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Principes de la Philosophie du Droit (§ 175, Remarque) - HEGEL

Publié le 23/03/2011

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La nécessité d'être élevé existe chez les enfants comme le sentiment qui leur est propre de ne pas être satisfaits d'être ce qu'ils sont. C'est la tendance à appartenir au monde des grandes personnes qu'ils devinent supérieur, le désir de devenir grands. La pédagogie du jeu traite l'élément puéril comme quelque chose de valable en soi, le présente aux enfants comme tel, et rabaisse pour eux ce qui est sérieux, et elle-même à une forme puérile peu considérée par les enfants. En les représentant comme achevés dans l'état d'inachèvement où ils se sentent, en s'efforçant ainsi de les rendre contents, elle trouble et elle altère leur vrai besoin spontané qui est bien meilleur.    Hegel.

Provenance du texte : Ce passage est extrait des Principes de la Philosophie du Droit (§ 175, Remarque), collection « Idées «, Gallimard, p. 210. On trouvera le texte original allemand chez l'éditeur Meiner (Hamburg) : Grundlinien der Philosophie des Rechts, p. 159.   

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« trois moments, le moment immédiat ou abstrait (la position), le moment proprement dialectique où s'opère le «travail du négatif » et enfin le moment spéculatif ou concret qui est celui du retour à soi.

Chez Hegel l'aliénation, oule devenir-autre, est la condition nécessaire du retour à soi.

Rien n'est plus puéril que le comportement de la « belleâme » qui « vit dans l'angoisse de souiller la splendeur de son intériorité » (Hegel, Phénoménologie de l'Esprit, t.

II,p.

189).

Cette belle âme se condamne elle-même à l'impuissance.

« Il lui manque la force de se faire soi-même unechose...

sa lumière s'éteint peu à peu en elle-même et elle s'évanouit comme une vapeur sans forme qui se dissoutdans l'air » (id., ibid.).

L'adulte est précisément celui qui a connu l'aliénation, qui a supporté le déchirement, qui estdevenu celui qu'il était en soi.

Ce que Hegel nomme le « pour-soi » n'est rien d'autre que le déploiement de P« en-soi» tout comme, dit-il dans la Logique, l'adulte est le déploiement de l'enfant. Chez l'enfant l'éveil à l'éducation se manifeste donc d'abord comme « tendance » et « désir ».

L'enfant souhaite «devenir grand » dit Hegel.

Pourquoi ? Parce qu'il sent avant même de l'apprendre que son état présent ne constitueprécisément que le premier pas vers l'état d'adulte.

Il a le désir d'échapper à l'immédiateté et ce désir se traduit audébut par l'envie de « faire comme les grands ».

L'imitation des adultes manifeste parfaitement cette envie.

Il y a làcomme un manque (d'où l'insatisfaction) qui met en branle le processus éducatif.

L'enfant va chercher à comblerl'inégalité qu'il ressent vis-à-vis de l'adulte.

Il entre ainsi dans le mouvement même de l'éducation.

Mais à ce stadede notre commentaire, il nous faut préciser le concept de l'adulte.

L'adulte c'est, selon l'étymologie, celui qui a finide grandir, celui qui n'est plus un adolescent (1).

La question qui se pose alors est de savoir quel sens on donne àl'achèvement qui caractérise l'adulte.

Nous aurons à revenir ultérieurement sur cette question, mais pour l'heurepoursuivons l'étude du texte. Hegel aborde à présent la critique de ce qu'il nomme « la pédagogie du jeu ».

Il faut savoir qu'à la fin du XVIIIesiècle et au début du XIXe, la question de la pédagogie est à l'ordre du jour.

Il faut aussi se souvenir quel'expression pédagogie du jeu semble en un sens s'appliquer parfaitement bien à l'enfant puisque les mots grecs pais(enfant), païdia (jeu) et païdéia (éducation) appartiennent à la même famille.

Il faut enfin se rappeler qu'en Grèceprécisément le pédagogue était à l'origine un esclave lettré chargé d'aller conduire les enfants à l'école.

Cesquelques précisions étant faites, voyons en quoi consiste la critique hégélienne de la pédagogie du jeu.

Cettedernière pêche non en faisant appel au jeu pour l'éducation des enfants et en particulier des petits, mais en faisantdu jeu une fin en soi.

Elle « traite l'élément puéril comme quelque chose de valable en soi », alors qu'il ne vaut quepar rapport à autre chose de supérieur.

Le jeu peut, dans certaines conditions bien précises, faire partie del'éducation, mais celle-ci ne doit à aucun prix se fonder sur lui.

Hegel estime qu'il y a une différence essentielle entreintégrer le jeu dans le mouvement même de l'éducation et risquer de désintégrer l'éducation en prenant pour seulebase le jeu.

C'est justement la confusion entre le moyen et la fin qui condamne toute pédagogie du jeu et qui faitdégénérer le ludique en puéril.

Le privilège accordé au jeu au détriment du sérieux, c'est-à-dire de ce qui va de pairavec l'élément proprement dialectique au sein duquel se répondent « la douleur, la patience et le travail du négatif »(Hegel, Phénoménologie de l'Esprit, t.

I, p.

18), ne peut que tourner en rond dans l'immédiateté.

La prétention de lapédagogie du jeu à court-circuiter ou à éviter la dialectique se leurre elle-même.

Les enfants, peut-être un tempsséduits, n'apprécient guère en général cette représentation puérile de tout ce qu'ils cherchent à imiter. Non seulement la pédagogie du jeu se trompe sur elle-même mais encore, elle risque fort de tromper les enfants.

Elleprend l'inachèvement qui est le leur pour quelque chose d'achevé et par là elle fixe et fige ce qui est en devenir.

Elletrouble et perturbe le cours de leur devenir-adulte en méconnaissant le désir d'« être grand » qui pour Hegelcaractérise, ainsi que nous l'avons vu, la vie enfantine en constituant du même coup le moteur de l'éducation.Lorsque dans la dernière phrase du texte Hegel déclare que la pédagogie du jeu s'efforce de rendre les enfants «contents », il ne pense pas tant à un état psychologique de bien-être qu'à la dimension philosophique de ladialectique.

Le troisième moment en effet, le moment spéculatif est celui de la Befriedigung, de la réconciliationaprès le déchirement du moment dialectique.

Prétendre contenter l'enfant, c'est-à-dire le rendre satisfait de sonétat qui pourtant secrète précisément son insatisfaction, revient à méconnaître le processus dialectique del'existence qui conduit l'homme en soi à devenir en-soi et pour-soi, qui fait de l'enfant un adulte. Dans ce passage ou plutôt cette médiation l'éducation donnée à l'école joue un rôle fondamental.

Il convient d'endire un mot avant de voir, au fil d'une analyse des concepts d'enfant et d'adulte reposant sur la dualité de l'achevéet de l'inachevé, les questions que pose cet extrait des Principes de la Philosophie du Droit Alors que la vie du jeuneenfant se passe au sein de sa famille, « l'école et la famille se partagent la vie de la jeunesse » (Hegel, Textespédagogiques, p.

110).

Quel est la caractéristique essentielle de l'école 7 « l'école est la sphère médiane qui faitpasser l'homme du cercle de la famille dans le monde, du rapport naturel du sentiment et du penchant dans l'élémentde la chose (du monde extérieur effectif] (id., ibidp.

108) ».

A l'école, l'enfant apprend que sa conduite ne relèvepas de l'arbitraire, des penchants et des caprices.

Il doit vivre avec les autres et acquérir un comportement social.« La totalité première de ses conditions de vie est disparue ; il appartient maintenant à deux sphères séparées, dontchacune ne revendique qu'un côté de son existence » {id., ibid., p.

109).

L'école n'est donc nullement une fin ensoi, mais la préparation indispensable à la vie de l'adulte.

« Les travaux de l'école n'ont pas leur fin complète en eux-mêmes, mais fondent seulement la possibilité d'une autre œuvre, de l'œuvre essentielle » (id., ibid., p.

111). Faut-il toutefois continuer aujourd'hui d'opposer l'adulte à l'enfant, le sérieux au jeu voire à la puérilité, de la mêmefaçon que le faisait Hegel ? N'est-il pas au contraire urgent de reconnaître à présent que « si des choses les plusinsignifiantes un chemin mène toujours vers la philosophie, il est permis de s'attendre à ce qu'une méditation sur lejeu, sur cette sottise des enfants, puisse bien ébranler un jour le savoir si sûr de lui des adultes » ? (Eugen Fink, LeJeu comme Symbole du Monde, p.

18).

Prenons précisément l'exemple de l'enseignement dans nos pays.

Prendrel'école comme un « rite de passage que nous acceptons comme allant de soi », c'est oublier « que cette institution. »

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