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Suis-je responsable de ce dont je n'ai pas conscience ?

Publié le 17/03/2005

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conscience

Mais le sujet est en situation. Par la conscience, le sujet s'efforce de pénétrer, d'habiter ce qui n'est pas lui. Mais il reste limité et toujours confronté à «ce dont il n'avait pas conscience «.

Le devoir, la volonté

La notion de responsabilité renvoie à la notion de devoir : être responsable, c'est devoir être au principe de ses actes, les assumer pleinement. De même elle conduit à distinguer les actes volontaires des actes involontaires : ceux-ci sont perçus comme une limite, voire un défaut, du sujet.

L'inconscient

« Ce dont je n'ai pas conscience «, ce pourrait être une définition de l'inconscient. Mais il faut être sur ses gardes, distinguer l'inconscience - qui désigne un si faible degré de conscience que la conscience est quasiment absente, et l'inconscient psychique, qui est constitué par les désirs incompatibles avec la réalité et dont le refoulement assure justement la structuration du psychisme et permet à l'être humain d'établir des relations « normales « avec la réalité, d'être responsable de ses actes. En ce sens, la doctrine freudienne est instructive : je ne peux être responsable de mes désirs refoulés puisque, originairement, ce refoulement est la condition de l'émergence en moi d'une conscience responsable, mais je suis responsable de l'expression détournée de ces désirs dès lors qu'elle s'inscrit dans le réel (cf. deuxième partie du plan). L'étude du sujet peut également nous amener à réfléchir sur le désir qui habite l'homme et que l'homme, sans pouvoir en être responsable, doit savoir convertir et réaliser d'une manière qui soit, elle, responsable.

Deux interprétations possibles de la question:

 — suis-je responsable de ce qui se déroule dans la société ou l'histoire sans que j'en aie conscience?  — suis-je responsable de ce qui a lieu dans mon inconscient?  Dans les deux cas, la problématique est morale (responsabilité) plus que juridique.

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« — C'est-à-dire d'un point de vue existentialiste.

Rappeler la position de Sartre: engagement intégral.

La liberté totale dont je jouis a pour revers une responsabilité elle-même sans limite, quim'oblige à prendre position sur tout — et donc à vouloir que rien n'échappe àma conscience.

Faute de quoi je suis un « salaud».— Même si l'on juge cette thèse irréaliste, elle a l'avantage de souligner querien de ce qui est humain ne doit m'être étranger — et résonne d'un souvenirde Kant : il m'appartient, moralement parlant, de tout faire pour la réalisationde l'humanité.

Refuser ce type de responsabilité sous prétexte qu'elle estécrasante ou que je n'ai pas à savoir ce qui se passe dans des régionslointaines ou sous des régimes étrangers, c'est trouver refuge dans unconformisme qui n'a aucune valeur morale et me «délivre» en effet de maresponsabilité (mais se délivrer, c'est ici renoncer à l'humanité en moi). II.

La question de l'inconscient - L'inconscient freudien est, par définition, hors de portée de ma conscience.— Dès lors, ce qui s'y déroule paraît bien ne pas impliquer ma responsabilité,puisque je ne dispose d'aucun contrôle sur ce type d'événements.

Ceci paraîtacceptable pour une existence « normale», mais— Si les pulsions se traduisent dans le comportement par une agressivitésocialement gênante, puis-je, pour refuser la responsabilité de leurs résultats,faire valoir leur origine inconsciente?— Du point de vue pénal, l'argument est recevable : circonstancesatténuantes de la «folie» et de la perte de contrôle qu'elle implique.— L'inconscient peut-il alors tout excuser? III.

Signification morale de la cure — Les théories freudiennes proposent, non seulement une descriptionnouvelle de l'appareil psychique, mais aussi une méthode thérapeutique.

Sil'on admet la première, il faut être attentif au sens de la seconde.Par définition, la cure a pour objet de «rééquilibrer» un sujet perturbé par sespulsions inconscientes.

Ce rééquilibrage (pour ne pas parler de guérison)s'effectue par une «prise de conscience» des éléments traumatisants et deleur signification.

La cure, ainsi, obtiendrait un effacement de l'effetpathogène.— Il apparaît dès lors que l'inconscient ne peut plus être un alibi pour fuir laresponsabilité: la cure au contraire confirme que tout sujet a la possibilitéd'assumer celle-ci, y compris à l'égard de ce qui semblait dans un premiertemps la nier. Dans la trente et unième des « Nouvelles conférences d'introduction à lapsychanalyse » (1932), intitulé « La décomposition de la personnalitépsychique », Freud décrit le but du traitement psychanalytique par cetteformule : « Là où « çà » était, « je » dois devenir », où le « ça » représentel'inconscient.

Il est remarquable que la traduction de la phrase allemande aitprêté à controverses.Pour comprendre l'enjeu de cette phrase, il faut garder à l'esprit que lapsychanalyse, avant d'être une discipline, voire une science, est avant toutune thérapie, une façon de guérir des patients. Dans notre texte, Freud affirme « C'est que l'être humain tombe malade en raison du conflit entre les revendicationsde la vie pulsionnelle et la résistance qui s'élève en lui contre elles ».

La maladie provient d'un conflit entre lesnormes « éthiques, esthétiques et sociales » et des désirs qui « semblent remonter d'un véritable enfer ».Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même.

Le malade subit donc un combatinterne dont il n'a ni la maîtrise, ni la connaissance : « La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbidesinquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forge des notions de secours et desconstructions scientifiques et, finalement peut dire au moi : « il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi,c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta conscience et à la maîtrise de ton vouloir.

»En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l'inconscient en conscient : « On ne prête pas assez attention danscette affaire à un point essentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n'est pas comparable à une luttenormale que des tendances psychiques se livrent sur le même terrain [...] Il y a lutte entre des forces dontquelques-unes ont atteint la phase du [...] conscient, tandis que les autres n'ont pas dépassé la limite del'inconscient.

C'est pourquoi le conflit ne peut aboutir que lorsque les deux se retrouvent sur le même terrain.

Et jecrois que la seule tâche de la thérapeutique consiste à rendre cette rencontre possible.

» (« Introduction à lapsychanalyse »).Le but de la cure est donc de faire que le patient, au lieu de subir un conflit dont il n'a pas la maîtrise, puisseprendre conscience de celui-ci.

Un conflit qui existe mais n'est pas posé ne peut être résolu.

Seule la claireconscience des désirs qui agitent le patient, et des choix qu'il doit faire entre ses désirs et ses normes, peut amener. »

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