Sciences & Techniques: Ebola : la mort rouge
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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C'est Star Trek au Zaïre.
Dans l'hôpital de 350 lits, les épidémiologistes ainsi protégés découvrent 22 malades, pour la plupart mourants.
Tous ceux qui le pouvaient se sont enfuis lorsqu'ils ont appris le haut degré de contagion de l'infection
Sur la base des témoignages d'infirmières restées sur place, l'équipe n'a aucun mal à reconstituer les faits : le 9 avril, l'hôpital aaccueilli un homme de trente-six ans souffrant de fortes fièvres.
Le 14, il est décédé après une intervention chirurgicale, vaine,évidemment.
Mais le même jour, plusieurs des membres du personnel médical l'ayant approché sont frappés de symptômesidentiques : fièvre, maux de tête, hémorragies...
Inquiet, le professeur zaïrois Muyembe Tamfun effectue des prélèvements sanguinssur les malades et les adresse à l'Institut de médecine tropicale d'Anvers, qui les répercute sur le CDC.
Le 10 mai, Atlanta rend sonverdict : il s'agit bien d'Ébola.
A Kikwit, médecins zaïrois et étrangers se dépensent dans compter.
Ils travaillent douze heures par jour pour soigner les malades etjuguler l'épidémie.
Certains experts conseillent aux autorités de mettre la ville en quarantaine et de diffuser, en circulant dans les ruesavec des voitures surmontées de haut-parleurs, des conseils pour que la population puisse se protéger : éviter tout contact avec unmalade, signaler aux autorités chaque cas de fièvre suspecte, respecter une hygiène très stricte...
Mesures difficilement applicableslorsque l'on partage à sept ou huit personnes une même pièce et un même plat de kolo-kolo (manioc), et que l'on a l'habitude de laver ses morts avant de les enterrer.
Mais la population fait contre mauvaise fortune bon cœur et, rapidement, applique les consignes.
D'inquiétantes rumeurs
Mettre Kikwit en quarantaine est, en revanche, une vue de l'esprit.
La ville approvisionne par camion Kinshasa, la capitale de 6 millionsd'habitants, an maïs, en manioc et en viande boucanée, et les commerçants n'ont pas l'intention de perdre leurs recettes pour faireplaisir aux experts occidentaux.
Et d'ailleurs comment nourrir, abreuver, soigner les 2 000 ou 3 000 personnes bloquées sur les routes? Le remède risque d'être pire que le mal, et le 19 mai le barrage est levé.
Car si la maladie fait peur, elle est loin d'affoler des Zaïrois qui, passé le choc du verdict, sont retournés à leurs occupations.
Lemarché est ouvert, comme les bars et les restaurants, les paysans sont aux champs.
Autour de l'hôpital, des infirmiers ou desvolontaires chaussés de bottes, protégés par des tabliers, des gants et des masques respiratoires évacuent les morts dansl'indifférence.
A partir du 21 mai, le bilan quotidien des victimes, communiqué depuis Genève par l'OMS, se fait plus rassurant : lesmesures de précautions prises font leur effet, et l'on compte 101 morts pour 137 personnes contaminées.
C'est beaucoup.
Etinsignifiant à la fois, dans une ville où deux enfants meurent chaque jour de paludisme et où le sida fait des ravages dans la population adulte.
Puisqu'il n'y a pas de médicaments contre le virus Ébola, les Zaïrois traitent d'ailleurs ce nouveau fléau comme le sida : avec humour,superstition et dérision.
Ici, on dit du sida qu'il est le "syndrome inventé pour décourager les amoureux".
A propos d'Ébola, une rumeurse répand : le virus serait en fait un poison, diffusé dans l'hôpital par un médecin américain éconduit par des missionnaires...
D'autresparlent d'un mauvais sort jeté par un sorcier mécontent.
Des rumeurs inquiétantes, car il ne faudrait pas que, sur leur foi, la populationtransgresse les consignes de sécurité.
Les journaux locaux, passés les premiers jours, font à nouveau leur une sur la candidature du maréchal Mobutu à la prochaineélection présidentielle.
"A quoi bon s'étendre sur un problème lorsqu'il n'y a pas de solution", explique le docteur Prosper Mapunba,directeur de l'Institut de médecine tropicale de Kinshasa.
Un de ses confrères va plus loin dans l'indignation : "Au Zaïre, la tuberculose, la typhoïde et la maladie du sommeil progressent, alorsque ces trois maladies avaient été pratiquement éradiquées il y a une dizaine d'années.
La rougeole, le paludisme, la poliomyélitetuent.
Les Occidentaux s'en moquent parce qu'eux ont les moyens de se protéger de ces maladies.
Mais, pour Ébola, ils semblentprêts à dépenser des fortunes..." Sûr, le virus Ébola réveille chez l'homme blanc de vieilles peurs parce qu'il y a eu un livre et surtoutun film dramatique.
Qui s'est soucié de l'épidémie de méningite qui a fait, entre janvier et avril, 4 000 morts en Afrique de l'Ouest ?
Ebola en dix questions
D'où vient ce virus ?
Nul ne connaît l'origine d'Ébola.
On l'a repéré pour la première fois en 9176 au Zaïre et au Soudan lorsquedeux épidémies successives ont fait plus de 400 victimes (sur 600 cas environ).
Il a frappé à nouveau auSoudan en 1979.
Depuis, on n'a signalé que quelques cas isolés.
Mais, en 1989, un vent de panique asoufflé sur les États-Unis, lorsqu'on s'est aperçu que dans une animalerie de Reston (Virginie) des singesen provenance des Philippines étaient décimés par Ébola ! Heureusement, aucun être humain n'est tombémalade.
Est-ce un nouveau virus ?
Non : à coup sûr il s'agit d'un virus très ancien, mais personne, pour l'instant, n'a trouvé l'animal réservoir, la bestiole où se terre levirus lorsqu'il n'attaque pas l'homme.
Les spécialistes sont prêts à parier qu'il s'agit d'un habitant des zones équatoriales, car c'est làqu'Ébola a toujours sévi.
Un rongeur, un insecte, peut-être...
En tout cas un animal rarement en contact avec l'homme, sinon lesépidémies seraient bien plus fréquentes.
Des enquêtes menées dans plusieurs pays d'Afrique ont montré que dans certaines régions,.
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