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René Descartes, Discours de la méthode, 3e partie. « Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs que l'ordre du monde »

Publié le 04/04/2012

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descartes
 
« Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs que l’ordre du monde ; et généralement, de m’accoutumer à croire qu’il n’y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir, que nos pensées, en sorte qu’après que nous avons fait notre mieux, touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au
regard de nous, absolument impossible. Et ceci seul me semblait
suffisant pour m’empêcher de rien désirer à l’avenir que je
n’acquisse, et ainsi pour me rendre content. Car notre volonté ne se
portant naturellement à désirer que les choses que notre entendement
lui représente en quelque façon comme possibles, il est certain que,
si nous considérons tous les biens qui sont hors de nous comme également éloignés de notre pouvoir, nous n’aurons pas plus de regret de manquer de ceux qui semblent être dus à notre naissance, lorsque nous en serons privés sans notre faute, que nous avons de ne posséder pas les royaumes de la Chine ou du Mexique ; et que faisant, comme on dit, de nécessité vertu, nous ne désirerons pas
davantage d’être sains, étant malades, ou d’être libres, étant en prison, que nous faisons maintenant d’avoir des corps d’une matière aussi peu corruptible que les diamants, ou des ailes pour voler comme les oiseaux. Mais j’avoue qu’il est besoin d’un long exercice, et d’une méditation souvent réitérée, pour s’accoutumer à regarder de ce biais toutes les choses ; et je crois que c’est principalement en ceci que consistait le secret de ces philosophes, qui ont pu autrefois se soustraire de l’empire de la fortune et, malgré les douleurs et la pauvreté, disputer de la félicité avec leurs dieux. Car, s’occupant sans cesse à considérer les bornes qui leur étaient prescrites par la nature, ils se persuadaient si parfaitement que rien n’était en leur pouvoir que leurs pensées que cela seul était suffisant pour les empêcher d’avoir aucune affection pour d’autres choses ; et ils disposaient d’elles si absolument, qu’ils avaient en cela quelque raison de s’estimer plus riches, et plus puissants, et plus libres, et plus heureux, qu’aucun des autres hommes qui, n’ayant point cette philosophie, tant favorisés de la nature et de la fortune qu’ils puissent être, ne disposent jamais ainsi de tout ce qu’ils veulent «.
Descartes, Discours de la méthode. Troisième partie. (1637)
 

Quand un conflit éclate entre nos désirs et l'ordre du monde, faut-il satisfaire le désir et changer l'ordre du monde ou bien abandonner le désir et respecter l'ordre du monde ? Telle est l’alternative posée à la conscience morale que Descartes formule dans cet extrait en proposant comme maxime de « changer ses désirs « et de « faire de nécessité vertu «. Or, la finalité de cette maxime morale, étant le bonheur, comment puis-je « me rendre content « en renonçant à mes désirs ? Pour concilier vertu et bonheur, Descartes fournira d'abord la signification de cette maxime et, de cette pratique, il en conclura à son efficience et à son infaillibilité pour parvenir au plus grand et au plus sûr contentement.

Plan :
Introduction
I. Le sens de la maxime cartésienne
a) Un paradoxe
b) Changer mes désirs «
c) Nos pensées sont en notre pouvoir
II. Le contentement: finalité de la maxime morale
a) Du mécontentement
b) Au contentement
III. L'efficacité de cette maxime
a) Justification de la maxime morale
b) La certitude d'une morale technicienne
c) « Faire de nécessité vertu «
Conclusion



descartes

« Plan : Introduction I.

Le sens de la maxime cartésienne a) Un paradoxe b) Changer mes désirs » c) Nos pensées sont en notre pouvoir II.

Le contentement: finalité de la maxime morale a) Du mécontentement b) Au contentement III.

L'efficacité de cette maxime a) Justification de la maxime morale b) La certitude d'une morale technicienne c) « Faire de nécessité vertu » Conclusion Introduction Quand un conflit éclate entre nos désirs et l'ordre du monde, faut-il satisfaire le désir et changer l'ord re du monde ou bien abandonner le désir et respecter l'ordre du monde ? Telle est l’alternative posée à la conscience moral e que Descartes formule dans cet extrait en proposant com me maxime de « changer ses désirs » et de « faire de nécessi té vertu ».

Or, la finalité de cette maxime morale, étant le b onheur, comment puis-je « me rendre content » en renonçant à mes désirs ? Pour concilier vertu et bonheur, Descartes fournira d'abord la signification de cette maxime et, de cet te pratique, il en conclura à son efficience et à son infaillibilité pour parvenir au plus grand et au pl us sûr contentement.

I.

Le sens de la maxime cartésienne a) Un paradoxe Descartes reprend un thème eudémoniste : le bonheu r est la fin de l’action morale ; il dépend de nous de « nous rendre contents ».

Mais le bonheur ne s’offre pas, ce n’est pas comme le suggère l’étymologie la part de chance attribuée par les dieux aux hommes : le contentement n’est pa s un don, il doit être conquis.

Il n’est pas un don ; il doi t être le résultat d’une action comme le suggèrent les verbes « tâcher », « se vaincre » et « s’accoutumer ».

En effet, notre nature de sujet désirant nous prédi spose à croire que nous sommes les maîtres du monde.

Et, ai nsi, nous sommes bien obligés de reconnaître qu’il n’y a pas d’harmonie entre les deux ordres.

Tel est le constat dressé pa r Descartes.

Il s’agit donc d’un paradoxe, surtout dans un monde où l’homme a exhibé une volonté de puissance inédite.

Pour. »

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