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Descartes a-t-il eu raison de dire que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ?

Publié le 23/07/2004

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descartes

Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent. «             DESCARTES.       C'est par cet énoncé fracassant que Descartes ouvre le « Discours de la méthode, pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences «. Ce texte est le premier livre de philosophie en langue vulgaire, cad en français. Ecrire en français un ouvrage de philosophie et de science, que « même les femmes pourraient comprendre «, manifeste une volonté de démocratisation du savoir ; c'est vouloir que le plus grand nombre de lecteurs possible soit touché par la véritable révolution qu'il prépare. Nous oublions souvent que le « Discours « n'est qu'une petite préface à trois gros essais scientifiques qui intéressaient les contemporains beaucoup plus que le « Discours «. Cet ouvrage paraît en 1637, à peine quatre ans après le procès de Galilée. Galilée fut traduit devant un tribunal de l'Inquisition pour avoir confirmé l'hypothèse de Copernic selon laquelle « ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais la Terre qui tourne autour du Soleil, et sur elle-même «. Or, cette révolution scientifique, qui signe une révolution dans la façon de voir le monde et d'y définir la place de l'homme.

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« avoir plus de mémoire, personne ne désire avoir plus de raison.

C'est notre orgueil qui fournit la preuve. En fait, ce qui intéresse Descartes , n'est pas cette égalité de la raison.

Ce thème est déjà à l'époque un lieu commun.

Ce n'est pas avec cette thèse que commence le cartésianisme, mais avec le problème suivant : « La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres » ; ou encore, si la raison est égale en chacun, comment se fait-il que « autant de têtes autant d'avis », que certains se trompent et d'autres pas ? La vraie question est là, la véritable thèse de Descartes suit : « Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. » L'essentiel réside donc dans la méthode.

« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pas s'égarer.

Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes que certains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.

Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas se perdre.

Pour un savant ou un philosophe qui,comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition, rien ne saurait être plus important que de ne pass'égarer dans les terres inconnues à découvrir. Aussi trouve-t-on chez Descartes une magnifique définition de la méthode : « Par méthode, j'entends des règles certaines etfaciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observentexactement ne supposeront jamais vrai ce qui estfaux, et parviendront sans se fatiguer en effortsinutiles, mais en accroissant progressivement leurscience, à la connaissance vraie de tout ce qu'ilspeuvent atteindre.

» « Règles pour la direction de l'esprit » (IV). La méthode garantit donc : q La certitude (l'élimination de l'erreur) ; q La facilité et l'économie d'efforts ; q La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ; q La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peut humainement savoir. Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets de connaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.

La première partie du « Discours » en fournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle.

Descartes y expose ce qui l'a poussé à sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation.

Bon élève dans unexcellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose, quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».

Le doute s'immisce dans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.

Il cherchait, et l'éducation lui promettait« la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie », mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, en tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvertde plus en plus mon ignorance ». L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et la méthode qui y conduit.

Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système de pensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d' Aristote repensé par le christianisme.

Le cartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de la raison.

En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne. V.- On peut trouver avec Claude Bernard que Descartes attribue une importance exagérée à la méthode.

Elle nesuffit pas pour faire des découvertes; il y faut un certain génie inventif, et le génie est chose individuelle.. »

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