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L'ESPRIT CONTRE LÉVIATHAN

Publié le 07/09/2018

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esprit

Rompre avec Marx, pour lui, n'est pas le renier. C'est « dépasser » une doctrine qui, en son temps, n'était pas une erreur », mais qui l'est devenue. Rationalisme, déter­minisme de Marx, l'auteur les rejette également comme périmés, comme correspondant à une mentalité scientiste propre au XIxe siècle et dépassée au xxe, c siècle de la psychologie ». On ne croit plus, dit-il, que la connaissance humaine puisse se résumer en la pensée logique (Bergson, entre autres, est passé par-là). Ce sont les mobiles qui comptent. Or beaucoup de ces mobiles, dans la classe ouvrière, sont d'un ordre non économique, mais éthique, moral, intellectuel. Certains parviennent à orienter l'évo­lution économique elle-même, bien loin d'en être simplement le reflet. Le marxisme ne donne qu'une « caricature » de la mentalité réelle des ouvriers. H. de Man, au contact quotidien de la réalité de la vie ouvrière, a été obligé, presque malgré lui, de se rendre à l'évidence, et de restituer aux sentiments, aux émotions leur primauté. Pure superstition rationaliste que de faire passer la connaissance avant le sentiment. La volonté de classe jaillit, selon Marx, de la conscience de classe. Mais non : le senti­ment de classe, état émotif, précède la conscience de classe, état de connaissance. La clef essentielle de la mentalité de la classe ouvrière se trouve dans son complexe d'infériorité sociale - question de dignité, donc - complexe engendré par un vaste ensemble de causes. Bien vaines, sous cet angle, les plus sagaces spéculations marxistes sur la valeur et la plus-value. C'est « dans leur milieu de vie réel et historiquement variable » qu'il faut considérer les ouvriers - ces êtres vivants, en qui le marxisme ne sait voir que les héros abstraits d'un drame historique, d'une mission historique révolutionnaire.

 

Au déterminisme de Marx, à sa « nécessité historique », H. de Man oppose Schiller : ~L'homme veut... Les·choses doivent.• Marx admet bien que l'homme «veuille» et que sa volonté influe sur le rythme du devenir historique ; mais il tient que cette volonté est elle-même prédéterminée par l'évolution économique. Systématiquement il donne le pas, dans la formation de cette volonté, aux mobiles d'intérêt, à « l'instinct acquisitif», sur les mobiles éthiques. Thèse toute gratuite. Confusion, somme toute, et parallèle à celle que Darwin commit, en biologie, quant à l'influence du milieu sur la transformation des espèces animales, confusion entre les causes et les conditions.

Révolte de l'esprit contre le nouveau machiavélisme, qu'il se réclame de la Classe,

de la Race ou de l'Étalr Nation.

Dans ses Principes d'une politique humaniste (1944), le philosophe J. Maritain fait curieusement écho - un écho catholique - à une phrase suggestive d'Au-delà du marxisme sur l'unité foncière qui relierait christianisme, démocratie et socialisme, « trois formes d'une seule idée ». Un idéal de justice et de liberté, idéal démocratique, idéal socialiste, a plus que tout autre besoin pour se soutenir, affirme Maritain, de puissants fondements métaphysiques et religieux. Si la démocratie est un humanisme, elle ne saurait se proclamer athée, rejeter toute transcendance sans nourrir dans ses flancs sa propre faillite. Réclamant du citoyen une dure contrainte sur lui-même, exigeant de lui un constant travail de soi sur soi, la démocratie relève au fond d'une inspiration « héroïque» et tout le contraire d'épicurienne. Elle n donc besoin des énergies du ferment chrétien. Seule la force divine peut opérer ce que Joseph de Maistre (dans Le Pape) appelle l'espèce de c greiTe spirituelle,, nécessaire pour détruire « l'âpreté naturelle » des volontés individuelles en action dans l'État, et pour les

mettre à même d'agir ensemble sans se nuire.                                                      ,

Il est bien évident que le machiavélisme - dont l'hitlérisme déchaîné dans la guerre fournit, lorsque écrit Maritain, une variété insoupçonnée de Machiavel lui­même - il est bien évident que ce machiavélisme esquive tout problème de travail de soi sur soi, de ferment chrétien, de greffe spirituelle et de démocratie d'inspiration « héroïque », ou (comme dit Bergson) << d'essence évangélique» ! L'homme, pour Machiavel et ses disciples, n'est que la matière première du pouvoir. Le Prince la manie, cette matière humaine, « comme le sculpteur travaille l'argile ou le marbre ». L'éthique de l'État balaye ce que le chrétien appelle l'éthique de « la personne ».


esprit

« CONCLUSION moelles, il s'est, nous dilril, senti obligé, après un dur débat, de rompre avec Marx pour se mettre en accord avec lui-même.

Rompre avec Marx, pour lui, n'est pas le renier.

C'est« dépasser » une doctrine qui, en son temps, n'était pas une • erreur », mais qui l'est devenue.

Rationalisme, déter­ minisme de Marx, l'auteur les rejette également comme périmés, comme correspondant à une mentalité scientiste propre au XIxe siècle et dépassée au xxe, c siècle de la psycholog ie».

On ne croit plus, dit-il, que la connaissance humaine puisse se résumer en la pensée logique (Bergson, entre autres, est passé par-là).

Ce sont les mobiles qui comptent.

Or beaucoup de ces mobiles, dans la classe ouvrière, sont d'un ordre non économ ique, mais éthique, moral, intellectuel.

Certains parviennent à orienter l'évo­ lution économique eUe-même, bien loin d'en être simplement le reflet.

Le marxisme ne donne qu'une «caricature » de la mentalité réelle des ouvriers.

H.

de Man, au contact quotidien de la réalité de la vie ouvrière, a été obligé, presque malgré lui, de se rendre à l'évidence, et de restituer aux sentiments, aux émotions leur primauté.

Pure superstition rationaliste que de faire passer la connaissance avant le sentiment.

La volonté de classe jaillit, selon Marx, de la conscience de classe.

Mais non : le senti­ ment de classe, état émotif, précède la conscience de classe, état de connaissance.

La clef essentielle de la mentalité de la classe ouvrière se trouve dans son complexe d'infériorité sociale -question de dignité, donc -complexe engendré par un vaste ensemble de causes.

Bien vaines, sous cet angle, les plus sagaces spéculations marxistes sur la valeur et la plus-value.

C'est « dans leur milieu de vie réel et historiquement variable » qu'il faut considérer les ouvr iers -ces êtres vivants, en qui le marxisme ne sait voir que les héros abstraits d'un drame historique, d'une mission historique révolutionnaire.

Au déterminisme de Marx, à sa «nécessité historique », H.

de Man oppose Schiller : �L'homme veul...

Les ·ch oses doiven t.• Marx admet bien que l'homme «veuille» et que sa volonté influe sur le rythme du devenir historique ; mais il tient que cette volonté est elle-même prédéterminée par l'évolution économique.

Systématiquement il donne le pas, dans la formation de cette volonté, aux mobiles d'intérêt, à «l 'instinct acquisiti f», sur les mobiles éthiques.

Thèse toute gratuite.

Confusion, somme toute, et parallèle à celle que Darw in commit, en biologie, quant à l'influence du milieu sur la transformation des espèces animales, confusion entre les causes et les conditions.

L'homme veut -corrige H.

de Man -et c'est son vouloir qui trans­ forme la société; seulement les seules modifications voulues susceptibles de réussir et de se maintenir sont celles qui sont compatibles avec les cond itions matérielles qui constituent le milieu.

Ces conditions découlent pour une part de la nature humaine, pour une autre part de la situation sociale du moment.

Au fond, d'après notre auteur, le marxisme a transposé l'idée de Dieu conformément aux besoins d'une époque athée et scientiste.

Les générat ions croyantes appelaient « Dieu » la loi mystérieuse dominant les destins humains.

Ce sont maintenant de soi-disant. »

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