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« Suis-je responsable de ce dont je n'ai pas conscience ? »

Publié le 05/05/2012

Extrait du document

conscience

Introduction

J'ai blessé quelqu'un sur la route parce que je m'étais endormi au volant : je n'en étais pas conscient. Ne dois-je pas pour autant en être tenu pour responsable?

Il le semble bien, puisque j'ai commis un tort dont je dois répondre. Et pourtant il est difficile de m'envisager responsable de cet acte puisque je ne l'ai pas voulu. Suis-je responsable de ce dont je n'ai pas conscience?

Être responsable de ses actes signifie que l'on peut se les voir imputer.

Lorsque je suis conscient d'être l'auteur de mes actes, alors me les attribuer ne pose aucun problème, puisque je peux reconnaître ces actes comme les miens. En revanche, lorsqu'ils sont commis par inconscience, cela est plus difficile car ils ne semblent plus relever de ma volonté. La conscience est-elle alors la condition nécessaire de toute imputation ? Ce problème soulève des questions aussi bien juridiques et morales : car ce qui est en leu, c'est la possibilité de reconnaître quelqu'un comme l'auteur de ses actes et de pouvoir le condamner (moralement et pénalement).

Plan

Introduction

I. Les origines de la notion de responsabilité

II. La question de la responsabilité morale

III. La distinction culpabilité/responsabilité

Conclusion

conscience

« C.

La responsabilité politique est à entendre au même sens: un ministre est dit responsable lorsqu'il doit quitter le pouvoir parce que le corps lég isla tif lui retire sa confiance.

C'est la traduction du terme anglais responsibility qui a émergé au moment où se consti tuait la monarchie parlementair e britannique : il fallait bien que les membres de l'exécutif fussent responsables devant ceux du législatif.

Le ministre, dans le cas où sa responsabilité est en jeu, n'a pas nécessairement comm is de faute: mais sa politique est à l'origine d'une erreur ou d'un scandale qui l'oblige à démissionner.

C'est ainsi que l'on peut comprendre la phrase de Georgina Dufoix, ministre de la santé dans le gouvernement Fabius, à l'occasion du scandale du sang contaminé: « Je suis responsable, mais non coupable. » Elle se portait garante du fonctionnement de ses services, mais elle n'était pas elle -même à l'origine de la contamination des lots de sang transfusé; elle était donc responsable mais non coupable de l 'erreur commise.

On voit bien qu'en politique égalemen t, il n'y a pas de lien entre r esponsabilité et conscience. Transition : Pourtant, en va -t-il de même dans le cas de la responsabilité morale? Puis -je vraiment être responsabl e de mes actes moraux si je n'en suis pas conscient ? II.

La question de la responsabilité morale A.

Le rapport de la conscience et de la responsabilité se pose surtout au niveau moral.

Car c'est dans ce cas qu'il est important de savoir qui est l'auteur d'une faute commise.

Quand je commets une faute morale, personne ne peut être mon garant: c'est à moi de porter le poids de cette faute.

À partir de quand puis -je donc être considéré comme l'auteur d'une faute morale? La réponse semble bien être: à partir du moment où j'ai voulu comme ttre l'acte considéré comme une faute.

L'auteur d'un acte, c'est le sujet de la volonté qui a posé cet acte.

On condamnera en effet sans hésitation celui qui a volé parce qu'il a souhaité délibérément ce vol (et l'a même quelquefois planifié) alors que cel ui qui a volé parce qu'il y a été poussé par la faim attirera plutôt notre compassion.

C'est la volonté du sujet qui semble par conséquent être au fondement de la responsabilité morale. B.

Or, il y a un lien consubstantiel ( : inséparable) entre la volonté et la conscienc e, qui doit nous amener à dire que plus que la volonté, c'est la conscience qui est condition nécessaire de l'imputation.

En effet, je ne peux vouloir quelque chose que si j'en suis conscient, que si j'ai en moi au préalable la représentation de l 'acte que je voulais commettre.

C'est ce critère (la conscience) qui distingue un acte volontaire d'un acte involontaire (un réflexe, une passion violente ...) : lorsque j'agis par réflexe, je n'ai aucune représentation de ce que je voulais faire; j'y suis entraîné par un simple mécanisme de mon corps; ma conscience n'y a aucune participation.

C'est donc parce que l'homme est un être conscient, comme le souligne Descartes, parce qu'il pense et qu'il sait qu'il pense, qu'il peut être tenu pour responsable de ses acti ons, contrairement à l'animal.

C'est parce que les dirigeants nazis avaient planifié en toute conscience ce qu'ils appelaient la « solution finale » qu'ils ont pu être considérés comme responsables du génocide juif et condamnés à Nuremberg. C.

La conséquen ce de cela, c'est que je ne saurais être tenu pour responsable de ce dont je ne suis pas conscient.

Car ce n'est pas ma volonté qui est à l'origine de l'acte dans ce cas, mais une détermination qui m'a écha ppé, qui ne dépendait pas de moi. Cela est d'auta nt plus vrai si l'on consi dère qu'il existe des forces qui échappent au contrôle de la conscience, comme les pulsions, ces tendances qui viennent d'après Freud d'une excitation du corps et dont le but est la suppression de cette excitation (Freud, Abrégé d e psychanalyse).

Ainsi, si un individu en tue un autre sous le coup d'une pulsion meurtr ière à laquelle il ne pouvait résister, il sera considéré comme irresponsable par la justice.

On ne l'enverra pas en prison mais à un endroit ou il peut se faire soigne r.

Ce qui montre bien que la définition de la responsabilité morale a déteint sur la définition de la responsabilité Juridique: pour le droit, le responsable apparaît de plus en plus com me celui qui a commis consciemment un crime ou un délit. Transition : Cet éloignement de la notion de responsabilité par rapport à sa signification première (être garant de) ne risque -t-elle pas d'amener à des effets pervers? Ne f aut -il pas la redéfinir en la d istinguant mieux de la conscience ?. »

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