VÉRITÉ ET RÉALITÉ

Nous l'avons dit, dès l'abord des premières difficultés, vérité et réalité renvoient l'une à l'autre et forment une sorte de cercle. • Mais après avoir défini la vérité, il faudrait tenter de définir la réalité. En général la réalité c'est ce qui est donné à l'esprit ou au sens, c'est ce qui s'impose à nous, avec présence et plénitude, ce qui nous résiste au point de ne pouvoir être nié. On parlera en ce sens de réalité objective et l'on retrouvera l'une des définitions de l'objet, en philosophie : ce qui possède une réalité extérieure à la pensée, irréductible à elle; une existence en-soi indépendante de la connaissance ou de l'idée que nous pouvons en avoir. C'est ainsi qu'on peut caractériser également le fait. • Cette limpidité cependant se trouble dès qu'on découvre l'esprit, par une démarche réflexive, et que l'on s'aperçoit qu'il est lui-même une authentique réalité, celle dont l'existence est la plus certaine pour nous, comme le révèle le Cogito cartésien. Il y a des réalités spirituelles et elles ne peuvent manquer de paraître les plus importantes aux yeux de qui réfléchit. • Il sera donc prudent de feuilleter la notion de réalité et de ne pas croire que le mot évoque nécessairement une existence purement et simplement matérielle. Il faudra considérer le réalisme métaphysique, doctrine que pose l'être comme existant en soi indépendamment de la pensée humaine mais sans réduire l'être ainsi posé ni à la réalité manifeste ni, a fortiori, à la réalité matérielle ou sensible. • Parlant de la pression que la réalité exerce sur notre esprit, DESCARTES n'en voit pas de plus forte que celle de l'idée de Dieu, que la tradition appelle justement ens realissimum, l'être le plus réel.