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TEXTE: LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IV, Du vide ; et d'où vient que nos sens n'aperçoivent pas certains corps. DESCARTES

Publié le 22/02/2012

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descartes
Touchant quoi je désire, premièrement, que vous remarquiez que tous les corps, tant durs que liquides, sont faits d'une même matière, et qu'il est impossible de concevoir que les parties de cette matière composent jamais un corps plus solide, ni qui occupe moins d'espace qu'elles font lorsque chacune d'elles est touchée de tous côtés par les autres qui l'environnent ; Et même si vous considérez sur ce sujet quelques-unes des expériences dont les philosophes ont accoutumé de se servir, pour montrer qu'il n'y a point de vide en la nature, vous connaîtrez aisément que tous ces espaces que le peuple estime vides, et où nous ne sentons que de l'air, sont du moins aussi remplis, et remplis de la même matière, que ceux où nous sentons les autres corps. j'aurais peur que mon Discours ne devînt trop long, si j'entreprenais d'expliquer ce qui en est, et les expériences dont j'ai parlé ne sont point suffisantes pour le prouver, quoiqu'elles le soient assez pour persuader que les espaces où nous ne sentons rien sont remplis de la même matière et contiennent autant pour le moins de cette matière que ceux qui sont occupés par les corps que nous sentons. En sorte que lorsqu'un vase par exemple est plein d'or ou de plomb, il ne contient pas pour cela plus de matière que lorsque nous pensons qu'il soit vide ; car il est certain que nous ne saurions sentir aucun corps s'il n'est cause de quelque changement dans les organes de nos sens, c'est-à-dire s'il ne remue en quelque façon les petites parties de la matière dont ces organes sont composés. Mais pour ceux qui nous touchent continuellement, s'ils ont jamais eu la puissance de produire quelque changement en nos sens et de remuer quelques parties de leur matière, ils ont dû, à force de les remuer, les séparer entièrement des autres dès le commencement de notre vie, et ainsi ils n'y peuvent avoir laissé que celles qui résistent tout à fait à leur action et par le moyen desquelles ils ne peuvent en aucune façon être sentis.

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