Devoir de Philosophie

« Qu’est ce que les lumières ? » d’Emmanuel Kant: la paresse et la lâcheté

Publié le 30/04/2011

Extrait du document

kant

Ce texte est extrait de l’œuvre intitulée « Qu’est ce que les lumières ? « d’Emmanuel Kant (1724-1804). Le philosophe y aborde le principe aussi inconcevable que paradoxal de domination volontaire et de contrôle d’une minorité de personnes envers une majorité. En effet, certains hommes, tel des « mineurs «, par paresse, par lâcheté et par facilité préfèrent se soumettre et dépendre d’autres hommes (les « tuteurs «) plutôt que de rechercher leur liberté de penser. Kant déplore cette situation de dépendance avec ironie, suggérant alors un dépassement possible vers l’accès à la majorité car selon lui tous les hommes sont capables de devenir libres pour peu qu’ils fassent preuve de courage, d’effort et de persévérance face aux obstacles et à la difficulté. Comment se fait-il que la plupart des hommes stagnent dans cette « minorité « refusant de faire l’effort de penser par eux-mêmes alors qu'ils sont depuis longtemps en âge de le faire ? Pour résoudre ce problème, l’auteur évoque un fait ; à savoir que le plus grand nombre d’homme reste enfermé dans cet état de « minorité « puis il analyse ce constat. Pour ce faire, il énonce la paresse et la lâcheté comme les deux causes d’un double effet : la facilité avec laquelle la majorité des hommes délèguent leur capacité de penser à des « tuteurs « et la facilité avec laquelle une minorité d’hommes, les « tuteurs «, profitent de la situation. La stratégie de Kant consiste donc à exposer sa double thèse puis à analyser successivement chacun des deux aspects pour finalement en déduire qu’il est possible de sortir de cet état. Néanmoins, il reconnaît le caractère exigeant et difficile que cela demande. 

kant

« D'autre part, la paresse et la lâcheté sont aussi les causes du fait " qu'il est si facile à d'autres de se poser commeleurs tuteurs ".

Puisque la minorité de certains hommes engendre inévitablement la domination des tuteurs pour qui ilest facile de prendre le contrôle d'êtres paresseux et lâches.

Les mineurs participent donc en grande partie à leurcondition, la facilité est d'ailleurs explicitement évoquée : « Il est si confortable d'être mineur !».

Kant marque alorsle début de son argumentation par cette courte exclamation.

Pour accentuer la facilité de la situation, il utilisenombre de procédés d'insistance comme la concision de la proposition, la ponctuation ou encore l'adverbe d'intensité« si ».Par la suite l'auteur insiste d'avantage sur cette facilité en énonçant quelques exemple formulés à la premièrepersonne du singulier.

Le fait qu'il s'englobe lui-même dans ce constat rend ces exemples plus recevables puisqu'ilsressemblent moins à des leçons de morales.

Kant se met donc sur un pied d'égalité avec le lecteur qui s'identifiealors à son tour aux mineurs.

De cette manière, ces trois exemples permettent de détailler et d'illustrer la paressequi est la première cause le l'état de minorité des hommes.Les mineurs se donnent donc des tuteurs tout d'abord sur le plan intellectuel (« Si j'ai un livre qui a del'entendement à ma place ») c'est-à-dire que les mineurs ne veulent pas penser par eux même parce que c'estdifficile et lassant : ils se « ménagent intellectuellement ».Puis ces mineurs ont aussi des tuteurs sur le plan moral(«un directeur de conscience qui me tient lieu de conscience morale ») Notons tout de même que ce directeurpourrait éventuellement être un prêtre comme le livre pourrait désigner la Bible.

Et enfin, ces tuteurs sont aussiprésents sur le plan de la santé (« un médecin qui décide pour moi de mon régime.

»).

Ainsi le mineur préfère payerpour se voir dicter non seulement le Bien et le Mal mais aussi ce qu'il doit manger et surtout ce qu'il doit penser.

Lestuteurs contrôlent toute la vie du mineur, y compris ses aspects les plus insignifiants comme le régime alimentaire.Le pire selon Kant, c'est que les hommes se soumettent volontairement, ils n'y sont aucunement contraint : ilsveulent juste ne pas faire d'efforts.

C'est ce qu'il dénonce dans sa question rhétorique « quel besoin alors ai-je deme mettre en peine ? » qui met en relief, de manière ironique la « démission intellectuelle » des mineurs.

Lephilosophe fait donc parler le mineur et le ridiculise dans le sens où sa seule préoccupation est de pouvoir payercomme le montre l'expression suivante : « Je n'ai pas besoin de penser pourvu que je puisse payer ».

En effet, lemineur, en achetant les pensées d'un autre, a le sentiment de sortir gagnant de l'affaire puisqu'il échappe à cette «pénible besogne ».

Fière de lui, il croit même dominer ceux qui s'en chargeront alors que justement c'est le contraire: il paie pour être soumis ! Ce qui est assez risible et particulièrement convaincant pour le lecteur.Dans un deuxième temps, l'auteur souhaite mettre l'accent sur la seconde cause de la minorité, à savoir : lalâcheté.

En effet, contrairement aux tuteurs courageux qui affrontent les obstacles, les mineurs, eux, préfèrent fuirtoutes situation désagréable.

La minorité leur évite souffrance et peine et leur procure une sensation de confort ;c'est pourquoi ils cherchent à tout prix à la prolonger.

De plus, ces hommes lâches, estiment que le passage de laminorité à la majorité est « très dangereux ».

Aussi, l'incise « ce qui lui est d'ailleurs si pénible » nous permet de voirqu'en plus de la paresse et la lâcheté, c'est aussi la peur de l'insécurité et du danger qui fait stagner ces êtres dansla minorité.

On peut alors voir que la minorité prolongée relève de causes assez complexes et profondes qui peut-être ne dépendent pas seulement de la volonté des mineurs.

On en vient alors à se demander qui sont lesresponsables de cette aliénation et quel est leur but ?Kant utilise également la subordonnée « Que la grande majorité des hommes (…) tienne pour très dangereux le pasqui mène vers la majorité » comme une phrase de transition pour aborder le rôle des tuteurs et la manière dont ilsprolongent la soumission des autres.

Cette formulation brève, binaire et symétrique frappe les esprits car elle eststylistiquement surprenante.

On peut d'ailleurs noter que le mot « majorité » est utilisé à deux reprises : le premièrefois il est pris dans son sens quantitatif, c'est-à-dire un grand nombre d'hommes puis dans le sens particulier que luidonne Kant qui est « le pas qui mène vers la majorité ».

Kant insiste lourdement sur le nombre d'être humains danscette position mais aussi sur le danger qui parait très important.

D'ailleurs le danger est tellement grand qu'il suffiraitqu'un de ces« pas […] qui mène vers la majorité » soit en trop pour plonger dans une sorte de néant.

La majoritéétant la capacité à se diriger soi-même sur tous les plans sans soumettre ses actes à « une direction étrangère ». Ensuite Kant, sur un ton sarcastique décrit comment les tuteurs « veillent […] dans leur grande bienveillance » àexagérer le danger et à en maintenir les conséquences, c'est-à-dire l'asservissement des hommes.

Kant critique iciles tuteurs qui ont conscience de profiter des hommes et continue de le faire car ils y ont tout intérêt.

En effet leurdomination est inhérente à la soumission des mineurs : sans eux ils n'existeraient pas en tant que tuteurs.

Pourperpétuer cet état de servitude, les tuteurs jouent sur les affects des mineurs et plus précisément sur la peur.

Quiplus est, ils créent une sorte de dépendance affective qui donne l'illusion aux hommes qu'ils sont indispensables àleur bien être, sans eux ils seraient en danger.

Ces tuteurs n'ont pas vraiment la fonction de tuteurs dans le sens oùils n'agissent pas comme un guide fiable qui désire l'évolution de son élève.

Au contraire, ils entretiennent leurlâcheté en les poussant à ne pas quitter leur zone de confort.

On pourrait alors s'interroger sur la manière dont ilss'y prennent.Par la suite du texte, Kant expose les moyens qu'utilisent les tuteurs pour se rendre nécessaires aux mineurs etexplicitent leur façon d'agir par étapes.

« Ils commencent par rendre stupide leur bétail et par veiller soigneusementà ce que ces paisibles créatures n'osent faire le moindre pas hors du parc où elles sont enfermées » c'est-à-direqu'ils les rendent stupide en les incitant à ne pas réfléchir par eux–mêmes et maintiennent cet état dans la durée enleur interdisant de franchir les limites qu'ils ont eux même imposées.

De plus, en refusant de penser seuls, lesmineurs pensent être à l'abri du danger qui est de se tromper et de prendre de mauvaises décisions alors que cequ'ils oublient, c'est que l'erreur n'épargne personne, pas même les tuteurs.

D'autant plus qu'ils sont encore plus endanger sous la soi disante protection des tuteurs.

Kant compare les mineurs à du bétail, or le berger ne prend- t-ilpas soin de ces bêtes pour gagner sa vie et donc pour son propre intérêt ? A l'image du berger, le tuteur n'avraiment de bonnes intentions envers les mineurs.

D'autre part, l'auteur assimile aussi les mineurs à des animaux car. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles