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Un homme sans passé, peut-il etre libre ?

Publié le 01/01/2006

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On peut opposer l'idée du passé comme poids et déterminisme (je ne peux le changer) à l'idée de liberté comme absence de contrainte : pour être libre, il faudrait ne pas avoir de passé. Mais la liberté peut être conçue autrement : comme autonomie, pouvoir de décider et d'agir par soi-même avec raison, ce qui exige connaissance et maîtrise de soi. Le passé ici semble nécessaire : mon passé me caractérise et donne sens à mon histoire individuelle, il est moi. D'où la question posée par le sujet : peut-on vraiment penser qu'un homme sans passé puisse être libre? Sa liberté ne se révélerait-elle pas illusoire ? Mais alors le problème se pose de savoir comment le passé peut être source de liberté si par ailleurs il peut se révéler contraignant : s'agit-il simplement de l'accepter et de le continuer, ou peut-on envisager une certaine forme d'action sur le passé?

POUR DÉMARRER    Est-il possible qu'un individu ne possédant nulle saisie de son passé, dimension du temps écoulé dans son irréversibilité, ait la possibilité d'accéder à l'autonomie ? Aucune contrainte ne semble, en effet, peser sur lui. Mais qu'en est-il exactement? Si l'oubli, selon Nietzsche, est une fonction vitale, il n'est pas de liberté sans mémoire.   CONSEILS PRATIQUES    Il faut examiner minutieusement la façon dont l'homme sans passé peut effectivement agir pour faire un choix. Montrez que, sans aucune référence qui lui permette d'agir rationnellement, il est livré à ses humeurs ou à ses préjugés et que par conséquent, il ne jouit pas d'une véritable autonomie. Le passé nous permet de structurer notre psychisme, notre personnalité, etc.   BIBLIOGRAPHIE    NIETZSCHE, Considérations inactuelles, Aubier-Montaigne.

« d'être actifs.

Or la liberté est bien le pouvoir d'agir sans que rien ne vienne entraver l'action.

Le passé prend ici lafigure de l'obstacle, de la contrainte.

Pour être libre il faudrait alors que je ne pense plus à ce que je fus pour metourner vers l'avenir, il faudrait oublier. b) Le passé comme acte accompli dans la faute m'impose le remords qui obsède mes pensées. Plus encore, le passé peut prendre le sens d'un poids culpabilisant : ce que j'ai fait et mal fait, et que je ne peuxplus refaire.

Impossible de revenir en arrière pour réparer la faute commise et j'ai beau chercher à m'innocenter,impossible de « réduire au silence l'accusateur qui est en moi » (Kant).

Ici ce n'est plus seulement la liberté d'actionqui est compromise, c'est l'usage entier de mes pensées, c'est toute ma conscience qui est «malade ».

L'hommeportant le fardeau du passé honteux ne peut que « souffrir de réminiscences » et s'enfermer dans la maladie.

Si laliberté exige une conscience clairvoyante pour me garantir de diriger moi-même ma vie en sachant ce que je fais, lepassé ici m'en prive totalement pour me rendre dépendant d'un inconscient pathologique ! Pour être libre, il semblenécessaire de nier son passé en disant non à la faute commise : «je n'ai pas voulu cela » ou «je ne savais pas ceque je faisais » sont des formules idéales pour nier ainsi ce que l'on fut. c) Le passé comme donné s'impose comme sens à poursuivre, son exigence de continuité s'oppose à laliberté de choix. Mais le passé est aussi, et plus généralement, ce qui à un moment de ma vie a pris sens, ce que j'ai engagé.

À luiseul, il est déjà une histoire.

Parler de son passé, ce n'est pas parler d'un simple instant, discontinu ; c'est évoquerce qui est déjà une continuité.

Or la conscience humaine est ce qui donne à l'homme la possibilité d'exister : de sereprésenter à lui-même pour donner un sens, une orientation à sa vie, à travers des buts à poursuivre.

Ces buts nesont pas le fait d'un jour, ils s'enracinent dans le temps.

Le passé est alors ce qui symbolise l'émergence de cesbuts.

Aussi Sartre prend-il l'exemple du mariage, qui, avec la «maison achetée et meublée l'an dernier limitent) mespossibilités et me dicte(nt) ma conduite » (L'Être et le Néant).

Ainsi le passé m'empêche de choisir, de décider entredeux sens, ici entre celui qu'il impose à ma conscience et un autre.

Il demande qu'on lui soit fidèle, au sens où luiêtre infidèle reviendrait à perdre un peu de soi-même en changeant.

La liberté exigerait au contraire que je devienneun homme sans passé, c'est-à-dire que je rompe avec mon passé, que j'abandonne son sens en « refaisant ma vie», ne serait-ce que pour prouver que je peux encore choisir. Transition : Ainsi le passé semble tellement s'imposer comme contrainte qu'il devient nécessaire de s'en défaire pour être libre, soit dans l'oubli, soit dans la négation ou l'abandon.

En même temps, la liberté exige bien que l'onsoit soimême et donc que l'on ait un passé.

Un homme sans passé se condamne alors tôt ou tard à une libertéillusoire. 2) Un homme sans passé n'est pas vraiment libre : sa liberté est illusoire. a) Un homme qui oublie pour ne rien regretter ne peut ni progresser ni agir humainement. Paradoxalement, l'homme qui ne regrette rien de ce qu'il fut vit aussi dans une forme de passivité : celle de l'hommesatisfait de lui-même ne cherchant rien à accomplir dans l'avenir.

Sans se voir vieillir ou s'altérer au fil du temps,l'homme ne peut chercher à lutter contre la mort inéluctable qui l'attend.

Il ne donne aucun but à son existencepour vaincre justement l'irréversibilité du temps, ne cherche à accomplir aucune oeuvre qu'il pourrait laisser derrièrelui, se contente de vivre au jour le jour, satisfait de son existence.

Aucun désir né de cette conscience de la mortne viendrait le détourner de la satisfaction de ses besoins.

Un homme tourné uniquement vers l'avenir ne peut tireraucune leçon de ce qu'il a perdu ou raté pour chercher des moyens de s'enrichir et de progresser.

C'est dire qu'iln'est pas libre : car la liberté est bien le pouvoir qu'a l'homme de décider du sens de sa vie pour l'accomplir au mieuxet le plus humainement possible, en appliquant sa raison à des projets. b) Un homme qui se renie pour ne pas se sentir coupable vit dans le mensonge et la méconnaissance desoi-même. De même, un homme qui se ment à lui-même en niant ses fautes pour ne pas en subir les conséquencescontraignantes et obsédantes n'est pas capable de se construire une vie authentique.

Or la liberté est bien lepouvoir d'être soi-même en se connaissant et en se réalisant à travers ses pensées et ses actes.

Il s'agit de se«créer» soi-même, comme le montre Bergson.

Or cela est impossible pour un homme incapable d'assumer ses actesen reconnaissant : « c'est moi qui ai fait cela ».

Une vie inauthentique reste donc prisonnière et dépendante dumensonge qui la fonde, fragile au point de basculer dès que celui-ci est découvert.

La liberté est ici illusoire. c) Un homme qui rompt avec son passé au nom du choix se condamne à L'inconsistance et à uneexistence vide de sens. Enfin on peut s'interroger sur l'homme qui, pour choisir, décide de ne pas suivre son passé : il se condamne àchanger sans cesse d'histoire pour ne jamais avoir la même.

Mais qu'est-il à la fin ? Un homme sans aucunengagement, désengagé de tout et forcément sans consistance.

C'est là s'empêcher de construire une histoire àlong terme capable de donner un sens à sa vie tout entière en alignant « des » histoires sans fin.

Or la libertéconsiste bien à s'engager et à assumer ses engagements, à poursuivre ce qu'on a commencé pour prouver sa. »

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