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Que veut-on dire lorsqu'on définit l'homme comme un être historique ?

Publié le 16/02/2011

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• Qu'est-ce qui a pu amener à penser l'homme comme un être historique ? — La pensée philosophique (cf. l'Antiquité) a d'abord tenté de nier le temps, de comprendre l'homme par référence à l'éternité (le vrai c'est l'être et l'être ne devient pas). « L'homme « n'est alors nullement conçu comme un être historique. — La pensée judéo-chrétienne n'a-t-elle pas ouvert la voie à une conception de « l'homme « comme être historique dans la mesure où elle concevait le temps comme ayant un commencement et une fin, et donc un sens? Ne convient-il pas cependant de remarquer que la pensée judéo-chrétienne, même si elle permettait de donner sens au temps, n'a pas permis par elle-même de concevoir « l'homme comme être historique «.

« REMARQUES PRÉLIMINAIRES • Nature de la question posée. La formulation du sujet appelle un double effort: dégager les niveaux de signification de l'expression « être historique» et montrer sur quoi repose le problème ainsi explicité et précisé. • L'enjeu philosophique et les références utilisables. L'homme n'est devenu que tardivement un objet de réflexion pour lui-même.

Si les interrogations philosophiquestraditionnelles partent de l'existence humaine saisie comme une donnée, pour évaluer son statut dans l'univers, sespossibilités de connaissance ou d'action, elles ne posent que très rarement le problème de la formation de l'hommelui-même, de sa genèse historique.

Indépendamment des représentations religieuses qui substituent une théorie dela création à ce problème, l'affirmation de l'existence d'une « nature humaine » prédéfinie ne semble pas avoir étéréellement mise en question jusqu'à une époque récente.

Le XVIIIe siècle lui-même, que l'on prend souvent _ et àtort - pour le siècle de l'histoire, continue à poser les problèmes en termes de « nature humaine », même si lesproblématiques de l'origine (Rousseau) s'efforcent de dissocier, en une démarche de déduction théorique, la nature«première» de l'homme et ce qu'elle est devenue historiquement.

Mais le statut de l'histoire réelle reste encore floudans cette perspective, dans la mesure où l'on tend à la ranger encore dans l'ordre de l'accidentel, de ce qui estextérieur à l'essence, voire de la contingence, tout en lui reconnaissant tout de même un rôle important dans lacondition effective de l'homme.

La conciliation entre une problématique de l'origine et du fondement (Rousseau etKant) et une prise en charge de l'histoire réelle comme processus constitutif reste difficile à opérer tant quel'affirmation première du libre-arbitre fondamental de l'homme permet de dissocier le fondement et le devenirtemporel, ce dernier restant aléatoire et contingent, puisqu'il aurait pu ne pas être si le libre-arbitre de l'homme enavait décidé autrement (cf.

sur ce point Rousseau: Discours sur l'origine de l'inégalité et Kant : La philosophie del'histoire, Éditions Gonthier-Médiations).

On comprend que le fait de penser l'homme comme un produit de l'histoireimplique du même coup un abandon des problématiques du fondement, de l'origine, et du libre-arbitre essentiel.

Ledualisme de la substance et des accidents, du fondement originel et de l'aventure temporelle, est alorsdéfinitivement abandonné: c'est avec Marx et Engels que s'accomplit ce renversement, qu'Althusser a appelé «rupture épistémologique » dans la mesure où il inaugure un type de problématique radicalement nouveau(matérialisme dialectique).

L'histoire réelle devient constitutive.

Il n'y a plus d'Homme essentiel, ni d'« essencegénérique» (expression de Feuerbach) mais une diversité de conditions concrètes d'existence, déterminant unediversité des hommes eux-mêmes.

On peut suivre la démarche de ce renversement de problématique dans troistextes célèbres: les Thèses sur Feuerbach de Marx; la première partie de L'idéologie allemande de Marx et Engels; lafin de la philosophie classique allemande ^'Engels.

(Éditions Sociales, « Classiques du marxisme »). ANALYSE DU SUJET • La formulation de la question. Deux particularités de l'énoncé doivent être prises en considération : d'un côté, la référence à une définition, del'autre l'expression « être historique ». — La définition d'une réalité ou d'un phénomène donné consiste à énoncer ses propriétés distinctives, c'est-à-direles caractéristiques qui permettent à coup sûr de l'identifier et de rendre compte de sa spécificité.

Peut-on définirl'homme? Si oui, peut-on le définir à la manière d'une chose, d'un phénomène matériel ? Les attributs distinctifs del'homme sont-ils comparables aux propriétés d'un corps? etc.

[raison de cette problématisation : ce qui semblepremier et même fondateur chez l'homme, c'est son activité ou praxis.

Les effets de cette activité originaire sontmultiples.

Peut-on donc définir précisément l'homme en général, sans tenir compte des modalités particulières de sonactivité?]. — l'expression « être historique » peut être saisie de deux points de vue : celui de l'avoir et celui de l'être.

On peutdire d'un être dont l'existence est historique qu'il est lui-même historique; mais on le dira surtout d'un être qui estproduit, façonné par l'histoire (point de vue génétique).

Ce sont les deux nuances que Maison semble dissocierlorsqu'il écrit la phrase déjà citée: «l'homme n'a pas de nature; il a ou plutôt il est une histoire».

Cette distinctionrejoint en fait le problème de la définition évoqué plus haut (si l'on définit l'homme comme un être historique, veut-on dire par là qu'il ne se définit que par son histoire, que celle-ci est constitutive?). • Esquisse de cheminement ordonné, avec passages développés.. »

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