Progrès technique et contrôle

« III.

Les attitudes devant les découvertes scientifiques. 1.

Attitude intellectuelle. Faire la part entre la soif d'avancer, de faire reculer les limites de l'intelligence, de la condition humaine et l'éthiquescientifique : l'éternel fruit défendu de l'arbre... 2.

Attitude sociale. — La société doit-elle et peut-elle légiférer, interdire certaines recherches, enrayer les progrès ou tenter de lessuivre (cf.

les procédures d'adoption pour les enfants de mères-porteuses...) ? — Les pouvoirs politiques préconisent des limites en matière d'expansion industrielle et militaire (règlementsécologiques, limitation voire destruction de certains armements, interdiction de certaines armes chimiques ou decertains conditionnements comme les bombes-spray qui détruisent la couche d'ozone). 3.

Attitude des chercheurs eux-mêmes. — Continuer la recherche sans la vulgarisation ou l'application pratique ; — la limiter par des critères moraux ou religieux (position de l'Église vis-à-vis des mesures contre la stérilité ; — arrêter la recherche précisément pour des raisons morales ; c'est \a position du célèbre biologiste JacquesTestait qui explique dans son ouvrage L'Œuf transparent pourquoi il cesse son travail sur l'embryon.

« Je crois que lemoment est venu de faire une pause, c'est le moment d'autolimitation du chercheur.

[...] Moi, "chercheur enprocréation assistée ", j'ai décidé d'arrêter.

» Conclusion. Notre fin de siècle voit des innovations scientifiques et techniques susceptibles d'ébranler les données traditionnellesdu monde, de la nature et de la morale.

Le progrès rimerait-il avec peur ? Il ne s'agit pas de craindre le robotdevenu le maître de son créateur, mais d'avoir une vision prospective de la recherche et de ses applications.Industrie et pollution, médecine et humanité, biologie et identité génétique de l'individu concernent les chercheurs,les législateurs et les utilisateurs.

Proclamer la nécessité d'un « contrôle en retour » n'équivaut pas à une marche enarrière.

C'est montrer la dignité de la recherche et du chercheur, « c'est ressentir la nécessité comme charnelle departiciper à une réflexion multidisciplinaire sur le sens de la production scientifique ».

(Jacques Testait, L'Œuftransparent). »