Devoir de Philosophie

Hittites (peuple)

Publié le 03/02/2013

Extrait du document

hittites

1   PRÉSENTATION

Hittites (peuple), peuple antique de l’Anatolie centrale, habitant le pays de Hatti.

2   LE PREMIER EMPIRE HITTITE

D’origine mal connue, les Hittites (Hittim en hébreu) parlent une langue indo-européenne. Leurs premières traces remontent aux environs de 1900 av. J.-C. et montrent que les Hittites s’introduisent, vraisemblablement en plusieurs vagues, dans la région anatolienne. Ils imposent leur langue, leur culture et leur souveraineté aux indigènes, qu’ils appellent Hattis. Les Hattis parlent, pour leur part, une langue non indo-européenne, et les nombreuses attestations de celle-ci dans le hittite (notamment les noms de lieux et de personnes) laissent supposer que les deux peuples ont cohabité, avant que la culture des Hattis ne disparaisse. Les Hittites conservent le nom des Hattis pour dénommer leur pays (et une de leurs capitales, Hattusha). La première ville dominée par les Hittites est Nesa (près de l’actuelle Kayseri, en Turquie), d’où le nom qu’ils donnent à leur propre langue : nesili, « langue de Nesa «. Peu après 1800 av. J.-C., ils font de la ville de Hattusha (près de l’actuelle Boğazköy) leur capitale.

On ne sait que peu de choses sur l’histoire hittite jusqu’au xviie siècle av. J.-C. et sur la fondation de l’ancien royaume hittite par Labarna ou Tabarna (roi v. 1680-1650 av. J.-C.). Labarna conquiert presque tout le centre de l’Anatolie et étend sa souveraineté jusqu’à la Méditerranée. Son fils Hattousil Ier et ses successeurs étendent les conquêtes hittites en direction du nord de la Syrie. Moursil Ier (roi v. 1620-1590 av. J.-C.) conquiert ce qui est aujourd’hui Alep (en Syrie), et lance des incursions sur Babylone vers 1595 av. J.-C. L’assassinat de Moursil Ier est suivi par une période de luttes intestines et de déclin à l’extérieur qui s’achève sous le règne du roi Telipinou (roi v. 1530 av. J.-C.). Pour assurer la stabilité du royaume, celui-ci promulgue une loi de succession stricte, qui demeure en vigueur jusqu’à la fin de l’empire, et prend des mesures énergiques pour éradiquer la violence. Des successeurs de Telipinou, on ne connaît que le nom. Fragilisée par la constitution, au sud-est de l’Empire hittite, du puissant royaume indo-aryen du Mitanni allié aux Hourrites, la dynastie de Labarna s’éteint dans les luttes de succession et les conflits avec son nouveau voisin.

3   LE SECOND EMPIRE HITTITE

L’avènement du roi Tuthaliya Ier en 1465 av. J.-C. marque la fondation du nouveau royaume hittite. L’un de ses plus importants représentants, le prince royal Souppilouliouma (roi v. 1353-1322 av. J.-C.), usurpe le trône durant une période d’invasions étrangères. Après avoir libéré son pays et battu son principal ennemi, le royaume du Mitanni au nord de la Mésopotamie, il entraîne ses armées plus loin en Syrie. Ses conquêtes y sont facilitées par l’affaiblissement de la puissance égyptienne sous le règne d’Akhenaton (également appelé Aménophis IV). Le royaume hittite devient ainsi sous Souppilouliouma un grand empire rivalisant avec la puissance de l’Égypte, de la Babylonie et de l’Assyrie. Après la mort de Souppilouliouma, les Hittites parviennent, au prix de guerres incessantes, à maintenir leur empire. Au cours des xve et xive siècles av. J.-C., leurs possessions s’étendent à l’ouest jusqu’à la mer Égée, à l’est en Arménie, au sud-est en Mésopotamie supérieure et au sud en Syrie jusqu’au Liban actuel.

Dans la seconde moitié du xive siècle av. J.-C., les Hittites s’opposent souvent à l’Égypte. Les deux grandes puissances s’affrontent pour le contrôle de la Syrie jusqu’à la bataille de Qadesh, en Syrie, qui met face à face le roi Mouwatalli (roi jusqu’en 1270 environ av. J.-C.) et Ramsès II. Malgré la revendication de la victoire par Ramsès II, les Hittites conservent leur mainmise sur la Syrie. Hattousili III (roi v. 1265 av. J.-C.) conclut un traité de paix avec Ramsès II quelques années plus tard, traité qu’il scelle en lui offrant sa fille en mariage. Par la suite, les relations entre les Hittites et les Égyptiens demeurent favorables jusqu’à la chute de l’Empire hittite peu après 1190 av. J.-C. devant des envahisseurs appelés Pélasges ou Peuples de la mer dans les textes égyptiens, mais aussi vraisemblablement à la suite de famines et de mouvements de révolte internes.

4   L’ÂGE DES CITÉS-ÉTATS

La chute de l’Empire hittite provoque la confusion et le tumulte, mais ne supprime pas totalement la tradition impériale. Des cités-États hittites, dont la plus fameuse est Karkemish, surgissent dans le sud-est de l’Anatolie et le nord de la Syrie. Elles sont peuplées d’un groupe ethnique mixte, souvent appelé les Syro-Hittites, formé principalement des Hittites, ou peuples de l’ancien Empire hittite, de Hourrites et de Sémites de Syrie, suivant les régions. Les souverains syro-hittites parlent la langue luwienne ou néo-louvite, qui s’écrit en hiéroglyphes et est proche du hittite. Certaines de ces cités-États sont conquises au xe siècle av. J.-C. par les Araméens sémites ; les autres deviennent des provinces de l’Empire assyrien sous Sargon II, vers 715 av. J.-C. Même après la conquête de l’ensemble de la Syrie par les Assyriens, ils continuent à l’appeler Hatti.

5   PREMIERS TEXTES ET TRADUCTIONS

Les sources d’information les plus importantes sont les textes égyptiens, en particulier ceux de la XIXe dynastie, et certains passages de la Bible. Les plus anciens de ces passages dans lesquels les Hittites sont appelés « fils de Heth « se rapportent à la période de l’Empire hittite. Les passages ultérieurs font allusion aux Syro-Hittites.

En 1906, les archives royales des Hittites eux-mêmes sont mises au jour lors de fouilles à Boğazköy. Ces découvertes jettent le doute sur la majeure partie des évidences égyptiennes. Par exemple, certaines batailles sont décrites comme des victoires hittites, alors que dans les textes égyptiens les mêmes batailles sont rapportées comme des défaites hittites. La découverte de ces archives a été particulièrement importante, car elles ont permis aux épigraphistes de déchiffrer la langue hittite, et d’obtenir des informations sur des aspects inconnus de cette culture : l’organisation politique, les lois, la religion et la littérature. On a distingué trois dialectes principaux dans les archives de Hattusha : le hittite proprement dit, ou nesili ; le louvite, parfois appelé luwien, sans doute plus ancien et fort répandu en Anatolie, et essentiellement utilisé dans les textes religieux ; enfin le palaïte, moins répandu.

La plupart des textes retrouvés dans les archives sont écrits en langue hittite, mais les traités et les documents officiels sont rédigés en assyrien (voir akkadien), la langue internationale de cette époque. D’autres textes sont écrits en langue hourrite du sud-est de l’Anatolie et du nord de la Mésopotamie, une langue agglutinante qui ne se rattache à aucun groupe linguistique connu. Les Hittites ont adopté le système d’écriture cunéiforme provenant des Assyriens et des Babyloniens, mais ils utilisent également un système de hiéroglyphes pour transcrire une langue fort proche du hittite, le néo-louvite. Bien que les hiéroglyphes soient déjà utilisés à l’époque de l’empire, la majeure partie des inscriptions appartiennent à la période ultérieure à sa chute, celle des cités-États. La littérature des Hittites est très développée, comme le montrent les textes et récits historiques.

6   ORGANISATION ET RÉALISATIONS

Le roi hittite est le grand prêtre, le chef de l’armée et le juge principal du pays. Sous l’ancien empire, il est assisté du pankus, un conseil de nobles, qui disparaît par la suite. L’empire est administré par des gouverneurs de province, agissant au nom du souverain. Des territoires situés hors de l’empire sont fréquemment gouvernés comme des royaumes vassaux, et des traités formels se concluent avec leurs souverains.

Les réalisations les plus remarquables de la civilisation hittite concernent les domaines législatif et de l’administration de la justice. Les codes législatifs des Hittites révèlent une forte influence babylonienne, mais leur administration de la justice est plus indulgente que celle des Babyloniens. Les Hittites recourent rarement à la peine de mort ou à la mutilation, qui sont pourtant des caractéristiques des autres civilisations du Proche-Orient antique. Bien plus, la justice hittite est fondée sur le principe de la restitution plutôt que sur celui du châtiment ou de la vengeance. La peine pour un vol, par exemple, est la restitution de l’objet volé et le paiement d’une indemnité complémentaire ; la restitution en nature est progressivement remplacée par un paiement en espèces.

L’économie hittite est fondée sur l’agriculture, les principales cultures étant le blé et l’orge, l’élevage étant celui des bovidés et des moutons. Les Hittites possèdent également d’importantes richesses minérales de cuivre, de plomb, d’argent et de fer. Leurs techniques de travail du métal sont avancées pour l’époque ; il est probable qu’ils aient été le premier peuple de la région à travailler le fer.

7   RELIGION, ART ET ARCHITECTURE

Les Hittites vénèrent de nombreuses divinités locales. L’évocation des « mille dieux de Hatti «, adorés dans toute l’Asie Mineure avant et durant la période hittite, revient sans cesse dans les documents officiels. On a relevé dans le panthéon hittite des influences sumériennes, babyloniennes, assyriennes, hourrites à partir du second Empire hittite, luwiennes et autres.

Le sanctuaire de Yazilikaya (près de Boğazköy) contient, taillée à même la roche, une remarquable série de reliefs représentant deux longues processions de dieux et de déesses s’avançant les uns vers les autres. La plupart des dieux n’ont pu être identifiés, mais à la tête des deux groupes se trouvent les divinités hittites les plus importantes, le dieu de l’Orage (ou dieu du Temps) et la déesse du Soleil. Des fouilles dans le sanctuaire ont révélé un temple construit en face d’une salle, plus petite, qui semble avoir été dédiée au culte d’un souverain défunt.

Comme la religion, la mythologie hittite représente un mélange d’éléments reflétant la diversité des cultes à l’intérieur du royaume. Certains poèmes épiques contiennent des mythes d’origine hourrite mêlée de motifs babyloniens, et évoquant plusieurs générations successives de dieux qui ont gouverné l’univers, et un monstre qui s’est opposé à la souveraineté du dernier roi des dieux. Ils sont proches des mythes grecs contenus dans la Théogonie d’Hésiode et semblent avoir été leurs prototypes. Il se peut qu’ils aient été transmis en Grèce durant la période mycénienne (1400-1200 av. J.-C.). Des textes hittites font état de contacts entre des souverains hittites et ceux du royaume d’Ahhiyawā, que certains savants identifient au pays des Achéens. Que des éléments culturels hittites aient été ou non diffusés au-dehors, bon nombre d’entre eux ont survécu en Anatolie jusqu’à l’arrivée des Romains en Asie Mineure en 190 av. J.-C. Des divinités comme la Déesse Mère (Cybèle) et le dieu de l’Orage (appelé Jupiter Dolichène par les Romains) sont encore vénérées à cette époque.

L’art et l’architecture des Hittites subissent l’influence de presque toutes les cultures contemporaines du Proche-Orient antique, et en particulier de la Babylonie. Quoi qu’il en soit, les Hittites aboutissent à une certaine indépendance stylistique. Les matériaux de construction sont généralement la pierre et la brique, mais ils utilisent également des colonnes en bois. Leurs palais, temples et fortifications massifs ont fréquemment leurs murs, portes et entrées ornés de reliefs stylisés et sculptés de manière recherchée.

Liens utiles