d’interroger : celle-ci peut-elle se faire à la fois sujet et objet, sujet conscient de… et objet conçu par… ? En d’autres termes, que se passe-t-il lorsque la conscience cherche à se saisir elle-même ? Se trouve-t-elle une fois pour toute dans une réflexion immédiate (un retour sur soi instantané) ou bien est-elle sans cesse renvoyée hors d’elle-même et cela à l’infini ?

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« Ainsi, c'est de ma confrontation avec toutes les autres consciences que surgit une certaine image de moi.

En effet, si je commets un actehonteux, dit Jean-Paul Sartre ( L'Être et le Néant ), je ne suis honteux que sous le regard (physique ou mental) d'autrui.

Si je mange du chocolat àoutrance, je ne me blâme ni me juge en le faisant ; toutefois, j'en conçois desremords sitôt que je songe à autrui. Pour prendre conscience de moi, je dois donc passer par autrui.

Celui- ci n'est pas celui qui me connaît le mieux, mais celui qui me renvoieperpétuellement à moi-même, puisque je suis ce que je suis uniquement sousson regard.

Je ne trouve pas en autrui une image toute faite de moi, mais ellese construit indéfiniment dans son regard. Sartre pose que la présence d'autrui est essentielle à la prise de conscience de soi.

Il en fait la démonstration par l'analyse de la honte.

J'aihonte de moi tel que j'apparais à autrui, par exemple si je suis surpris à faireun geste maladroit ou vulgaire.

La honte dans sa structure première est hontedevant quelqu'un.

Elle est immédiate, non réflexive.

La honte est un frissonimmédiat qui me parcourt de la tête aux pieds sans préparation discursive.L'apparition d'autrui déclenche aussitôt en moi un jugement sur moi-mêmecomme objet, car c'est comme objet que j'apparais à autrui.

La honte est, parnature, reconnaissance.

Je reconnais que je suis comme autrui me voit.

Lahonte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont inséparables.

Ainsi j'ai besoin d'autrui pour saisir àplein toutes les structures de mon être.

Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi et que je ne suispas.

La présence d'autrui explicite le «Je suis je» et le médiateur , c'est-à-dire l'intermédiaire actif, l'autre conscience qui s'oppose à ma conscience, c'est l'autre.

Le fait premier est la pluralité des consciences, qui seréalise sous la forme d'une double et réciproque relation d'exclusion : je ne suis pas autrui et autrui n'est pas moi.C'est par le fait même d'être moi que j'exclus l'autre comme l'autre est ce qui m'exclut en étant soi.Avec la honte nous sommes en présence d'un de ces exemples-types, qui, comme nous l'avons dit', font preuve.

Lamême analyse pourrait être faite, comme Sartre lui-même le suggère, sur la fierté ou l'orgueil, et ce serait un bon exercice pour le lecteur de la tenter.

Sur cette médiation entre moi et moi par l'autre, Sartre se reconnaît tributaire de Hegel, qui a montré, dans la Phénoménologie de l'Esprit, que la lutte pour la reconnaissance doit avoir pouraboutissement cette certitude : je suis un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

L'intérêt de la formulede Sartre , c'est qu'elle pose le problème d'autrui en deçà, en quelque sorte, de la question de la connaissance de soi et qu'elle en apparaît comme le fondement.

Conclusion : Ainsi, la conscience de soi ne peut être réduite à un acte simple et unique – la réflexion – qui se porterait sur une entité stable et déterminée.

Bien plutôt, la conscience doit se chercher indéfiniment puisque sa plus grandepartie nous échappe.

Qui plus est, la conscience se construit toujours en relation avec ce qui la constitue : lesautres consciences.

Le regard d'autrui est donc ce qui permet une prise de conscience par essence toujoursrenouvelée ; le soi se construit dans le jeu des consciences, c'est-à-dire l'intersubjectivité.

Il ne m'est pas donnéune fois pour toutes, mais se doit d'être construit et retrouvé sans cesse.

Dès lors, si prendre conscience de soi estun mouvement sans fin, c'est qu'il y a là un gage de liberté.. »

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