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Que nous apporte l étude de l histoire ?

Publié le 19/09/2015

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histoire

A côté de ce sens du relatif qu’elle donne et en relations avec lui, l'Histoire apporte aussi le sens du temps. Tous les phénomènes historiques se placent et se déroulent dans le temps. Le temps est véritablement la dimension de l’Histoire. Les siècles, les millénaires même, se déroulent sous les yeux de l’historien; pour lui, le passé garde ses vraies dimensions, alors que, pour le profane, il semble s’aplatir, perdre tout relief. Il nous souvient de l étonnement d’un jeune homme, grand admirateur de la civilisation médiévale, lorsque nous lui fîmes réaliser qui’il a coulé plus de temps entre la mort de saint Louis et celle de Jeanne d’Arc qu’entre la prise de la Bastille et aujourd’hui. Il ne manquait certes pas de connaissances historiques, mais n’avait pas réalisé cette présence de temps dans l'Histoire.

 

Habitué à voir les événements se dérouler ainsi de façon temporelle, l’historien est plus apte qu’un autre à considérer le temps comme une des dimensions de toute vie, comme une dimension nouvelle qui doit modifier l’aspect de toutes choses. Il sait que la vie de l’homme comme celle des Etats a besoin du temps pour se réaliser, que le temps est nécessaire, que, suivant le proverbe, il n’épargnera pas ce que l’on aura fait sans lui. L’Histoire apparaît ainsi comme une école de patience et de sagesse. Qui l’a étudiée et méditée sait qu’il est vain de vouloir aller trop vite, doubler les étapes, que les plus grands génies ont eu besoin de beaucoup d’années pour réaliser leurs œuvres. Il sait aussi que le monde change avec le temps, qu’il n’est pas de situation acquise que le temps ne vienne modifier, de problème dont les données se changent avec le temps. L’Histoire n’est Bans doute pas la seule science capable de nous donner ce sens du temps : la géologie, par exemple, le peut aussi, comme l’a fort bien noté Termier. Mais aucune science ne peut, aussi bien que l’Histoire, nous apprendre l’importance du temps dans la vie de l’homme.

histoire

« général et l'expérience physique ou chimique peut être recommencée aussi souvent que l'on veut.

En histoire, les eXJpériences ne se recommencent pas; sans doute, des circonstances analogue·s amèneront-elles des événements analogues, mais, de ces événements analogues, il sera impDssible d'abstraire un caractère général en oubliant ce qu'ils ont de singulier.

Dans le domaine des sciences mathématique-s ou phys:ques, il est pos·sible d'échafauder des théDries hors de toute expérience directe, ou encore de déduire certains faits à partir des lois connues, on même de les déduire d'hypothèses nou­ velles sans rapports avec 1 'expérience.

C'est ainsi que sont nées les gé-o­ métries non euclidiennes, aujourd'hui si utiles aux astronomes.

Rien de tel en Histoire, les faits y échappent à toute déduction rationnelle, à toute hypothèse tant soit peu détachée de l'expérience.

Les philosophes n'hé.si­ tent pas, afin d'envisager un problème sous tous les angles possibles, à supposer des conditions totalement différ·enles de celles de la réaJ:té afin de voir ce qui en découlerait.

Ce procédé de pensée est inadmissible en Histoire.

Celle-ci ne connaît pas de " futuribles n, 1 'historien n'a pas il connaitre des «si "· Est Histoire ce qui est, non ce qui aurait pu être.

Evidemment, « si >> Alexandre avait vécu vingt ans de plus, « si " Napoléon n'avait pas exis·té, «sin Hitler ...

, le cours de l'Histoire aurait été diffé­ rent de ce qu'il est, mais l'h:storien n'a pas à s'en occuper.

Il pourrai! facilement prendre pour mot d'ordre la phrase de 1 'Evangile : «Est est, non non.

n Cette habitude qu'a 1 'historien ou le familier de 1 'Histoire de considérer des faits qui s'impo·sent à lui et contre quoi échouent tous les raisonne­ ments, lui donne une préc:ense qualité : la fidélité au réel vu en fnce et accepté.

Devant un événement, il ne cherche pas à discuter, à raisonner.

à ruser, il l'accepte tel quel et en tient compte, sacrifiant sa théorie démentie par le fait plutôt que de nier celui-ci.

Cette attitude d'esprit a été fort bien exprimée par BERDIAEV : « On ne discute pas contre une éruption volcanique.

» Bien ·sûr, 1 'Histoire n'est pas seule à enseigner cette fidélité au réel, mais il n{)US suffit de savoir qu'elle l'enseigne.

* * * L'Histoire, av·ons-nous dit, d{)nne à qui la pratique le sens du fait singu­ lier, mais aussi le sens du relatif.

Vue de très haut, 1 'histoire univer,selle apparaît comme un gigantesque tourbillon de civilisations', d'empires, d'Etats, qui naissent, crois·sent, dis,paraissent lentement ou brusquement, se dévorent mutuellement, éblouissent par leur splendeur avant de tomber dans le néant.

Que de villes jadis prospère·s et belles dont il ne subsiste que de vagues restes ensevelis -sous les sables ! Que de peuples qui, jadis, dominèrent le monde et dont aujDurd'hui le nom seul est à peine c•onnu de,s spécialistes ! Les grandeurs humaines .semblent bien petites à 1 'histo­ rien qui les contemple avec le recul du temps et bien éphémères le-s plus durables puissances.

Que restera-t-il dans mille ans des plus grandes puis­ sances actuelles P Le souvenir ·sans doute, mai-s peut-être pas beaucoup plus.

L'historien sait que les civilisatiülls sont mortelles et que point n'est besoin pom les faire disparaître de catastrophes inouïes; le seul rythme de la vie du monde y suffit.

Il ·sait que tout sur notre terre est fragile, transitoire, condamné à périr avant même que d'exister.

Il sa:t que le ~onde est déjà vieux, que beaucoup de choses déjà {)nt été pensées ou d1tes, que nos contemporain·s s'imaginent décmiVrir.

II S·ait que les plus. »

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