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Y a-t-il un sens à invoquer une fatalité du progrès ?

Publié le 29/01/2004

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Peut-il y avoir des victimes du progrès, ou est-ce un processus de perfectibilité ayant pour but le bien ? Doit-on s'arrêter au sens moral des méfaits inéluctables du progrès, ou doit-on dépasser ce sens ? Ne peut-on d'ailleurs invoquer plusieurs sens à propos de la fatalité du progrès, qui rendraient discutables l'élaboration d'un seul sens ? [Le progrès technique est un phénomène naturel et inévitable. L'histoire humaine se résume en définitive au progrès des sciences et techniques.] La technique est un phénomène biologique. La main comme outil naturel "Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains. En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs. Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres. C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main.
L'évolution technique est un phénomène naturel. La raison humaine ne peut s'empêcher de faire progresser la technique. Mais, la technique n'est pas une fatalité. L'homme peut corriger ses erreurs. Il peut aussi revenir à la vérité primitive qui a été oubliée par la rationalité scientifique.


« sorte qu'il possède l'arme qu'il veut, quand il veut.

Car la main peut devenir «griffe, serre, corne [...] ou touteautre arme ou outil ».La main est donc un outil naturel qui « tient lieu des autres » et c'est là toute sa spécificité.

Pourquoi, alors,la nature a-t-elle donné à l'homme seul cet outil « de loin le plus utile » ?C'est que la nature ne fait rien en vain, selon Aristote, et si elle a doté l'homme de la main, c'est parce qu'ilest seul capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques.Seule, en effet, l'activité humaine est véritablement inventive.

La technè est chez l'homme une dispositiontournée vers la création, et « accompagnée de raison », ce qui l'oppose de ce fait, aux autres animaux.La nature a donc donné à l'homme des mains à la mesure de ce que peut lui permettre de faire sonintelligence.

L'outil, en effet, n'est pas seulement le prolongement naturel de la main, il est la traductionmatérielle de son intelligence.C'est pourquoi Aristote peut affirmer que « ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plusintelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains ».

La technique progresse avec la raison ou l'homo faberHenri Bergson écrit que l'intelligence humaine se caractérise par sa faculté de créer librement de nouveauxoutils et de nouvelles manières de maîtriser la nature.

Cette capacité d'inventer, de progresser en résolvantsans cesse de nouveaux problèmes pratiques est le propre de la raison.Pour que le progrès technique s'arrête, il faudrait donc que la raison ne fonctionne plus, ce qui estimpensable.Bergson, qui parle dans « L'évolution créatrice », de l' « invention mécanique » comme « démarche essentielle», quitte à aller jusqu'à dire que l'histoire retiendra davantage la « machine à vapeur » que les « guerres et lesrévolutions ».

Ce propos conduit Bergson à définir l'intelligence humaine comme « faculté de fabriquer desobjets artificiels », et ce, au détriment direct d'une autre compréhension de l'intelligence, celle qui lacomprendrait comme faculté d'articuler des moyens avec des fins.

Une certaine formule de l' « Évolutioncréatrice » doit retenir notre attention : Bergson veut en effet substituer à l' « homo sapiens », l'homme quipense, l' « homo faber », l'homme qui fabrique.

Cette formulation est lourde de conséquences : elle témoignede la portée de cette question de la technique sur l'identité humaine elle-même. L'histoire se caractérise par le progrès techniqueAinsi que le pensaient les philosophes du XVIIIe siècle, le progrès des techniques et des sciences est unphénomène indiscutable, nécessaire et irréversible.

Ce progrès était annoncé par Descartes lorsqu'il disait queles sciences et techniques devaient "nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature".En effet, le progrès technique n'est pas une forme de progrès parmi d'autres possibles.

Il nous semble qu'ilincarne à lui tout seul tout le progrès, qu' il est le progrès par excellence.

Tout se passe comme si entre «progrès » et « technique » il y avait un lien essentiel: le progrès est pleinement un progrès, lorsque c'est unprogrès technique.

Le progrès semble être technique par nature.Qu'est-ce qui fait pour nous la supériorité de la technique sur toutes les autres activités humaines? C'est que,par la technique, l'homme maîtrise la nature.

La technique se définit essentiellement comme cette prise depossession de la nature où l'homme affirme sa qualité d'être non naturel.Et en asseyant sa maîtrise technique de la nature, l'homme en même temps semble s'accomplir lui-même.Parce qu'il est un animal perfectible, parce qu ‘il n'a pas de nature ou d'essence fixée une fois pour toutes,l'homme peut se faire lui-même au fil du temps, et même doit se faire.

En ce sens, toute évolution technique,malgré la contingence de ce progrès plus ou moins rapide, plus ou moins décisif, n'est possible que parce quel'homme lui-même est par nature appelé à évoluer.On retrouve la trace de ce lien entre le progrès technique et la nature de l ‘homme jusque dans lesdénominations des différents stades de l' hominisation.

Chaque étape est baptisée du nom de la percéetechnique majeure de l'époque en question.

Nous avons ainsi: l'âge de la pierre taillée, celui du bronze, du fer,etc...

jusqu'à l'âge nucléaire.

Il semble donc que ce soit par la technique que l'homme est homme.En outre, il semble bien que tout progrès, en quelque domaine que ce soit, reste subordonné à un progrèstechnique et en est tributaire.Par exemple, un progrès médical n'est possible que dans la mesure où il y a progrès des instruments médicaux,comme le scanner par exemple.

Tout se passe comme si le progrès technique occupait une place à part parmitoutes les formes de progrès dont l'homme est susceptible.Autre exemple: un progrès dans les sciences qui ne serait pas susceptible de connaître une applicationtechnique n'est pas loin d'être considéré comme nul et non avenu.

Le progrès technique semble donc venirachever tous les autres progrès: il les concrétise, les traduit en termes d'efficacité réelle.

Aussi longtempsqu'une avancée scientifique n'est pas applicable techniquement, elle nous semble rester vague, pas loin d'êtreinutile.

On pourrait presque dire que ce n'est pas un progrès. [La technique doit être contrôlée, maîtrisée.

Les hommes doivent s'opposer à cette soi-disant fatalité du. »

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