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Le bonheur est-il chimérique ?

Publié le 24/06/2009

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• Le problème, tel que Pascal le pose, est le suivant : « Guerre intestine de l'homme entre la raison et les passions. S'il n'avait que la raison sans passions... S'il n'avait que les passions sans raison... Mais ayant l'un et l'autre, il ne peut être sans guerre, ne pouvant avoir la paix avec l'un qu'ayant la guerre avec l'autre : ainsi il est toujours divisé, et contraire à lui-même. « (Pensées). • La quête perpétuelle du bonheur ne tient qu'à ce fait : l'homme est doué de raison, mais il subit ses passions, ses désirs, ses instincts. S'il était comme l'animal, il n'aurait pas à se préoccuper du bonheur ; la vie le conduisant à faire ce qu'il a à faire sans qu'il y pense. C'est parce qu'il pense, qu'il est conscient d'être animé par des forces vitales qui le dépassent, que l'homme cherche sans cesse à concilier raison et passion afin d'atteindre au bonheur.

« aux trois autres sources ordinaires du bien : « Je résolus, dis-je, enfin : au premier regard, en effet, il semblaitinconsidéré, pour une chose encore incertaine, d'en vouloir perdre une certaine ; je voyais bien quels avantages setirent de l'honneur et de la richesse, et qu'il me faudrait en abandonner la poursuite, si je voulais m'appliquersérieusement à quelque entreprise nouvelle : en cas que la félicité suprême y fût contenue, je devais donc renoncerà la posséder ; en cas au contraire qu'elle n'y fût pas contenue, un attachement exclusif à ces avantages me lafaisait perdre également.

Mon âme s'inquiétait donc de savoir s'il était possible par rencontre d'instituer une vienouvelle, ou du moins d'acquérir une certitude touchant cette institution, sans changer l'ordre ancien ni la conduiteordinaire de ma vie.

Je le tentai souvent en vain.

Les occurrences les plus fréquentes dans la vie, celles que leshommes, ainsi qu'il ressort de toutes leurs oeuvres, prisent comme étant le souverain bien, se ramènent en effet àtrois objets : richesse, honneur, plaisir des sens ». c) C'est bien le doute que décrit ici Spinoza .

On peut alors comprendre l'ensemble de cet extrait comme le chemin de pensée qu'il a dû emprunter afin de se réformer en vue de trouver le Souverain bien.

Cependant, comme il le noteil ne s'agit là que d'un « premier regard » ce qui suppose de devoir passer au-delà de ce premier obstacle, de cepremier doute afin d'atteindre ce bien.

On peut remarquer alors que ce bien ne se donne pas de lui-même facilementmais nécessité un cheminement de la pensée, une conversion du regard ce qui reprend le topos de l'épochèphilosophique.

Or comme il l'a noté dans le premier article, le Souverain bien impliquerait dans sa quête ledétournement des honneurs et de la richesse qui sont pourtant des objets de satisfaction pour tous les hommes.

Eneffet, si le Souverain bien est cause unique du bonheur cela signifie qu'il faut alors se détourner des sources desatisfaction habituelles dans la mesure où elles ne sont pas le bien véritable.

Il faudrait donc y renoncer afin de seconsacrer pleinement à la recherche du Souverain bien.

Dès lors le Souverain bien se définit aussi par la peine et letravail exclusif qu'il demande.

Cependant, ne connaissant pas à l'avance ce qu'est le Souverain bien, rien n'indiqueque la richesse ou les honneurs ne fassent pas partis de ce bonheur suprême en tant que partie d'un tout qui lessubsument.

En ce sens, en ce détournant de la recherche de l'honneur et des richesses on se détournerait alorsnécessaire de l'accession au Souverain.

Mais si l'on continue à les rechercher et qu'ils ne sont des parties duSouverain bien alors par voie de conséquence on échouerait nécessairement à l'obtention de ce dernier.

Et c'estbien tout le dilemme que pose cette recherche du bonheur justement. Transition : Ainsi la recherche du bonheur n'est pas aisée et semble particulièrement difficile.

Il n'en reste pas moins cependantque face à cette difficulté, on peut véritablement être tenté de parler de chimère à propos du bonheur. II – La chimère a) Le problème vient donc bien du fait que nous ne savons pas ce qui pourrait être notre bonheur.

Or force est deconstater que le bonheur semble la plupart du temps difficile à acquérir et ne semble promis que dans un au-delà oud'une autre vie.

C'est bien ce que l'on peut voir avec Kant dans sa Didactique anthropologique , § 61 : « Mais qu'en est-il de la satisfaction ( acquiescentia ) pendant la vie ? - Elle n'est pas accessible à l'homme : ni dans un sens moral (être satisfait de soi-même pour sa bonne volonté) ni dans un sens pragmatique (être satisfait du bien-êtrequ'on pense pouvoir se procurer par l'habileté et l'intelligence).

La nature a placé en l'homme, comme stimulant del'activité, la douleur à laquelle il ne peut se soustraire afin que le progrès s'accomplisse toujours vers le mieux ; etmême à l'instant suprême, on ne peut se dire satisfait de la dernière partie de sa vie que d'une manière relative (enpartie par comparaison avec le lot des autres, en partie par comparaison avec nous-mêmes) ; mais on ne l'estjamais purement ni absolument ». b) En somme, le bonheur semble véritablement impossible à acquérir.

En ce sens, on peut dire véritablement que lebonheur est une chimère en tant qu'il n'existe pas et ne peut pas par conséquent être trouvé.

Et c'est bien ce quemet en exergue Kant dans la suite de sa Didactique anthropologique : « Dans la vie, être satisfait (absolument), ce serait, hors de toute activité, le repos et l'inertie des mobiles ou l'engourdissement des sensations et de l'activitéqui leur est liée.

Un tel état est tout aussi incompatible avec la vie intellectuelle de l'homme que l'immobilité du cœurdans un organisme animal, immobilité à laquelle, si ne survient aucune nouvelle excitation (par la douleur), la mortfait suite inévitablement ».

La satisfaction pleine est entière, pourtant condition du bonheur, n'est pas possible dansle monde humain en tant que tel. c) C'est pourquoi Kant définit le bonheur comme « un idéal de l'imagination » dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs .

C'est-à-dire qu'il est le produit non de la raison mais bien d'une puissance soumise à la violence et au jeu des passions.

Le bonheur, n'étant pas un principe de la raison, ne peut pas découler d'un principe a priori etconnaissable.

En effet, il est l'ensemble de toutes les fins de l'homme possibles par la nature.

Le bonheur estpleinement subjectif, empirique et contingent d'où l'impossibilité de l'établir sur lui une connaissance a priori c'est-à-dire une connaissance qui aurait valeur de loi et une valeur scientifique.

Pourtant, nous recherchons à être heureux.Cette fin est réelle naturelle et légitime pour l'homme en tant qu'être fini raisonnable, c'est-à-dire sensible.

Le. »

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