Devoir de Philosophie

Qu'est-ce que la justice ?

Publié le 01/08/2004

Extrait du document

justice

Il ne s'agit pas de considérer la qualité des parties, mais le délit. Or le code ne s'applique pas tout seul ; il faut, pour appliquer l'universalité de la loi à la singularité du cas, l'acte de juger, de rectifier (selon l'image implicite du droit) en tenant compte des circonstances, en appréciant. Aussi, venir devant le juge, est-ce venir devant la justice vivante. La peine prononcée a quelque chose d'une indemnité réparant autant que faire se peut l'échange injuste imposé à la victime. La justice dans les échanges économiques a quelque chose de la justesse. On échange des choses utiles, des services. L'échange peut-il tendre à la justice, quand les circonstances sont hétérogènes ? Comment rendre égaux des biens échangés qui diffèrent qualitativement ? Le cordonnier devra-t-il fournir au maçon une quantité de chaussures dont celui-ci n'aura pas l'usage en toute une vie ? La monnaie est instituée ; son nom le dit bien, nomisma signifie la « chose légale «, mais aussi « ce qui assure le partage « (de némô, partager).

justice

« c'est cette organisation harmonieuse qui caractérise la justice.

Tout en bas oeuvrent les artisans ; les guerriersveillent à la sécurité de la communauté (ils représentent la sphère sociale intermédiaire) ; enfin, tout en haut, lesphilosophes gouvernent, car ils possèdent la sagesse.Cette harmonie de la cité reflète l'Idée' même de justice, c'est-à-dire l'ordre supérieur des essences', le mondeplatonicien des réalités idéales. III - L'anneau de Gygès S'il veut ordonner la communauté et faire triompher l'idée même de justice, Platon n'oublie jamais que, dans la citéconcrète des hommes, celle qu'il a vécue à Athènes, la justice représente bien souvent un effet de contrainte puret simple.

Ainsi Glaucon, le contradicteur de Socrate dans la République, affirme-t-il que la justice est un pur effetde la contrainte.

Si le juste et l'injuste recevaient en même temps cet anneau de Gygès rendant invisible celui qui leporte, ni l'un ni l'autre ne résisteraient au désir d'aller jusqu'au bout de leur pouvoir et de leur puissance.

Dans la'plupart des cas, on ne pratique la justice que par incapacité de commettre l'injustice.

Nul n'est juste par choix, maisbien par contrainte.Si, dans notre monde, la justice n'est qu'un pis-aller, il faut, pense Platon, se tourner vers la lumière de l'Idée mêmede justice.

Cette essence de la justice garde un privilège absolu et doit orienter la cité juste de la République, citéharmonieuse et ordonnée. IV - Vers l'idée de l'égalité des personnes Ainsi, chez Platon, l'idée de justice est celle de l'harmonie, non point encore celle d'une égalité idéale.

Aristote à sasuite, introduit déjà une certaine notion de l'égalité.

Mais c'est surtout avec le christianisme que tout change : eneffet, si les conditions sociales varient, les âmes immortelles sont absolument égales devant Dieu.

Le christianisme adonc opéré une révolution morale considérable, en mettant en évidence l'égalité en droit des personnes humaines,pour lesquelles le Christ s'est sacrifié et dont il a obtenu le salut possible.

Dès lors, l'âme d'un roi est virtuellementégale à celle de son serviteur situé tout en bas de la hiérarchie sociale.Ainsi naît l'idée de l'égalité des personnes, centre même de la justice à notre époque.

Mais il faut approfondir cetteidée et bien en saisir la signification. V - La justice comme égalité virtuelle Mais, nous rétorquera-t-on, cette idée de la justice comme égalité des personnes est rigoureusement absurde etcontraire à l'expérience, car les individus diffèrent profondément tant par leurs aptitudes et leurs dons que par lesconditions historiques et sociales qui sont leurs.Cette critique nous permet de dissiper une équivoque.

Le moraliste ou le philosophe qui mettent au centre de leursanalyses l'idée de justice n'affirment nullement une égalité de fait, mais bien une égalité de droit tous les hommessont égaux en droit, tous ont droit au même traitement dans la cité, à l'éducation, à l'instruction, au savoir, même siles intelligences ou les dons sont inégalement partagés et répartis.

Cette égalité civique, qui se réfère sans le dire àl'égalité chrétienne des âmes et des personnes, a précisément pour but de pallier les inégalités qui règnent de factodans la société.La justice représente, par conséquent, l'idée d'une certaine égalité, au moins virtuelle.

Le démocrate` est celui quitend à organiser une politique en fonction de cette égalité virtuelle et de droit, se référant aux personnes. VI - Kant Kant, dans cette perspective, nous aide à construire correctement la notion de justice.

La justice est d'abord, chezKant, le respect de la personne.

Elle se fonde sur l'éminente dignité de la personne humaine.

En mettant au centrede sa réflexion morale l'idée de la personne raisonnable, c'est-à-dire d'un sujet de droit, Kant nous a permis de mieuxdéfinir la notion de justice.

Elle est le respect de la dignité humaine, en toute circonstance.

Être juste, n'est-ce pas,fondamentalement, traiter l'humanité comme une fin, et chaque personne comme une valeur absolue?«Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» (Kant, Fondements de lamétaphysique des moeurs)Ainsi, dans les Fondements de la métaphysique des moeurs, en distinguant les choses et les personnes, Kantélabore-t-il le fondement et le soubassement d'une théorie de la justice.

Être juste, c'est respecter l'éminentedignité des personnes.«La valeur des objets que nous pouvons acquérir par notre activité est toujours conditionnelle.

Les êtres dontl'existence dépend, non de notre volonté, mais de la nature, n'ont aussi, si ce sont des êtres dépourvus de raison,qu'une valeur relative de moyens.

C'est pour cela qu'on les appelle des choses; au contraire, les êtres raisonnablessont appelés personnes, parce que leur nature même en fait des fins en soi, c'est-à-dire quelque chose qui ne peutpas être employé simplement comme moyen.

» (Kant, op.

cit.) VII - Proudhon, définition moderne de la justice la justice, c'est l'égalité En quoi consiste la justice? Proudhon nous en propose une définition complémentaire.

L'homme perçoit la dignité dela personne en lui comme en son semblable.

La justice résulte de cette saisie de l'éminente dignité de tous leshommes, indépendamment des qualités individuelles de chacun.

Chaque homme possède une égale dignité.

La justicen'est rien d'autre que la saisie d'un rapport d'égalité résultant de l'identité de la raison chez tous les hommes.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles