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Pulsions et caractère nous déterminent-ils ?

Publié le 25/01/2004

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L'involontaire absolu : que faut-il comprendre par cette expression, si l'absolu est ce qui est sans relation, ce qui contraint sans laisser prise à nos moyens d'action? Ricoeur énumère trois grandes catégories : le caractère, l'inconscient, les conditions biologiques. Cet «involontaire absolu» est dissimulé.Quelle est la puissance de ces éléments involontaires? Peut-on les considérer comme des causes de nos actes, causes déterminantes? Pour le savoir, il faut d'abord connaître la nature de ces réalités internes, tendances, pulsions, désirs. La psychologie contemporaine pose leurs produits comme inconscients ; mais ce mode d'être en fait-il des causes internes qui nous détermineraient? Quel sens le principe scientifique du déterminisme pourrait-il prendre ici? Une «cause» intérieure à une personne humaine peut-elle être en elle un élément étranger, semblable à une contrainte externe?1.

« une perfection moindre).«Tendance spontanée et consciente vers une fin connue ou imaginée », telle est la définition du désir duVocabulaire de la philosophie de Lalande.

La finalité générale qui se trouve en tout désir, c'est être, et même être lemieux possible ; Aristote disait : il ne s'agit pas seulement de vivre, mais de bien vivre (= être heureux).

Cettetendance de base, fondamentale, s'exprime dans diverses directions correspondant à la complexité de notre être,qui veut non seulement continuer à vivre, mais aussi aimer, savoir, faire, etc. 2.

Tout ce qui précède reste universel.

Or, en fait, ce n'est pas l'« Homme» qui existe, mais des hommes.

Lanature humaine possède ses propriétés générales, qui se retrouvent en chacun sous des formes particulières.

Leparticulier, c'est l'individu réel, qui a son propre corps, son tempérament, son caractère, son histoire.

Chacun désirele bonheur, mais se trouve souvent dans une condition pénible, douloureuse, pas seulement du fait descirconstances, mais en raison de drames intérieurs, d'obsessions, d'insatisfactions.

Certains en sont malades, sansque les microbes ou quelque accident en soient causes.C'est ici que nous rencontrons les psychopathologies plus ou moins graves.

Quand elles ne vont pas jusqu'au délireou à la fermeture complète sur soi, ces souffrancespsychiques, aujourd'hui, sont souvent exposées aux psychanalystes.

A l'origine de ces sortes de traitement, il y aFreud.

Médecin viennois (1856-1939), il a suivi d'abord l'enseignement du psychiatre Charcot (1825-1893), qui, à LaSalpêtrière, pratiquait l'hypnose pour traiter les hystériques.

Freud part d'un autre principe : il pense que lesphénomènes pathologiques ont pour cause le refoulement d'une tendance, provoqué par un conflit intérieur.

Un telrefoulement était inévitable, parce que le moi se sentait impuissant devant la violence interne de la tendance (qu'ilappelle «pulsion» : Trieb, en allemand).Le conflit s'impose, le «patient» doit le supporter, parce qu'il n'a aucune prise sur lui : la pulsion, que Freudconsidéra d'abord comme de nature sexuelle (Éros), avant de croire aussi déceler une «pulsion de mort» (Thanatos),a exercé sa violence intérieure ; c'est pourquoi le sujet ne pouvait pas lui échapper : il s'est réfugié dans lerefoulement, qui était aussi inéluctable que la tyrannie pulsionnelle. 3.

Cette théorie donne l'impression d'un déterminisme interne.

Au reste Freud voyait dans la toute-puissance deces forces «la suprême humiliation de l'homme».On objectera qu'il y a des personnes qui ne subissent pas de telles atteintes : sans être parfaitement heureuses, nesemblent-elles pas s'accommoder d'elles-mêmes, vivre dans une sorte de tranquillité? Le psychanalyste répondraqu'elles ne sont pas moins déterminées par leurs tendances, mais que les circonstances font qu'elles n'en souffrentpas.D'un autre côté, et selon un point de vue tout différent de celui de la psychanalyse, il est évident aussi que chacund'entre nous a son caractère (ce mot signifie d'ailleurs «marque particulière »).

Une branche de la psychologie, lacaractérologie, a fait récemment un inventaire de ces types, retrouvant un enseignement qui remonte à Hippocrate,Théophraste, Galien, et qui a été développé par de nombreux auteurs au xixe siècle.

Quand on feuillette les livresqui traitent de caractérologie, n'a-t-on pas l'impression que les données personnelles propres à chacun déterminentses réactions ? Par exemple : un « émotif» sera vivement ébranlé, malgré lui, par une anicroche qui laissera froid un«non-émotif».

Là encore, le sujet ignore ce qui le pousse intérieurement, et il ira même peut-être jusqu'à jugeranormale, voire malveillante à son égard la réaction opposée à la sienne.Ainsi, pulsions et caractère nous détermineraient, et cela d'autant plus que nous l'ignorerions. 2.

Le problème des déterminations internes 1.

Freud, après avoir été subjugué par Charcot, s'aperçoit que l'hypnose, qu'il a pratiquée quelque temps, n'estpas le moyen efficace de guérir les hystériques : le refoulement demeure.

Pourquoi ne peut-il pas être supprimé parl'hypnose? Les Études sur l'hystérie (1895) exposent la découverte que Freud estime avoir faite : le moi faible, enconflit avec la pulsion qui le domine, fuit dans le refoulement : les représentations sexuelles (ou fantasmes) qui leharcelaient n'ont pas disparu, elles sont enfouies dans l'inconscient.

De là elles exercent leur force tyrannique enproduisant les effets dont souffre le sujet : obsessions, cauchemars à répétition, impuissances diverses, phobies,etc.Il croit alors que c'est Éros (la pulsion sexuelle) qui est la cause de ces effets (refoulement, névrose).

Dans ses Cinqpsychanalyses il expose le cas d'un de ses malades, 1«( Homme aux loups », qu'il a reçu pendant quatre ans (1910-1914); c'était un aristocrate russe, douloureusement atteint par des troubles psychiques divers.

Non seulement la«cure psychanalytique» dirigée par Freud n'a pas amélioré son état, mais les hypothèses de Freud au sujet del'événement déclenchant ont varié ; de plus ce malade passera le reste de sa vie à se faire psychanalyser par huitautres personnes, chacune ayant sur lui sa propre hypothèse.

Avant de mourir, il y a quelques années, il a racontél'histoire des entreprises qu'il a subies ; on peut alors constater combien ces pratiques sont diverses, ambiguës.

Soncas est loin d'être isolé, et nous avons maintenant de nombreux témoignages qui vont dans le même sens.

Ces faitsconduisent à voir la fausseté de la thèse selon laquelle une pulsion toute-puissante déterminerait les phénomènespathologiques.

Ce qui est en question, ce n'est pas l'existence de représentations inconscientes, c'est la«causalité» attribuée à la pulsion.Le premier aspect de cette question, c'est la thèse de l'unicité de la tendance pulsionnelle.

En effet, Freud lui-mêmecroira découvrir en 1920 une autre pulsion, qui serait un «instinct de mort» (Thanatos), nous poussant versl'anéantissement.

D'autres psychologues mettront en lumière des pulsions autres : ainsi un contemporain, Bowlby,en étudiant avec précision la conduite des enfants, a trouvé une «pulsion primaire» (= ne dépendant pas d'uneautre), l'attachement (mouvement interne qui pousse vers autrui : d'abord la mère, puis les proches, puis d'autresêtres, indéfiniment) ; ce terme moderne désigne la philia (lien général d'amitié envers tout être humain), décrite parAristote, dans l'Éthique à Nicomaque (livre VIII).

De nombreuses autres tendances existent : progresser, connaître,. »

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