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Puis-je connaître le point de vue d'autrui ?

Publié le 27/02/2005

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Un tel passage peut-il se faire sans porter préjudice à la subjectivité, à l'individualité ? (on sait bien que les régimes totalitaire ont pour credo : « l'état est tout, l'individu n'est rien »)   Problématique : comment est-il possible de connaître un point de vue qui, par définition, n'est pas le sien ? Comment parvenir à la connaissance d'un point de vue autre qui égale celle de mon point de vue ? Et réciproquement, puis-je faire connaître à autrui mon point de vue tel qu'il est pour moi-même ou suis-je condamné à être seul ?   1-      je ne dispose pas, par principe, des moyens de connaître le point de vue d'autrui   a)      le cogito ne peut s'énoncer autrement qu'à la première personne[1]. Le moi se définit par la conscience directe qu'il a de lui-même. Ainsi que le dit Descartes, j'ai avant tout la certitude d'être un sujet pensant ; ma pensée est ce qui se manifeste à moi avec le plus d'évidence (à tel point d'ailleurs qu'elle seule est capable de résister aux assauts du malin génie). Mais d'emblée, il semble alors impossible de rendre compte de l'expérience d'un autre moi : pour connaître un point de vue autre que le mien, pour éprouver comme conscience celle d'un autre, il faudrait que je sois moi-même cette conscience - ce qui, de fait, est impossible.   b)     le point de vue de l'autre peut être imaginé et non connu On voit donc que pour connaître le point de vue d'autrui, il faudrait, en quelque sorte, qu'autrui ne soit plus alter ego mais ego tout court- ce qui contredit sa définition. Du coup, il y a une distance qui sépare l'autre de moi, mais une distance qui n'est pas celle du « chacun ne pense que ce qu'il pense » : elle relève de la certitude que j'ai de mon être : cette certitude est supérieure à celle que je peux avoir de la pensée d'autrui.

Remarques sur l’intitulé du sujet :

·         « point de vue « renvoie ici à l’idée de perspective. Vocabulaire spatial. Ainsi la question porte sur la place du sujet en tant que corps. Ainsi l’un des enjeux du sujet sera la question de l’âme et du corps.

·          « Puis-je « renvoie à ce qui est possible. Or on distingue deux sortes de possibles : 1- ce qui est de fait réalisable (« puis-je « = « ai-je les moyens de… «) 2- ce qui est permis (« puis-je « = « ai-je le droit de… «).

·         Ici, la question du droit ne semble pas se poser dans la mesure où, moralement, il semble que connaître le point de vue de l’autre soit un devoir ; en effet, 1- je ne vis pas seul et ne peux donc me contenter de mon seul point de vue, sans jamais, tenir compte du point de vue d’autrui 2- le point de vue de l’autre a pour enjeu la connaissance a) que j’ai de moi-même [Cf. les analyses de la psychanalyse : le Je se construit par expérience de l’altérité, d’une différenciation entre le moi et le non-moi] b) la connaissance en général (objectivité comme accord inter-subjectif et la vérité comme dépassement des opinions particulières [Cf. importance du dialogue chez Platon] )

·         La question du fait sera donc première : autrui étant celui qui n’est pas moi, comment puis-je parvenir à connaître son point de vue ? De quels moyens puis-je disposer pour franchir la distance qui nous sépare, c’est-à-dire minimiser son altérité (l’autre étant ce lui qui est étranger à soi) ?

·         Cependant, on voit alors aussi que la question du droit n’est pas à éluder : en admettant que j’ai la capacité de connaître le point de vue d’autrui, le problème sera : puis-je connaître le point de vue d’autrui sans réduire son altérité, sans nier ce qui fait sa spécificité par rapport à moi ? En un mot, peut-on ramener plusieurs « Je « à un « nous « ? Un tel passage peut-il se faire sans porter préjudice à la subjectivité, à l’individualité ? (on sait bien que les régimes totalitaire ont pour credo : « l’état est tout, l’individu n’est rien «)

 

Problématique : comment est-il possible de connaître un point de vue qui, par définition, n’est pas le sien ? Comment parvenir à la connaissance d’un point de vue autre qui égale celle de mon point de vue ? Et réciproquement, puis-je faire connaître à autrui mon point de vue tel qu’il est pour moi-même ou suis-je condamné à être seul ?

« je peux connaître l'autre en ce que lui et moi sommes également des êtres passionnels : « les passions sont si contagieuses qu'elles [...] produisent des mouvements correspondants dans tous les corps humains ».

Le point devue de l'autre, la place qu'il occupe dans le monde peut devenir mienne et m'être connu pour autant que son pointde vue, au moyen des passions qu'il comprend, peut me « contaminer ».

Mais comment ? b) la sympathie :Hume dit bien que le point de vue de l'autre n' est pas le mien, mais le devient .

Ainsi, il ne nie pas que l'autre est autre et que je suis moi.

Mais il soutient que les passions ressenties « opèrent sur nous en contrariant ou enaugmentant nos passions exactement de la même manière que s'ilsprovenaient originellement de notre disposition et de notre tempérament ».Autrement dit, je peux me faire une idée du point de vue de l'autre mais quine soit pas une idée inférieure à celle que j'ai de mes propres expériences. Il faut pour cela que j'interprète les signes sur le corps de l'autre . Exple : larmes ; je me forme une idée de la cause de ces larmes (la tristesse)et, en même temps que se forme une idée du sentiment de l'autre, je ressensaussi une impression vive de moi-même : mon esprit établit un lien entre l'idéedu sentiment et l'impression qui correspond à ce sentiment déjà vécu et ainsi,se produit un transfert de vivacité de mon sentiment sur celui de l'autre ; voyant l'autre pleurer, je sais qu'il est triste. Transition : · Si l'analyse de Hume a pour avantage de nous sortir du solipsisme cartésien (affirmation d'une solitude principielle de la conscience), elle a pourcontre-partie la mise entre parenthèse de la spécificité du point de vue del'autre : pouvant le connaître, je n'en suis plus distinct. · De plus, elle n'annule pas totalement les présupposés cartésiens (Cf. notion de « signes ») · Problème : de quel droit poser chaque point de vue particulier comme substituable l'un à l'autre ? · Difficulté : connaître le point de vue de l'autre sans le réduire au mien, c'est-à-dire conserver l'altérité sans la poser comme un obstacle à la connaissance. [1] S'expliquant sur sa formule « je pense donc je suis » et insistant sur le fait que le « donc » n'est pas l'indice d'unraisonnement (pensée et être sont une même chose), Descartes dit bien que la prémisse majeure supposée « toutce qui pense est » ne peut être prouvée.. »

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