THESE ARGUMENTEE: Sciences humaines et sens de l'homme.

Sciences humaines et sens de l'homme ■ La diversité des sciences humaines pose le problème de la possibilité de leur unification. A séparer d'abord l'homme-du-psychologue, l'homme-du-sociologue et l'homme-de-l'historien, il n'est pas sûr que l'on puisse ensuite harmoniser les points de vue. ■ Etymologiquement, un "savoir sur l'homme" constituerait une "anthropologie" - discipline dont Kant a esquissé le programme possible. C'est en distinguant d'abord dans l'homme un caractère empirique - rassemblant les dimensions de l'existence soumises au déterminisme - d'un caractère rationnel-où c'est au contraire la raison qui dicte ses lois, en particulier à la liberté morale. Au premier correspondrait une anthropologie pragmatique, susceptible d'étudier les comportements signalant l'appartenance de l'homme à la nature, mais le second ne serait envisageable que par une anthropologie philosophique, culminant dans une théorie de la sagesse. L'anthropologie pragmatique que prévoit Kant, correspond aux domaines des sciences humaines, auxquelles il semble bien que doive échapper ce qui, en l'homme, relève de la raison et de la liberté. ■ Les sciences humaines, si elles ressemblaient aux sciences de la nature, ne pourraient, par définition, envisager que des faits quantifiables. Or l'être humain produit, au-delà des faits, des valeurs et du sens; il est même le vivant par lequel le sens et les valeurs sont possibles. Quels que soient les savoirs partiels, d'ailleurs incontestables, que les sciences humaines puissent nous apporter, elles ne peuvent rendre compte en totalité de ce qui fait de l'existence humaine un foyer unique de valeurs et de sens, par rapport auxquels la quantification complète ou la découverte de lois strictes, autres que simplement statistiques, est vouée à l'échec. ■ Cet échec relatif ne doit pas être déploré.