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Valeur et limites de la psychologie

Publié le 16/02/2011

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REMARQUES PRÉLIMINAIRES

Au début d'une année scolaire, toujours nouvelle, et surtout au début de celle qui comporte cette nouveauté supplémentaire d'aborder les études philosophiques, il est bon de se placer dans la disposition d'esprit générale qui convient à la situation. La philosophie n'est ni l'épouvantail qu'imaginent parfois ceux « qui ne sont pas doués pour les lettres « ni, non plus, la dispensatrice magique de révélations toutes faites, de solutions que l'on n'aurait plus qu'à recopier et qu'à reproduire telles quelles, comme il arrive aussi qu'on. le pense, et même assez fréquemment. La philosophie est une méthode de réflexion qui se veut très exacte, très positive et objective, qui essaye de délimiter ce que peut être la connaissance de l'homme, de sa nature, de son destin; cela comporte nécessairement une curiosité toujours en éveil en tous domaines et pour toutes choses, mais aussi une attitude de jugement critique et de vigilance intellectuelle qui tend à ne se laisser leurrer par rien, à examiner tous les a priori de notre expérience personnelle et tous les préjugés de notre milieu et de notre époque. Le sujet proposé aujourd'hui me semble constituer une assez claire introduction et un assez bon entraînement préalable aux aspirations et aux pièges de l'initiation à la philosophie.

« Corrélativement, et au sein même de la nature humaine, le psychisme individuel est borné d'un côté par le purphysiologique, de l'autre par le spirituel; la connaissance doit savoir s'arrêter où le domaine de son objet se termine,et ne pas prétendre dépasser les bornes imposées par la nature même des choses.

Nous constatons que desvibrations physiques deviennent, à partir du tympan, des vibrations physiologiques, et que, à l'extrémité visible ettangible de ce processus des mouvements matériels, des modifications de terminaisons nerveuses donnentnaissance à ce phénomène tout autre qui est un son; vouloir ramener ce dernier fait, qui est sur le plan mental, àceux qui sont sur le plan matériel, c'est non seulement de la métaphysique (que l'on se défend de faire!), mais c'estaussi la métaphysique la plus détestable, celle qui n'ose pas dire son nom, et qui est en conséquence dupe de tousles mots qu'elle peut employer; nous pourrions faire des remarques semblables sur la mémoire et la conservation dessouvenirs, sur les émotions, chaque fois que psychologique et physiologique sont mêlés en une composition qui défiel'analyse; plus cette union est profonde et réelle, plus il est chimérique de vouloir l'expliquer par un seul des deuxtermes en présence, et même par les deux, mais utilisés et présentés par notre pensée et notre langage en état deséparation; c'est l'erreur, ridicule ou tragique, d'une grande partie de la psycho-physique et de la psycho-physiologie, de beaucoup de disciples de Freud, pour ne citer que ces cas-là.

Mais l'âme (au sens purementpsychologique de ce mot) est également limitée par les valeurs spirituelles qui la dépassent, comme notre corps l'estpar la Nature qui l'entoure et par les dimensions de l'univers; il y a un moment, dans les « affinités électives », oùl'on ne peut plus rien expliquer : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi, » dit Montaigne; de même pour unevocation artistique; de même pour le génie : on a essayé, au siècle dernier, de le ramener à la folie; en un premiertemps ce fut très facile et rapide, car les matériaux étaient les mêmes (observation, imagination, mémoire,affectivité, etc...); en un second temps, il fallut bien reconnaître qu'un fou était fou et n'était pas génial et qu'ungénie était génial et n'agissait pas en fou — ce que l'on avait toujours pensé sans déploiement fracassant de vainsarguments; comment ne pas penser ici à la boutade célèbre : « Le génie n'est qu'une longue patience...

» dit lapseudo-explication des psychologues, et la plaisanterie de l'homme sensé ajoute : ...« dont sont capablesseulement ceux qui ont du génie ».

Et que ne faudrait-il pas dire sur l'analyse psychologique du sens religieux et dela vie religieuse, qui ne peut atteindre, avec beaucoup de complaisance, que ses propres insuffisances! Je pense enparticulier à toutes les tentatives de réduction de la prière en des éléments constitutifs purement expérimentaux etobservables tels que le comportement sociologique : l'échec est flagrant; seuls les auteurs sont très satisfaits deleurs théories; mais ceux qui vivent ces choses ne peuvent pas croire que ce soit d'eux que l'on ait vraiment vouluparler, et ils se trouvent à peu près dans l'état d'esprit d'un être humain décrit et « expliqué » par un poissonphilosophe et qui « apprendrait » à partir de cette étude exhaustive que ses jambes ne sont que des hypertrophiestrès gênantes d'une nageoire caudale — ou quelque chose d'aussi ahurissant! CONCLUSION Si la psychologie a dans son domaine une fonction et une valeur irremplaçables, elle comporte aussi, dans sonorientation actuelle, plusieurs risques de dangers très graves (réduction du supérieur à l'inférieur — tendance àsupplanter toute autre connaissance de l'activité mentale et spirituelle), et la méconnaissance orgueilleuse de seslimites ne peut que fausser son fonctionnement.. »

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