Grand cours: CONSCIENCE & INCONSCIENT (a de j)
Publié le 22/02/2012
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INTRODUCTION
1. Exercice préparatoire
- Le mot conscience se rencontre dans un grand nombre de phrases et d'expressions dans lesquelles il reçoit un très grand nombre de sens différents. Ce qui s'impose donc d'abord avec ce mot, c'est sa polysémie. Recensement des locutions et expressions employant le mot conscience puis classement de ces locutions par champs sémantiques. On doit parvenir au classement suivant:
a. Registre moral : avoir bonne / mauvaise conscience, avoir la conscience tranquille, en son âme et conscience, faire appel à la conscience de quelqu’un, conscience professionnelle, avoir un problème ou un cas de conscience, agir en son âme et conscience, être consciencieux, avoir la conscience tranquille. Et, dans le même ordre d'idée, être inconscient, c'est-à-dire agir au mépris de la prudence, dans l'ignorance des risques qu'on court ou fait courir aux autres.
b. Registre psychologique : perdre conscience, être inconscient au sens d'avoir perdu connaissance, prendre conscience de quelque chose, être conscient de l'existence d'une chose, d'un être, d’un fait, avoir conscience de telle ou telle chose, avoir conscience de soi.
- Où l'on voit que le terme de conscience est, en français, ambigu. Lorsque je pense, j'ai conscience de mes idées, personne ne peut les connaître à ma place, et lorsque j'ai commis une faute morale, j'ai mauvaise conscience. Il ne s'agit manifestement pas de la même conscience. La langue anglaise dispose de deux mots – consciousness et conscience – là où la française n'en a qu'un. Consciousness désigne la relation qu'un sujet entretient avec une réalité externe ou interne, tandis que conscience signifie la relation avec une valeur morale. De même l'allemand possède-t-il deux mots pour désigner la conscience psychologique (Bewu$tsein) et la conscience morale (Gewissen).
- Chacun de ces deux types de conscience détermine une catégorie spécifique de jugements : lorsque je dis que j'ai mal, j'énonce un jugement de fait; lorsque je dis que c'est mal, j'énonce un jugement de valeur. Les jugements de fait se contentent de constater la réalité telle qu'elle est (" il fait beau "), les jugements de valeur visent la réalité telle qu'elle devrait être (" il faut respecter son prochain ").
- Il s'ensuit que par conscience psychologique, il convient d'entendre la saisie immédiate qu’un sujet a de lui-même, de ses pensées, de ses actes, la simple présence du sujet au monde, à lui- même (à ses représentations), bref la conscience qui accompagne tout acte du sujet : lorsque j'ai mal, que je pense à mon enfance, je le sais immédiatement, je n'ai pas besoin de réfléchir longuement pour le savoir. Le terme conscience vient d'ailleurs de deux mots latins, cum et scire, qui signifient avec et savoir. Avec qui ? Avec soi-même précisément. La conscience est ainsi, en premier lieu, présence à soi, relation intériorisée immédiate ou médiate qu'un être est capable d'établir avec le monde où il vit ou avec lui-même.
- La conscience morale est la propriété qu’aurait l’esprit humain de porter spontanément des jugements moraux, la faculté que possède chaque homme d’être lui-même le juge de ses actions, comme de celles de n’importe quel être humain. Par elle, nous sommes responsables, nous distinguons le bien du mal, et revendiquons des droits, comme la liberté de conscience (droit de professer les croyances de son choix).
- Dans ce cours, nous nous limiterons à l'examen de la conscience psychologique en articulant notre réflexion autour de deux questions fondamentales :
1. Celle d'abord concernant la nature, les formes et les conditions de la conscience psychologique (1ère partie du cours) : comment faisons-nous l'expérience de la conscience ? que nous révèle-t-elle de nous-mêmes ? quelles sont les caractéristiques fondamentales de la conscience ? que signifie être conscient et prendre conscience de quelque chose ?
2. Celle ensuite relative à l'identité de la personne (2ème partie du cours) : la conscience renvoie-t-elle à l'existence d'une entité qu'on appellerait le moi ou le sujet ? qui suis-je réellement, que puis-je savoir de moi-même ? suis-je ce que j'ai conscience d'être ?
3. La troisième partie du cours sera consacrée à l'examen de l'idée d'inconscient que nous n'avons pas encore introduite par souci de cohérence ou pour éviter d'obscurcir cette introduction. Car pour savoir si l'on peut légitimement parler d'inconscient, il convient d'abord de comprendre ce qu'est la conscience.
- C’est sans doute l’idée même de sujet qui est en jeu, à laquelle se réfère toute la philosophie occidentale, alors que l’Orient, semble-t-il, met le sujet à distance ou le relativise en tout cas. Le sujet conscient est-il le point de départ évident, le modèle de la connaissance ou de l’action rendant possible les idéaux de la vérité, de la liberté et du bonheur, par opposition au monde des choses et de la nature ? Ou bien faut-il remettre le sujet à sa place, qui n’est pas celle d’un principe fondateur, mais d’un phénomène déterminé, relatif, transitoire, illusoire, comme nous invitent à le penser les sciences humaines, certains courants de la philosophie contemporaine et les spiritualités orientales ?
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