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Toute prise de conscience est-elle libératrice ?

Publié le 17/01/2011

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conscience

 

Conscience, du latin conscientia qui signifie « connaissance « et provient du verbe latin scire « savoir «. La conscience désigne la perception, plus ou moins claire, que l’être humain a de lui-même et du monde qui l’entoure. La prise de conscience elle, est une invitation à la réflexion intérieure, à douter, à remettre en questions des situations et des points de vues établis, figés. Une prise de conscience ne saurait être objective car elle naît d’une situation précise, propre à chaque personne et à un moment donné. Néanmoins, la nécessité d’écarter la subjectivité est omniprésente car la prise de conscience implique une mise à distance (sans quoi mon jugement risque d’être biaisé). Cependant, la réflexion veut que  nous nous demandions si toute, c'est-à-dire n’importe quelle prise de conscience s’avère libératrice ? Ici, il s’agit de savoir si des exceptions à cette libération existent. La réflexion nous amènerait a priori à répondre que oui la prise de conscience amène l’homme vers une émancipation morale, mais nous verrons que le phénomène est à nuancer car il n’est pas mécanique, toutefois il contient un caractère positif non négligeable.

Une prise de conscience a pour objectif d’affranchir l’homme de ses illusions, de dépasser ses préjugés, de se libérer des chaines que constituent les leurres et l’ignorance. Mais il faut veiller à distinguer l’action de la prise de conscience, du fait d’avoir conscience. La prise de conscience est réfléchie, c’est le résultat d’un cheminement, l’aboutissement d’un questionnement, d’un doute de tout et de chaque instant. Tandis qu’avoir conscience suggère une pensée impulsive, mécanique, directe. Dans le sens où elle nous soulage d’un poids, nous ouvre les yeux, la prise de conscience est un phénomène des plus positifs. Pour cela, Sartre nous invite à reconnaitre l’en soi, qui n’est autre qu’un objet, qui n’a pas de conscience d’être ni d’exister, du pour-soi qui caractérise l’homme et lui est indispensable pour mettre du recul entre lui et les situations auxquelles il se heurte. Il peut alors penser à lui-même, il est capable d’évaluer ses actes et les conséquences qu’ils engendrent, le monde qui l’entoure et son rapport aux autres hommes. 

En agissant ainsi, l’homme affirme sa liberté d’être, il prouve alors le cogito de Descartes ; « je pense donc je suis «.  Sa liberté de penser légitime l’homme en tant qu’être. Un être habilité à prendre conscience de ce qu’il est (sans pour autant se connaître de façon transparente), de ses actions et de leur impact sur le monde, de tout ce qui le détermine. 

Néanmoins, ces déterminations ne sont pas nécessairement positives, à l’inverse elles peuvent être mauvaises, blessantes, négatives. Alors, la prise de conscience perd de son aspect libérateur puisqu’elle devient fardeau. 

En prenant conscience de ses déterminations qui le conditionnent, l’homme peut se sentir faible, inutile, impuissant face à la situation. Pour l’homme qui se sentait encore, la minute précédente, entièrement libre, cela représente un poids des plus lourds à porter. Il comprend soudain que toute sa vie n’est que déterminations, de son statut social aux rencontres qu’il croit choisir. Cela constitue alors de nouvelles chaines et l’homme tend alors à se réfugier dans la fatalité, prétextant ne rien pouvoir changer à sa condition. Pourtant, ces déterminations ne le privent pas de sa liberté, au contraire, sa liberté est omniprésente. Logiquement, l’homme prenant conscience d’être libre devrait se sentir soulagé. 

Seulement Sartre nous parle d’une liberté écrasante, angoissante, que l’homme ne peut assumer et face à laquelle il n’a qu’une seule réponse ; la mauvaise foi. La prise de conscience semble alors vouée à avoir un effet négatif et l’ignorance qui était à fuir apparait comme un refuge. La tentation est alors forte de dresser une barrière à la prise de conscience, de s’obstiner à fermer les yeux, de pratiquer la politique de l’autruche. 

Si l’homme désire prendre conscience de ce qu’il est et de ce qu’il vit, il est obligé de fournir un effort de réflexion, à travers lequel il risque de souffrir et de rencontrer des obstacles. Ce n’est plus alors une libération mais une peine qui nécessite de la volonté, un acharnement certain.

 Seulement, bien que parfois voulue, la prise de conscience s’impose régulièrement à nos esprits. Elle s’abat sur l’homme, perturbante, dérangeante et il aurait nécessairement préféré rester dans l’ignorance. C’est par exemple le cas lorsque de lourds secrets sont gardés à son insu à l’intérieur d’une famille ; lorsqu’ils apparaissent au grand jour l’homme regrette aussitôt de les avoir découverts. 

De plus, l’homme n’est pas en mesure de maîtriser complètement chacune de ses prises de conscience, qui s’offrent à lui comme des révélations et dans le pire des cas comme des détonateurs. Elles peuvent rapidement devenir insurmontables, l’homme lutte pour les dominer mais elles peuvent devenir paralysantes. La prise de conscience mal contrôlée entraine un doute qui lui-même entrainera un nouveau doute et ce cercle ne peut s’arrêter si l’homme est écrasé sous le poids de cette révélation. L’homme est alors dans un doute persistant, qui ne le fera jamais avancer dans sa réflexion ni ses actes, tels les sceptiques qui demeurent dans le doute.  Pour l’homme c’est un chemin direct vers l’aliénation que de douter perpétuellement.

La prise de conscience pénaliserait alors l’homme dans sa vie puisqu’elle amènerait à l’homme de nouveaux problèmes qu’il ne connaissait pas avant d’accomplir cette réflexion. Pourtant nous ne pouvons pas nier le caractère positif de cette prise de conscience, qui lorsque l’homme agit peut se révéler un moteur.

Tandis qu’abattu par une prise de conscience qu’il maîtrise mal, l’homme est tenté de se résoudre à sa peine, de s’enfermer dans ses déterminations et d’accuser le destin. Seulement, agir ainsi serait une preuve de faiblesse de sa part, car même si elle n’est pas faite d’automatismes, la prise de conscience peut agir en tant que moteur dans la vie de l’homme. Cela implique néanmoins un réel effort  venant de lui, il faut que l’homme prenne sa situation en main, qu’il réagisse. Elle lui permettra s’il s’en donne les moyens, de changer, de devenir meilleur, de bousculer sa vie et d’enfin la contrôler. 

 

Bien qu’un aspect libérateur réside dans la prise de conscience, elle n’est pas mécanique et présente donc également de nombreux désavantages. Malgré cela, le caractère positif du phénomène est indéniable. Si le fait de prendre conscience n’est pas synonyme de libération, le premier pas de l’homme vers l’évolution nécessite toujours qu’il s’aperçoive de ce qui lui fait défaut, d’une lacune. Réaliser que quelque chose se passe mal, c’est tendre vers le changement. Le second pas étant assurément l’action.

 

conscience

« d'illusions ou d'œillères dont on n'avait justement pas conscience qu'elles exis­ taient.

Prendre conscience des conditions de vie en prison suite à une enquête d'Amnesty International, c'est ainsi abandonner les idées toutes faites sur le « confort » censé être offert aux prisonniers.

Et par conséquent changer de dis­ cours ou d'état d'esprit sur la question.

D'autre part, on prend conscience au second degré que nous étions victimes d'une sorte d'automatisme de la pensée, de préjugés, dont nous mesurons qu'ils peuvent être brisés par notre volonté.

Bergson, dans La Conscience et la vie, fait ainsi la distinction entre un exercice en train de s'apprendre (par exemple la conduite automobile) et le même exer­ cice devenu une habitude: la conscience y est bien moins intense, du fait que l'impression d'avoir à décider chacun de ses actes n'existe plus, et la liberté n'est par conséquent pas ressentie.

Or cela s'applique aussi aux idées et pas seulement aux gestes du corps.

2 . ...

sur l'existence humaine Si la prise de conscience porte sur un contenu fondamental pour l'homme, ce n'est pas seulement une habitude de pensée qui disparaît, mais une libération essentielle du mode d'existence qui s'instaure.

Marx analyse la conscience re­ ligieuse dans cette perspective.

Croire que Dieu existe, c'est avoir conscience d'une transcendance à laquelle nous devons d'abord notre existence (Dieu crée l'homme) et à laquelle nous devons rendre des comptes (Dieu nous juge ou nous pardonne).

En réalité, estime Marx, c'est l'inverse.

C'est l'homme qui crée Dieu, c'est parce que nous vivons dans des conditions réelles d'injustice et de soumission que nous forgeons le concept d'un être juste et omnipotent.

Il s'agit donc de remettre les choses à l'endroit: nous ne pouvons plus pen­ ser que les choses sont ainsi parce que Dieu l'a voulu, ce qui revient à nous rendre dépendants d'une idée créée par nous-mêmes.

Il faut se réapproprier toutes les qualités faussement attribuées à Dieu, alors qu'elles nous reviennent: nous avons une force réelle d'action sur les choses.

Marx appelle dans Argent, État et Prolétariat, à une « réforme de la conscience » qui consiste à « rendre le monde conscient de lui-même, à le réveiller du sommeil où il rêve de lui­ même ».

Il y a bien prise de conscience, ou re-prise de conscience pourrait-on dire, dont la conséquence est la reprise en main par l'homme de ses propres conditions d'existence.

Le problème apparaît dans les suites à donner: la révo­ lution politique et l'interdiction de la religion vont-elles réellement amener plus de liberté? L'exemple des pays communistes est révélateur.

N'existe-t-il pas des. »

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