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Une pensée de la mort a-t-elle un sens ?

Publié le 16/12/2009

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La mort en général et ma mort en particulier sont donc impensables par une pensée vivante car la mort n’est pas un objet de connaissance ni un modèle de représentation tandis que la pensée de ma mort est une pseudo-pensée qui contredit la structure même du vivant et de mon moi conscient et inconscient. La pensée du rien est un rien de pensée, le néant de l'objet annihilant le sujet: penser le rien, c'est ne penser à rien, et c'est donc ne pas penser; la pensée de la mort est donc une pseudo-pensée. Pourtant, par condition l’homme est confronté à la mort et par essence il ne peut pas ne pas y penser. Mais comment, si je ne peux élaborer aucune pensée de la mort, ne pas penser à sa propre mort alors que la disparition d'autrui, autre moi, autre que moi est une constatation tout au long de ma vie?

 

« «intransférable » car unique, inobservable du dehors car indiscernable (je ne peux pas regarder en face une absence), peu abordable car mystérieuse et opaque, difficilement définissable d'un point de vue scientifique car inconnue ineffable, et donc irrationnelle, irreprésentable et inimaginable.

Penser la mort supposerait que la mort soit un objet (jugement de connaissance nécessitant un concept qui subsume une intuition sensible); or, de ma mort il ne peut y avoir ni concept car c'est un événement non évènementiel unique insolite et personnel, ni intuition sensible car disparue avec la disparition de la conscience.

En outre, elle est incompréhensible car elle n'est pas naturelle en tant qu'échec relatif de la vocation aristotélicienne de l'épanouissement du vivant: instinct de survie Eros (principe de conservation) résistant provisoirement à la tendance de mort Thanatos .

Ainsi, il est impossible de penser la mort ni avant (En-deça de la mort temporel allégorique), ni pendant (Instant mortel seuil du pas-encore mort au déjà-plus vivant létal insaisissable invivable indescriptible inénarrable), ni après (Au-delà de la mort intemporel inconnaissable).

De plus, la mort est antagoniste à la vie confondue avec la pensée: je suis une substance pensante, je vis par la pensée, mon être c'est de penser.

Le syllogisme de Descartes dans le Discours de la Méthode (majeure: pour penser il faut être, mineure: or je pense, conclusion: donc je suis), ou plutôt son intuition dans ses Méditations Métaphysiques «je suis, j'existe », confond la certitude de mon existence avec la certitude de ma pensée.

Par contraposée du raisonnement du cogito cartésien cogito ergo sum , je ne suis plus implique que je ne pense plus, et par négation si je ne pense pas alors je ne suis pas; cependant, méditer la mort c'est introduire le néant dans ma existence, donc la mort est impensable.

Enfin, ma mort est impensable par le moi.

En effet, la mort à la première personne de Jankélévitch dans La mort est contradictoire: je sais que je mourrai car je suis inévitablement mortel et la mort est une certitude irrémédiable mais je ne crois pas que je mourrai et je vis comme si je ne devais jamais mourir car ma mort est irreprésentable donc impossible.

Je ne peux pas penser ni dire «je suis mort» c'est à dire je ne suis pas du fait de la contradiction du sujet qui énonce son propre néant car si je ne suis pas je ne peux pas être conscient que je ne suis pas.

D'ailleurs, selon la psychanalyse freudienne, tant que je suis en vie je suis immortel du point de vue de mon inconscient.

La mort en général et ma mort en particulier sont donc impensables par une pensée vivante car la mort n'est pas un objet de connaissance ni un modèle de représentation tandis que la pensée de ma mort est une pseudo- pensée qui contredit la structure même du vivant et de mon moi conscient et inconscient.

La pensée du rien est un rien de pensée, le néant de l'objet annihilant le sujet: penser le rien, c'est ne penser à rien, et c'est donc ne pas penser; la pensée de la mort est donc une pseudo-pensée.

Pourtant, par condition l'homme est confronté à la mort et par essence il ne peut pas ne pas y penser.

Mais comment, si je ne peux élaborer aucune pensée de la mort, ne pas penser à sa propre mort alors que la disparition d'autrui, autre moi, autre que moi est une constatation tout au long de ma vie? Dans un second mouvement, étant donné que l'homme en tant qu'homme pense à la mort en général, et que sa mort en particulier est impensable, il pense et expérimente indirectement la mort familière à travers On.

Ontologiquement l'homme pense à la mort; c'est une nécessité au sens de ce qui ne peut pas ne pas être pour que je sois ce que je suis.

En effet, l'homme, « ni bête, ni dieu », est un intermédiaire c'est à dire un mortel qui a conscience de sa finitude.

Dans une perspective anthropologique darwiniste, les signes inhérents à l'humanité sont la bipédie ( homo erectus ), les outils ( homo habilis ), le langage et l'art ( homo sapiens )… mais, l'humanisation de l'humanité véritable coïncide certainement avec la prise de conscience du mourir et les rites funéraires de l' homo Neanderthalensis qui enterre ses morts.

Phénoménologiquement, il sent et voit en chaque moment individuel de son. »

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