Devoir de Philosophie

Sujet : Le travail est-il ce qui humanise l'Homme ?

Publié le 22/07/2010

Extrait du document

travail

Autrefois, l’Homme vivait dans son état naturel. Ce concept d’ « état de nature « était central dans la philosophie des « philosophes des lumières « qui supposaient que c’était dans cet état que l’Homme vivait à l’origine, soit avant la création de la société. L’Homme vivait alors dans une anarchie naturelle dans laquelle il satisfaisait de son propre chef ces besoins primaires. De ce fait, la notion même de travail n’existait pas à cette époque. Métaphysiquement, le travail est une activité spécifiquement humaine consistant à transformer la nature et, en effet, selon Rousseau : « dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre ; dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes «.  Rousseau ne prend donc pas le parti que le travail fut inévitable contrairement à Aristote qui, partant du fait que l’homme est doué de langage et de raison, pensait que l’homme était un « animal politique « fait par nature pour vivre en société. En tout cas, l’histoire de l’humanité nous a montré que l’Homme était bien fait pour vivre en société puisque depuis l’Antiquité grecque, il n’a jamais régressé jusqu’à son état de nature.  On constate qu’au cours de l’histoire, la conception du travail a beaucoup évolué : en effet, du mépris qu’éprouvaient les grecs face au travail (tripolium : instrument de torture) qui, selon eux, est l’opposition même de la liberté ; au Moyen Age, époque où le travail était considéré comme un instrument de torture et de tourment ; le travail n’a jamais été valorisé. Cette conception change cependant dès le XVIIIe siècle où le travail devient un antidote à l’oisiveté (*1) et à la pauvreté, puis grâce à la révolution industrielle où le travail est glorifié. Quels que soient les divers points de vu qu’on pu avoir les peuples au cours de l’humanité sur le travail, il s’avère qu’il rythme notre quotidien et notre vie depuis longtemps à présent, on peut donc raisonnablement se demander si le travail rend l’homme humain, ou plus précisément, apporte-t-il à l’homme les qualités qui font de lui un être humain. Partant de cette interrogation, nous développerons notre réflexion autour de deux parties, lesquelles présenteront la thèse défendant l’idée que le travail déshumanise l’homme et notre propre thèse.    Nietzsche, philosophe du XIXe siècle, répondrait sans une once d’hésitation non si on lui demandait si le travail est ce qui humanise l’homme. Il dénonce le travail comme étant le moyen qu’à trouver les autorités pour contrer l’individualisme afin de garantir la sécurité : « qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. «. Selon Nietzsche, le travail serait donc l’opposition même du développement de soi puisqu’il consumerait « une extraordinaire quantité de force nerveuse « et la soustrairait « à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine «. Partant du fait que l’homme est un être de passion, doué de raison et de sentiments, Nietzsche considère que le travail tient l’homme occupé par « le dur labeur du matin au soir « l’empêchant ainsi de se focaliser sur les éléments importants auxquelles il lui a été donné de pouvoir penser ou ressentir. Enfin le travail viserait seulement à un « but mesquin « qui assurerait « des satisfactions rapides et régulières « telles que le salaire qui serait à la clé ou bien la reconnaissance que le travailleur pourrait tirer de son labeur par sa communauté. Alors qu’il se tuerait à la tâche, il ne vivrait pas l’expérience d’avoir répondu à certaines questions existentielles sur la vie dont l’homme, « maillon le plus évolué de la chaîne «, peut et doit se poser.  D’une tout autre pensée, se tient Rousseau, rejoignant Nietzsche dans son opinion, tout en lui fournissant d’autres arguments visant à démanteler le travail. . Selon lui, les hommes étaient « libres, sains, bons et heureux « avant l’apparition du travail qui a, par la suite, apporté « l’esclavage et la misère «.  Le travail aurait donc mené l’homme à la jalousie de son voisin et des biens qu’il détenait en créant la propriété privée, faisant ainsi naître des pulsions malsaines auxquelles il n’était pas confronté du temps où il menait une vie simple, jouissant « des douceurs d’un commerce indépendant «.  L’inégalité entre les hommes serait donc apparue à cause de cette nécessité à travailler qui conduirait à s’enrichir : « qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire «.  L’esclavage est certainement son principal argument puisque les hommes n’auraient sans aucun doute jamais imposé à d’autres hommes ce pour quoi l’esclavage est né si le travail n’avait pas existé. Ce besoin de contrôler la nature chez certains a fait naître l’esclavagisme, l’exemple par excellence étant évidemment la découverte du « nouveau monde « et ce désir de maîtriser et tirer le plus de profit de ce nouveau territoire si vaste.    Bien que l’esclavage soit un fait historique et prouve indéniablement que le travail a pu mener l’homme à la misère, Hegel explique dans son œuvre la Phénoménologie de l’esprit plus précisément dans son chapitre la dialectique du maître et de l’esclave qu’un renversement de la relation maître à esclave est inévitable puisque le maître est considérablement dépendant du travail de l’esclave. En effet, le maître à l’illusion de la domination sur l’esclave alors que c’est l’esclave qui a du pouvoir puisque c’est lui qui grâce à son travail a une influence sur les êtres et les choses : « Dans le moment qui correspond au désir dans la conscience du maître, ce qui paraît échoir à la conscience servante, c'est le côté du rapport inessentiel à la chose, puisque la chose dans ce rapport maintient son indépendance. «. Le maître n’est donc pas libre : « C’est un homme libre, personne ne le sert « (Camus).  Selon Hegel, l’homme est tout d’abord un être de désir, dont le but ultime est celui de la reconnaissance : « Tout désir est désir du désir de l’autre «. De ce fait c’est par son travail que l’homme est reconnu et qu’il va enfin pouvoir exister. Par conséquent, outre l’apport financier que le travail peut apporter, lequel apport mènerait à une indépendance ; c’est par la reconnaissance de son travail par l’autre, que l’homme va arriver à une liberté complète.  Enfin, il serait illogique de mener une réflexion sur le travail sans aborder Marx qui de plus a été fortement influencé par Hegel.  Pour sa part, Marx est d’avis qu’en façonnant le monde des objets, l’homme devient un être générique : « cette production est sa vie générique créatrice «. C’est par le biais de son œuvre que le travailleur se réalise : « sa façon à lui de manifester sa vie « ; pas seulement en tant qu’individu, mais aussi en tant que membre conscient de l’espèce humaine. Le travailleur contribue alors au développement de sa communauté et se distingue ainsi de l’animal.    Pour ma part, je conclurais en disant que toutes les opinions et arguments exposés dans cette dissertation ont une part de vérité. C’est bien pour cette raison qu’on aurait tort de ne pas en tenir compte ; cependant on ne peut pas dire que le travail, de nos jours, déshumanise l’homme car dans notre société le travail donne un statut, une importance ; il permet de se socialiser et ainsi d’échanger. Mais bien plus que ça, il me semble juste de penser que lorsque le travail est une vocation il permet d’évoluer et de se réaliser. Lorsque le métier que l’on exerce est une vocation, il ne peut pas nous brider comme le dit si bien Nietzsche mais au contraire le travail nous donne alors l’occasion tantôt de raisonner, tantôt d’être en proie aux passions car notre travail est alors notre passion.  Cependant il est important de remarquer la perspicacité en ce qui concerne le ressentit de Marx sur le travail, je parle bien sûr de l’aliénation. Cette aliénation est très bien représentée dans cette citation : «  La nature aliénée du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu’il n’existe pas de contrainte physique ou autre, on fuit le travail « ; dans ce cas, le travail est alors : « sacrifice de soi, mortification « en d’autre terme, déshumanisation. Selon Marx, le fait que la production créatrice de l’ouvrier lui soit retirée fait devenir l’homme animal ; lorsque son travail ne lui appartient pas, « l’ouvrier ne s’appartient pas à lui-même, mais à un autre. «.

Liens utiles