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Un homme libre est-il un homme seul ?

Publié le 26/02/2004

Extrait du document

Selon l’adage du sens commun ma liberté s’arrête là où commence celle des autres : autrui serait donc l’horizon limite de ma liberté. Comme si dans la cartographie de ma liberté autrui était cette frontière, au-delà de laquelle il me fallait nécessairement composer avec une liberté dégradée. Dès lors la condition de possibilité de la liberté n’est-elle pas la solitude ? Il semble que pour progresser nous devrons affiner les concepts en présence desquels nous nous trouvons, en distinguant notamment la liberté de la licence.   

            Nous nous demanderons s’il y a un sens à concevoir la notion même de liberté indépendamment de la présence d’autrui ; la liberté conserve-t-elle un sens en dehors de toute décision ou acte qui engage ma personne morale au sein d’une société donnée ?

 

  • I) Un homme libre est un homme seul.

a) En étant seul, je vis en conformité avec moi-même. b) Autrui est la principale limite à ma liberté. c) L'authentique liberté s'oppose au conformisme.

  • II) Un homme libre n'est pas un homme seul.

a) Etre libre, c'est pouvoir satisfaire mes désirs. b) La collaboration entre les hommes garantit la liberté. c) Le pire des maux, c'est d'être seul.

.../...

« qu'il me voit, je m'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté.Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolu, elle ne peut que chercher à transformer la libertéde l'autre en chose passive.

Sartre illustre d'abord ce conflit à travers l'expérience du regard.

Qu'est-ce qui,en effet, me dévoile l'existence d'autrui, sinon le regard ? Si je regarde autrui, ce dernier me regarde aussi.C'est la raison pour laquelle Sartre envisage les deux moments.Dans un premier moment, je vois autrui.

Imaginons : « Je suis dans un jardin public.

Non loin de moi, voici unepelouse et, le long de cette pelouse, des chaises.

»Situation paisible.

Le décor est neutre, la trame est inexistante : « Un homme passe près des chaises.

Je voiscet homme...

»Finie la quiétude ! Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne le saisis pas seulement comme un objet, maisaussi et en même temps comme un homme.

Si je pouvais penser qu'il n'est rien d'autre qu'un objet, unautomate, par exemple, je le saisirais « comme étant « à côté » des chaises, à 2,20 m de la pelouse, commeexerçant une certaine pression sur le sol, etc.

».

Autrement dit ce ne serait pour moi qu'un objet comme lesautres, qui s'ajouterait aux autres : « Cela signifie que je pourrais le faire disparaître sans que les relations desautres objets entre eux soient notablement modifiées.

En un mot, aucune relation neuve n'apparaîtrait par luientre ces choses de mon univers...

»Le saisir comme homme, qu'est-ce que cela signifie, sinon saisir une « relation non additive » des objets à lui,une nouvelle organisation des choses de mon univers autour de cet objet privilégié ? Autrement dit, avecl'apparition d'autrui dans mon champ de vision, une spatialité se déploie qui n'est pas ma spatialité, un autrecentre du monde apparaît et du même coup un autre sens du monde.

Les relations que j'appréhendais entreles objets de mon univers se désintègrent : « L'apparition d'autrui dans le monde correspond donc à unglissement figé de tout l'univers, à une décentration du monde qui mine par en dessous la centralisation quej'opère dans le même temps.

»Cette décentration du monde fait de moi un sujet glissant.

La désagrégation « gagne de proche en proche »tout mon univers.

Autrui tend à me « voler le monde ».

Si autrui n'existait que sur le mode d' « être-vu-par-moi », je pourrais, en m'efforçant de le saisir seulement comme objet, le réintégrer dans ma propre vision dumonde.

Mais autrui me voit.

J'existe sur le mode d' « être-vu-par-autrui ».Second moment : être vu.« Imaginons que j'en sois venu à coller mon oreille contre une porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Jesuis seul et sur le plan de la conscience non-thétique de moi.

»Je suis seul & j'existe sur le plan de la conscience non-thétique ou immédiate de moi, cela signifie que monattitude n'a aucun « dehors », que je n'ai pas conscience de « moi » comme objet et qu'il n'y a donc rien àquoi je puisse rapporter mes actes pour les qualifier , les juger.

Je suis mes actes et « ils portent en eux-mêmes leur totale justification ». « Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

»Qu'est-ce que cela signifie , sinon que le regard d'autrui me fige.

J'étais liberté pure, conscience allégée detoute image, me voici devenu quelqu'un, un objet du regard.

Je me vois parce qu'on me voit : mon « moi » faitirruption.

En même temps j'en viens à exister sur le même plan que les objets.

Je suis objet d'un regard.

Autruisurgit et j'ai un « dehors », une apparence externe.

J'ai une nature qui ne m'appartient pas.

Ce que je suispour autrui (vicieux, jaloux...), je ne suis plus libre de l'être.

Je suis engagé dans un autre être.

Plus jamais jene pourrai échapper à l'image qu'autrui me tend de moi-même.

Autrement dit, j'existe sur le mode d' « être-pour-autrui ». « Ma chute originelle, c'est l'existence d'autrui...

» Cela signifie donc que tout se passe comme si autrui mefaisait m'écrouler au milieu des choses.

C'est ce que je découvre dans la honte qui n'est, au fond, que «l'appréhension de moi-même comme nature ».

Chute originelle qui fait songer au péché originel.

Je suisdécouvert, presque nu devant le regard tout-puissant de l'Autre, regard qui me dépouille de matranscendance.Face à autrui, je ne peux plus qu'être « projet de récupération de mon être ».

Si autrui me regarde, je leregarde aussi.

S'il tend à me chosifier, je peux faire de même.

Mon projet de récupérer mon être ne peut seréaliser que si je m'empare de cette liberté d'autrui et que je la réduis à être liberté soumise à ma liberté.

Et,en effet, tout est combat, même l'amour.

Quel est, en effet, le désir de tout être amoureux ? N'est-ce pasd'abord de posséder l'être aimé, d'en faire sa chose ? Le combat se poursuit même dans les moments les plusdoux, jusque dans le désir, la caresse.

Le désir est une tentative pour déshabiller le corps de ses mouvementscomme de ses vêtements et le faire exister comme pure chair.

Le désir, cette tentative d'incarnation d'autrui,s'exprime par la caresse : « En caressant autrui, je fais naître sa chair, par ma caresse, sous mes doigts.

Lacaresse est l'ensemble des cérémonies qui incarnent Autrui.

»Qu'est-ce que cela veut dire, sinon que la caresse, ce n'est pas le simple « contact de deux épidermes »,mais une façon, pour moi, d'empâter l'être désiré dans sa chair : « Mon but est de le faire s'incarner à sespropres yeux comme chair, il faut que je l'entraîne sur le terrain de la facticité pure, il faut qu'il se résumepour lui-même à n'être que chair...

»Devenu corps, chair, présence offerte, sous mes doigts, par ma caresse, autrui ne me transcende plus.

Jesuis rassuré : autrui est ma chose, il ne sera plus que ceci, cad chair. Si Sartre nous fait sentir toute cette « part du diable » qu'il peut y avoir dans nos rapports avec autrui – qui,comme sa pièce de théâtre « Huis clos » tend à montrer, sont souvent « tordus » - notons cependant que lavision sartrienne n'est pas entièrement négative.

Sartre, à la suite de Hegel, reconnaît que j'ai besoin de lamédiation d'autrui pour obtenir quelque vérité sur moi.

Des sentiments comme la honte ou la pudeur ne me. »

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