Y a-t-il des progrès dans l'histoire ?
Publié le 17/01/2022
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L'idée de progrès suggère celle d'un état final. La fin de l'histoire, ce serait la fin des guerres, des violences. On constate qu'il y a des progrès scientifiques et techniques, des progrès du droit, de la liberté. Mais qu'il n'y a pas de progrès moraux de l'espèce humaine. En témoignent, au XXième siècle, les guerres, les violences et surtout la barbarie nazie. si, en s'appuyant sur l'expérience, on ne peut pas prouver que l'histoire a un sens - celui du progrès moral de l'espèce humaine - , on peut le penser comme possible et c'est même un devoir d'adopter cette idée. Kant souligne que la Raison pratique (la morale) commande absolument aux hommes de mettre fin aux guerres. Peu importe que cette idée puisse paraître chimérique. Le devoir nous impose d'agir et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que le monde soit en accord avec ce que notre raison exige.
«
« L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté, progrès dont nous avons à reconnaître lanécessité. »
Qu'est-ce à dire ? Ce qui caractérise l'homme, l'esprit, est la liberté.
L'histoire est le temps nécessaire pour que,d'une part l'homme prenne conscience de cette liberté, pour que l'esprit parvienne à la connaissance que :« L'homme en tant qu'homme est libre », et que, d'autre part, cette connaissance se concrétise dans le monde, se donne la forme politique qui lui correspond.
Ainsi Hegel propose-t-il une périodisation de l'histoire humaine, où l'Idée de liberté, présente dès le départ, se déploie, s'éprouve et se réalise.
« Les Orientaux ne savent pas encore que l'esprit ou l'homme en tant que tel est en soi libre ; parce qu'ils ne lesavent pas, ils ne le sont pas ; ils savent uniquement qu'un seul est libre [...] Cet unique n'est donc qu'un despoteet non un homme libre. »
Cela signifie d'une part que l'Idée de liberté, même sous forme unilatérale et frustre (un seul est libre), est présentedès le départ, mais, de plus, que la conscience détermine l'être : ne pas se savoir libre, c'est ne pas pouvoir l'être,et qu'enfin à toute conscience de la liberté correspond une forme politique adéquate, ici le despotisme.
Selon le déploiement de la conscience de la liberté, chez un autre peuple se manifestera une phase plus haut, plusdéveloppée de l'Idée de liberté.
« Chez les Grecs s'est d'abord levée la conscience de la liberté, c'est pourquoi ils furent libres, mais eux, aussi bienque les Romains, savaient seulement que quelques-uns sont libres, non l'homme en tant que tel.
Cela même Platon &Aristote ne le savaient pas ; c'est pourquoi [...] les Grecs ont eu des esclaves desquels dépendaient leur vie maisleur belle liberté. »
Cette phrase implique d'autres conséquences, aussi essentielles.
La philosophie est fille de son temps.
Ainsi mêmedes philosophes aussi prestigieux que Platon et Aristote ne pouvaient « sauter par-dessus leur temps » et comprendre que l'homme en tant qu'homme est libre.
La philosophie ne fait que tirer au clair, rationaliser, comprendre la nécessité et les failles de ce qui est.
On nesaurait condamner plus fermement le mépris du présent et les créations d'Utopie.
mais on commence aussi àcomprendre ce qui fait passer d'une phrase à une autre de l'histoire : c'est la contradiction qui se manifeste dans laconscience que les hommes ont de la liberté, et par suite, dans la forme étatique qui en résulte.
Ainsi la belle libertégrecque, cette forme unique qu'est la « polis » se voit dépendante des esclaves, c'est-à-dire de son contraire : la servilité.
En fin c'est dans le christianisme qu'émerge la conscience que « l'homme en tant qu'homme est libre, que la libertéuniverselle constitue sa nature propre ».
Cependant cette connaissance reste d'abord confinée dans la sphèreintime de la religion (par exemple l'esclavage ne disparaît pas).
La tâche politique moderne est de transformer cetteconscience en réalité, c'est-à-dire de la prendre pour fondement de l'ordre juridique et étatique (comme laRévolution française a tenté de le faire, en plaçant la liberté et l'égalité pour fondements de son régime).
Ainsi, « Cette application du principe aux affaires du monde, la transformation et la pénétration par lui de la condition dumonde, voilà le long processus qui constitue l'histoire elle-même. »
On comprend dès lors, en partie, pourquoi « L'histoire présente le développement de la conscience qu'a l'esprit, et de la réalisation produite par une telle conscience. »
On peut déduire de tout cela deux points centraux.
¨ D'abord, la philosophie de Hegel est idéaliste.
Non pas au sens trivial (selon lequel serait idéaliste celui qui aurait des idéaux) ; bien au contraire, cet idéalisme est méprisé et dénigré par Hegel .
Mais au sens vrai : c'est la conscience qui est première et qui détermine l'être.
L'idée de liberté est première et la tâche historique estd'abord le déploiement de sa forme initiale et unilatérale jusqu'à sa vérité, ensuite sa réalisation concrète dans lemonde.
¨ D'autre part, la conception hégélienne de l'histoire est tragique.
En ce sens d'abord que l'adaptation du principeau monde, de la conscience de la liberté à la réalité concrète, qui est par essence la tâche historique « exige un long & pénible effort d'éducation ».
« L'histoire universelle n'est pas le lieu de la félicité.
Les périodes de bonheur y sont des pages blanches : car cesont des périodes de concorde auxquelles font défaut l'opposition. »
Si Kant , en effet, accordait une certaine positivité au conflit social, comme moteur de l'évolution, Hegel va plus loin, en légitimant en quelque sorte la violence révolutionnaire.
C'est en effet par la violence que l'on passe d'unstade déterminé de la conscience de la liberté et de la forme d'Etat qui lui correspond à un stade plus développé.
Orchaque peuple incarne un moment de ce processus : « L'esprit d'un peuple est un esprit déterminé [...] selon le degré historique de son développement. »
La violence peut prendre la forme d'une guerre pour l'hégémonie : « L'idée générale, la catégorie qui se présente d'abord dans ce changement sans trêve des individus et des peuples qui existent un temps puis disparaissent, c'est.
»
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